La candidate des Républicains et celui du parti Reconquête s’affrontaient pendant plus d’une heure, ce jeudi soir, dans une joute télévisée très attendue par les deux camps
Valérie Pécresse et Eric Zemmour s’affrontaient ce jeudi lors d’un débat télévisé diffusé sur TF1 et LCI. En difficulté dans les sondages, la candidate des Républicains et celui du parti Reconquête jouaient gros dans ce duel télévisé.
C’était l’un des moments les plus attendus de cette campagne présidentielle 2022. Valérie Pécresse et Eric Zemmour se sont affrontés ce jeudi soir lors d’un débat d’une heure et demie, diffusé sur TF1 et LCI. Au coude à coude dans les sondages, la candidate des Républicains et son rival du parti Reconquête ont livré leurs propositions concernant la guerre en Ukraine, l’immigration ou encore les réformes économiques. Mais les échanges ont souvent viré au pugilat, entre brouhaha et coups sous la ceinture. Vous n’avez pas pu suivre l’émission ? On vous en fait un petit résumé.
Pécresse et Zemmour se disputent le général de Gaulle
Valérie Pécresse n’a pas attendu longtemps pour lancer les hostilités. La candidate LR a d’emblée fustigé la position de son rival sur le conflit entre la Russie et l’Ukraine. « Je crois que, dans les guerres, se révèlent à la fois les caractères et les valeurs ». Se revendiquant de « l’esprit gaulliste », elle a pointé « l’esprit munichois » d’Eric Zemmour. « Quand on est sous influence de Poutine, on ne peut pas se dire patriote, c’est pour ça que vous vous êtes décrédibilisés pour présider la France », a-t-elle lancé.
« La tradition gaulliste, c’est justement le rapprochement avec la Russie, a répliqué le candidat de Reconquête, citant en exemple la légion d’honneur remise par Jacques Chirac au dirigeant russe. Quand vous dites que vous êtes pour un pilier européen de la défense dans le cadre de l’OTAN, vous êtes exactement pour le contraire de ce contre quoi a lutté le général de Gaulle toute sa vie. Encore une fois, vous n’êtes qu’une gaulliste de pacotille. »
Foire d’empoigne sur l’immigration
Après un débat sur l’accueil des réfugiés ukrainiens, Eric Zemmour a ciblé son interlocutrice. « A chaque fois qu’il y aura une guerre, vous accueillerez les victimes de cette guerre, d’où qu’ils viennent ? Quand il y aura la guerre en Syrie, vous accueillerez un million de Syriens, quand il y aura la guerre au Mali, vous accueillerez un million de Maliens, il faut dire la vérité aux Français. »
L’ancienne ministre du Budget a, elle, fustigé la proposition « d’immigration zéro » de son adversaire du soir. « Avec votre politique, il n’y a plus de chercheurs étrangers, plus d’étudiants étrangers, plus d’aides soignantes et de médecins étrangers. L’immigration zéro personne ne l’a faite et personne ne la fera jamais, vous serez un président impuissant car vous êtes un idéologue », a-t-elle avancé, défendant sa politique de quotas. « C’est l’embrouille suprême, a réagi Eric Zemmour, car les patrons veulent une main-d’œuvre pas chère. Non seulement vous n’arrêtez pas l’immigration légale mais en plus vous allez nous rajouter des immigrés de travail. Tout ça, c’est du baratin. Tout est bidon chez vous dans la lutte contre l’immigration. »
Boules puantes sur l’islamisme
Déjà très rude, le débat s’est ensuite transformé en un long brouhaha sur la question de l’islamisme. « Eric Zemmour dit islamisme et islam, c’est la même chose, pas pour moi », a commencé la candidate LR, en défendant son bilan en la matière dans sa région d’Ile-de-France. L’ex polémiste a alors accusé la présidente francilienne et certains de ses soutiens d’accointance avec les milieux islamistes. « Ça vous embête ce que je dis car je dévoile votre double jeu aux Français », a-t-il dit, déclenchant la colère de Valérie Pécresse.
« Monsieur Zemmour dit n’importe quoi ! Toutes vos fake news sont en train d’être détoxées sur les réseaux sociaux ! », a-t-elle pesté, reprochant à Eric Zemmour la présence de « négationnistes » dans son entourage et son « amitié » avec Tariq Ramadan. « Moi, pendant que vous vous planquiez, je combattais Tariq Ramadam à la télévision », s’est défendu le candidat identitaire.
« Nous ne sommes pas dans une cour de récréation »
Les échanges n’ont guère été de meilleures tenues sur les réformes économiques. « Eric Zemmour n’a aucun courage, il ne mènera aucune suppression de postes de fonctionnaires, aucune réforme de chômage ou du RSA », a tancé Valérie Pécresse, rappelant son projet de supprimer 200.000 postes de fonctionnaires. « On ne peut pas faire des suppressions de postes au doigt mouillé, tout ça c’est du baratin, des promesses à gogo », a balayé son interlocuteur, défendant sa retraite à 64 ans et « des économies sur la suppression des prestations sociales aux étrangers ». Le ton n’est pas redescendu pendant cette séquence, obligeant la journaliste Ruth Elkrief à jouer les arbitres. « Nous ne sommes pas dans une cour de récréation ». Après ce débat âpre et confus, difficile de dire quel candidat pourrait en tirer bénéfice. Peut-être bien ceux qui n’y ont pas participé.