Guerre en Ukraine: maires enlevés et faux référendum, Poutine avance sur le terrain politique

En enlevant les maires de Dniproroudné et de Melitopol, Vladimir Poutine fait un pas de plus afin de faire mettre l’Ukraine sous sa coupe.

A Kherson, ville prise par l’armée début mars, les Russes veulent mettre en place un référendum pour créer une république indépendante.

 Vladimir Poutine avance (doucement) vers Kiev deux semaines après le début de l’invasion de l’Ukraine. Mais il commence aussi à investir le terrain politique pour mettre le pays sous sa coupe, en témoignent les enlèvements de maires de ces derniers jours.

Ce dimanche 13 mars, l’édile de Dniproroudné, Evguen Matveïev, a été kidnappé par des soldats russes. “Aujourd’hui, le 13 mars, à 8h30, l’armée de la Fédération de Russie a capturé le maire de la ville de Dniproroudné”, a écrit sur Telegram Olexandre Staroukh, le gouverneur de la région de Zaporojie. La ville est située dans le sud du pays, comme vous pouvez le voir dans notre carte ci-dessous (utilisez votre molette pour agrandir).

Deux jours plus tôt, vendredi 11 mars, le maire de Melitopol Ivan Fedorov, a aussi été enlevé par des Russes qui occupent cette ville située à mi-chemin entre Marioupol et Kherson, et à environ 80 km au sud de Dniproroudné. La raison: il “refusait de coopérer avec l’ennemi”, selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky, lui aussi dans le viseur de Moscou.

“C’est un crime contre la démocratie”, dénonce Zelensky
Peu avant sa disparition, Ivan Fedorov déclarait à la BBC qu’il n’avait absolument pas l’intention de coopérer avec les Russes. Ces derniers auraient pu croire que leur arrivée serait être vue comme une libération pour les habitants de cette ville majoritairement russophile. Raté. “Ils n’ont pas essayé de nous aider, ils ne peuvent pas nous aider, et nous ne voulons pas de leur aide”, insistait Ivan Fedorov.

Selon la parlementaire ukrainienne Mariia Ionova, le maire serait actuellement torturé et “forcé de rompre son allégeance au peuple ukrainien pour rejoindre l’envahisseur, ou de démissionner”. “Aidez-nous à le libérer!”, appelle-t-elle sur Twitter. Comme le montre une vidéo postée par une journaliste de la BBC en Ukraine, des dizaines de manifestants se sont rassemblés samedi pour demander sa libération.

“La capture du maire de Melitopol est (…) un crime contre la démocratie (…). Les actes des envahisseurs russes seront assimilés à ceux des terroristes de l’Etat islamique”, s’est pour sa part indigné le président ukrainien. ”(Les Russes) sont passés à un nouveau stade de terreur dans lequel ils essaient d’éliminer physiquement les représentants des autorités ukrainiennes locales légitimes”, a-t-il dénoncé.

Condamnations internationales

Les dirigeants européens ont aussi condamné l’enlèvement des deux maires. “L’UE condamne fermement l’enlèvement des maires de Melitopol et de Dniproroudné par les forces armées russes. Il s’agit d’une nouvelle attaque contre les institutions démocratiques en Ukraine et d’une tentative d’établir des structures gouvernementales alternatives illégitimes dans un pays souverain”, a dénoncé le chef de la diplomatie de l’UE Josep Borrell sur Twitter.

Le président du Conseil européen Charles Michel a lui aussi condamné “dans les termes les plus forts le bombardement aveugle par la Russie de civils en Ukraine ainsi que l’enlèvement par la Russie des maires de Melitopol et Dniproroudné et d’autres Ukrainiens”.

“Ces enlèvements et autres pressions sur les autorités locales ukrainiennes constituent une autre violation flagrante du droit international”, a ajouté le président du Conseil européen, représentant les Vingt-Sept. “L’agression militaire et politique de la Russie contre l’Ukraine doit cesser”.

Entre-temps, Galina Danilchenko, une ancienne membre pro-russe du conseil municipal de la ville, aurait été nommée nouvelle maire de Melitopol par Moscou, rapportent plusieurs médias tels que Deutsche Welle et Sky News. Dans une adresse à ses administrés, elle a appelé la ville à “s’adapter à la nouvelle réalité” et à arrêter “de commettre des actes extrémistes”.

Un référendum pour une république indépendante à Kherson

Et la Russie ne s’arrête pas là. D’après plusieurs responsables ukrainiens, elle veut mettre en place un référendum pour créer une république indépendante à Kherson, ville proche de la Crimée et première grande ville dont se sont emparées les forces russes après leur invasion de l’Ukraine lancée le 24 février. 

“Après le scénario de 2014, les Russes essaient désespérément d’organiser un faux ‘référendum’ pour une fausse ‘république du peuple’ à Kherson”, a écrit sur Twitter le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba.

Il fait référence au référendum organisé en Crimée en 2014 après l’annexion de la péninsule par la Russie, considéré comme illégal par Kiev et les Occidentaux.

“Compte-tenu du fait qu’il n’y a aucun soutien populaire, cela sera entièrement mis en scène”, a-t-il pronostiqué, appelant à infliger de “sévères sanctions” contre la Russie si cela était le cas. “Kherson est et sera toujours en Ukraine”.

huffingpost

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