Il y a une semaine, l’attaque par les forces russes de la centrale nucléaire de Zaporojie, en Ukraine, faisait trembler l’Europe entière. Les autorités se montraient rassurantes. Même si l’International Atomic Energy Agency (IAEA) reconnaissait une situation « tendue ». Aujourd’hui, des images laissent supposer que nous avons réellement frôlé la catastrophe !
Quelques heures seulement après l’attaque des forces russes sur la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporojie, les autorités s’étaient voulues rassurantes. L’International Atomic Energy Agency (IAEA) — un organisme de surveillance placé sous l’égide de l’Organisation des Nations unies (ONU) — assurait qu’aucun équipement « essentiel » n’avait été touché et qu’aucune hausse du niveau de radioactivité n’avait été détectée.
L’histoire que nous raconte aujourd’hui la National Public Radio américaine est pourtant celle d’une attaque qui aurait bien pu tourner à la catastrophe nucléaire. Une histoire basée sur des photos et une vidéo enregistrée par une caméra de sécurité.
That's slightly different from the official narrative that firefighters arrived and immediately extinguished the blaze. It seems more likely they came back a few hours later in the morning (Source: Energatom Telegram). pic.twitter.com/GSoE7O68oH
— Geoff Brumfiel (@gbrumfiel) March 11, 2022
Des images de l’attaque russe
Des images montrent d’abord comment, en pleine nuit, une colonne russe a commencé à se diriger vers la centrale nucléaire de Zaporojie. Une dizaine de véhicules blindés et deux chars. Beaucoup trop pour une simple mission de reconnaissance. Quand les tirs ont commencé, ils visaient essentiellement le centre de formation et le bâtiment administratif principal du site.
Mais la vidéo montre aussi que les forces russes ont tiré à plusieurs reprises à l’arme lourde en direction des bâtiments qui abritent les réacteurs de la centrale nucléaire. En réponse à des tirs ukrainiens ? Ou simplement avec la volonté de frapper des zones sensibles de la centrale ? La question demeure.
Pourtant une chose est certaine aujourd’hui, c’est que d’autres endroits que le centre de formation et le bâtiment administratif ont été visés et touchés. La vidéo montre que le bâtiment du réacteur numéro 1 a subi des dommages tout comme le transformateur du réacteur numéro 6 et la plateforme de combustible usé. L’autorité de régulation nucléaire ukrainienne le confirme. Et l’IAEA confirme aussi que deux des quatre lignes à haute tension — des lignes essentielles à la sécurité de l’installation — situées à l’extérieur de la centrale ont été touchées.
Les images montrent aussi comment les forces russes ont d’abord fermé aux pompiers l’accès au site. Alors même qu’un incendie s’était déclenché dans le bâtiment de formation.
Energoatom publishes a video of the consequences of the storming of the Zaporozhye nuclear power plant.
“Transition overpass from the special building to the units of the Zaporizhzhya NPP. Controlled zone. Opposite power unit No. 3. #UkraineRussianWar #UkraineUnderAttaсk pic.twitter.com/MrCRipllZB
— Defcon Family (@Defcon_discuss) March 4, 2022
Les inquiétudes demeurent
Sur les images filmées plus tard par Energoatom, l’opérateur ukrainien du site, on découvre des dommages causés par l’attaque du côté du réacteur numéro 2. Ce qui ressemble à un obus d’artillerie russe sur une passerelle. Et des trous dans le plafond de cette passerelle ainsi que des dommages sur les poutres en acier qui soutiennent le toit. Le tout vraisemblablement à moins de 100 mètres du réacteur en question.
Mais ce n’est presque pas le plus grave. Car en réalité, selon les observateurs, le vrai problème viendrait du fait que cette passerelle longe un bâtiment dans lequel sont stockés les déchets radioactifs de la centrale. Un bâtiment bien moins protégé contre les attaques que les réacteurs en eux-mêmes.
En conclusion, les experts semblent noter que si l’intégrité physique des réacteurs nucléaires de la centrale de Zaporojie n’a effectivement pas été mise en danger, les systèmes nécessaires à assurer la sécurité du site ont bien été exposés. Si davantage de ces systèmes avaient été endommagés sans que les ingénieurs n’aient accès aux systèmes de secours d’urgence, une catastrophe aurait bel et bien pu se produire. Un accident nucléaire semblable à celui survenu à Fukushima en 2011.
Les autorités ukrainiennes s’inquiètent désormais du manque de pièces pour réparer les zones endommagées. Mais aussi de la forte pression psychologique que subissent les équipes en place.
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