De nombreux Européens vivent toujours en Russie, même en ces temps troublés. France info partage ce mardi le témoignage de deux Français installés depuis longtemps à Moscou et qui n’ont aucunement l’intention de quitter le pays. Un point de vue de l’intérieur, qui contraste nettement avec l’opinion majoritaire à l’extérieur.
“Dans l’esprit des Russes, il ne faut pas oublier que Vladimir Poutine incarne le leader qui a remis le pays sur les rails”, soit après l’effondrement de l’URSS, les années Eltsine et les crises politiques et économiques à répétition, confie à France info Aurélien (nom d’emprunt), un Français installé à Moscou depuis 20 ans. “Même si aujourd’hui, Poutine est un homme fatigué, qui commence à montrer des signes de faiblesse, et qu’il devient un dictateur plus précisément qu’il ne l’était au début, il garde une certaine cote de popularité”, ajoute-t-il.
Pas “tout blanc ou tout noir”
Pour Alexis Saporta, installé à Moscou depuis six ans et propriétaire de deux sociétés dans la capitale russe, le constat est également plus nuancé qu’à l’Ouest: “La Russie est très mal comprise en Europe. Ce qui me gêne, c’est ce manichéisme: c’est tout blanc ou tout noir, alors qu’en réalité ce n’est pas le cas », commente-t-il. Il admet, malgré tout, “éviter le sujet” car les Russes ont “un profond respect pour leur pays”.
Sanctions contre-productives?
Les sanctions économiques et la “russophobie” organisée risquent de produire l’effet “inverse”, redoute Aurélien. Elles ne vont certainement pas donner envie aux Russes de renverser Poutine mais plutôt les encourager à croire que les Européens “se moquent” d’eux et les “empêchent de faire des trucs complètement absurdes”, analyse-t-il. Selon lui, si les entreprises étrangères quittent le pays, les Russes feront sans, tout simplement, et se débrouilleront bien pour faire repartir l’économie.
Total, Auchan, Décathlon…
Parmi les principales entreprises françaises qui ont décidé de maintenir leurs activités en Russie, le groupe Mulliez (Auchan, Décathlon, Leroy-Merlin), qui représente 77.500 salariés, et le groupe TotalEnergies, accusé de “complicité de crime de guerre” par Yannick Jadot, candidat à l’élection présidentielle. “De telles accusations sont graves et infondées”, a réagi la multinationale: “TotalEnergies conduit ses opérations d’achat de gaz en Russie pour le revendre, notamment en Europe, dans le strict respect de la politique de l’Union européenne et des mesures de sanctions européennes applicables”, confiait un porte-parole à France inter ce lundi.
Et les entreprises belges?
La plupart des entreprises belges, 250 environ, refusent aussi de quitter les pays, rapportait L’Écho ce 19 mars. Elles n’entendent “pas abandonner leurs collaborateurs et leurs clients russes”. Élément non négligeable, des milliards d’euros de chiffre d’affaires sont également en jeu…
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