Le Sénégal reçoit mardi l’Égypte pour le match retour des barrages africains du Mondial-2022. À sa disposition, le flambant neuf stade Abdoulaye-Wade, enceinte ultramoderne qui revendique le titre de « plus beau stade d’Afrique ».
« Je n’ai pas peur de le dire. Ce n’est pas le plus beau stade d’Afrique de l’Ouest. C’est le plus beau d’Afrique tout simplement. » À la veille du tout premier match officiel de l’histoire du stade Abdoulaye-Wade de Diamniadio, au Sénégal, l’heure est à la satisfaction pour Djibril Diop, l’un des ingénieurs qui ont contribué à ériger le bâtiment. Avec cette enceinte ultramoderne aux couleurs des Lions de la Teranga, les champions d’Afrique 2022 ont un stade à leur mesure au moment de recevoir, mardi 28 mars, l’Égypte, pour le match retour des barrages du Mondial au Qatar, un nouveau remake de la finale de Coupe d’Afrique.
En raison du résultat au match aller – une défaite 1 à 0 au Caire, la victoire est impérative pour la bande de Sadio Mané. Elle pourra compter sur l’appui de son public. Le stade, d’une capacité maximale de 50 000 places, devrait être « rempli à ras bord », selon les mots de Djibril Diop.
« À la base, il y a le livre de la Fifa, la bible des exigences lorsqu’on veut construire un stade aux normes. Ensuite, on a beaucoup visité et analysé ce qui se fait ailleurs : le Stade de France, le Groupama Stadium [de Lyon], le Tottenham Hotspur stadium, Wembley… Et ensuite, on a adapté cela à nos réalités et notre culture », explique à France 24 cet ingénieur de 32 ans.
Le résultat ? Un stade à l’anglaise, c’est-à-dire sans piste d’athlétisme autour, une rareté en Afrique. Les gradins sont teintés de rouge, d’orange et de jaune. Au milieu de la tribune principale, le « douzième gaïndé » est écrit en lettres vertes. Un hommage à l’emblématique groupe de supporters qui accompagne les Lions de la Teranga sur tous les terrains, comme lors de la CAN victorieuse au Cameroun. L’enceinte possède également tout le nécessaire pour la VAR [assistance vidéo à l’arbitrage] et la technologie « goal-line ».
Dans les vestiaires : une salle d’échauffement, une autre de massage avec une balnéothérapie. Chaque joueur dispose de son propre emplacement, coffre-fort personnel inclus, où sa photo sera projetée. Enfin, à côté du tableau tactique classique, le coach Aliou Cissé aura une télévision à sa disposition où il pourra montrer dès la mi-temps les images du match pour ajuster sa tactique. Bref, le comble de la technologie que bien des clubs en Europe envieraient. Petit détail supplémentaire : une salle de prière pour les joueurs les plus pieux, à l’image de sa star Sadio Mané qui ne rate jamais une des cinq prières musulmanes quotidiennes.
Dans la zone mixte, à la sortie des vestiaires, des écrans diffusent des images de matches historiques des Lions de la Teranga. Et pour gagner la pelouse, les joueurs passeront sous une inscription à même de leur donner la chair de poule et les motiver : « En marche vers la victoire ».
L’équipe nationale sénégalaise ne sera pas la première à fouler ce terrain. Le 22 février dernier, le lieu a été inauguré en grande pompe. Outre le président de la Fifa, Gianni Infantino, et celui de la CAF, Patrice Moptsepe, plusieurs chefs d’État étaient présents : le président allemand Frank-Walter Steinmeier, le président turc Recep Tayyip Erdogan, le président rwandais Paul Kagame ou encore le président du Liberia, George Weah. Le match de gala opposait d’anciennes gloires du Sénégal à un onze composé de stars africaines à la retraite.
Une pelouse hybride
À quelques heures du match des éliminatoires, le terrain n’est pas encore tout à fait prêt. Les filets de buts ne sont pas déployés et le jardinier inspecte minutieusement les derniers détails. Cette pelouse constitue également le nec plus ultra des technologies actuelles. Il s’agit d’un modèle hybride combinant le meilleur des pelouses naturelles avec les avantages du synthétique.
« On a un tapis artificiel de fibres synthétiques qui constitue la couche de base et l’herbe naturelle pousse dans les interstices. On peut sans problème avoir 800 heures de pratique sur cette pelouse. De plus, elle est facile à entretenir », explique Djibril Diop, en se penchant sur l’herbe plus verte que nature.
Le stade possède aussi sa propre centrale solaire. Une prouesse permise par les 5 082 panneaux de 450 watts chacun installés à côté de l’édifice. « En journée, c’est simple. On est autonome, explique Mouhamadou Ndgongo, un des ingénieurs du projet. La technologie solaire n’est pas nouvelle en Afrique mais l’intégrer dans un stade ainsi est inédit. Quand il n’y aura pas d’événements, il sera possible d’alimenter les infrastructures autour en électricité. » De manière astucieuse, les panneaux font également de l’ombre aux véhicules sur le parking des officiels.
Le chantier du stade a été confié à l’entreprise turque Summa. Construite en moins de 18 mois, cette nouvelle enceinte aura coûté 134 milliards de francs CFA (soit 245 millions d’euros) au gouvernement sénégalais.
« Ce stade est une fierté pour nous. Il y a eu des transferts de compétences. La technologie a été importée de Turquie mais réalisée par des équipes sénégalaises », poursuit l’ingénieur.
Une modernisation du Sénégal
Ce stade s’inscrit également dans la lignée de grands projets d’infrastructures lancés par le président du Sénégal, Macky Sall, depuis sa première élection en 2012. Au cœur de cette ambition, “la Plateforme du millénaire de Diamnadio” dont le projet remonte à 2014. À une trentaine de kilomètres de Dakar, cette ville nouvelle doit permettre de désengorger Dakar en y exfiltrant un pôle de ministères et d’industries tout en offrant au Sénégal une cité futuriste : éco-responsable, durable, intelligente, connectée… Dans cette lignée, de multiples projets ont déjà vu le jour. Parmi eux, le nouvel aéroport international Blaise Diagne (2017), la Dakar Arena prévue pour accueillir les compétitions de basket (2018) la ligne de TER reliant Dakar à Diamnadio (2021)…
« Diamnadio s’inscrit dans la volonté du président de montrer que le Sénégal est un pays moderne. Il y a une multitude de projets pour permettre au secteur de Diamniadio de devenir un véritable hub sportif africain, s’enthousiasme Djibril Diop. Tout ceci augure de beaux lendemains. »
Il était plus que temps car la sélection nationale ne disposait plus de stade aux normes pour évoluer à domicile dans les rencontres internationales depuis la perte, en mai 2021, de l’autorisation du stade Lat Dior de Thiès.
Reste qu’il y a encore un peu de travail. Si l’enceinte Abdoulaye-Wade est terminée, il n’en est pas de même pour ses alentours. Pour le moment, des bovins regardent les ouvriers travailler, profitant encore du calme, alors que la route pour atteindre les lieux n’a pas encore été asphaltée.
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