Verdict le 6 avril dans le procès des assassins présumés de Thomas Sankara

Quatorze accusés sont poursuivis dans le cadre de ce procès qui a démarré le 25 octobre 2021 devant le tribunal militaire de Ouagadougou.

Dans le box : douze des quatorze accusés dont le général Gilbert Diendéré, 61 ans, un des principaux chefs de l’armée lors du putsch de 1987 qui a abouti à l’assassinat de Thomas Sankara.

Absent cependant, le principal accusé, l’ancien président Blaise Compaoré, réfugié en Côte d’Ivoire depuis qu’il a été chassé par la rue en 2014.

Tous sont poursuivis pour « attentat à la sûreté de l’Etat », « recel de cadavre » et « complicité d’assassinat ». Et leurs avocats ont plaidé non coupables.

Pendant les six mois qu’a duré ce procès, une centaine de témoins ont défilé à la barre pour dire leur part de vérité sur les événements du 15 octobre 1987.

Un soldat, Yamba Elisée Ilboudo, a par exemple raconté que c’est chez Blaise Compaoré que s’est réuni le commando avant que celui-ci parte assassiner Thomas Sankara.

Un complot planifié
Luc Damibam secrétaire général du Comité international du mémorial Thomas Sankara, se dit satisfait du déroulement de ce procès

« Oui, nous sommes satisfaits après 35 ans d’attente de justice, le tribunal a écouté une centaine de témoins et une vingtaine d’avocats de la défense et de la partie civile. Nous avons su qu’un complot a été planifié de longue date, qui a permis à un commando de quitter le domicile de Blaise Compaoré et de se rendre au Conseil de l’entente pour attendre Thomas Sankara et son équipe ».

Des dirigeants africains ont également été mis en cause, notamment l’Ivoirien Félix Houphouët Boigny, présenté par certains témoins comme le cerveau d’un complot contre le chef de la révolution burkinabè.

Blaise Compaoré, le grand absent
Grand absent donc dans le box des accusés : l’ancien président Blaise Compaoré. Une absence que regrette Luc Damiba.

 » C’est regrettable qu’il ne soit pas là, qu’il n’ait pas assumé son histoire, son passé. Les Burkinabè attendaient qu’il vienne dire sa part de vérité et qu’on passe à l’étape de la réconciliation. Il n’est pas venu, on n’a pas sa version des faits. On aurait dû avoir sa vérité. On regrette les absences de Blaise Compaoré et de Hyacinthe Kafando. »

L’adjudant-chef, Hyacinthe Kafando, en fuite depuis 2016, est soupçonné d’avoir dirigé le commando ayant assassiné Thomas Sankara et ses compagnons.

Victoire de la justice
Mais pour le juriste Apollinaire Kyélem, la tenue de ce procès est déjà une victoire pour la justice burkinabè.

« La justice burkinabè est la plus indépendante du continent. Le Conseil supérieur de la magistrature est devenu un organe indépendant des pouvoirs publics. Le verdict sera conforme au droit et non à des aléas politiques. »

Le parquet militaire a requis début février, 30 ans de prison ferme à l’encontre des différents prévenus et 20 ans contre le général Gilbert Diendéré.

Verdict donc le 6 avril prochain, dans ce procès qui restera sans doute, comme le plus retentissant de l’histoire du Burkina Faso.

dw

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