Le recentrage de l’effort de guerre russe sur le Donbass, dans l’est de l’Ukraine, où les forces russes feront face à une armée ukrainienne aguerrie, laisse présager un conflit « prolongé », qui pourrait durer des mois, a prévenu jeudi le Pentagone.
« Si de fait ils donnent la priorité à la région du Donbass, […] une région où ils n’ont pas combattu depuis huit ans, une région où il y a beaucoup de soldats ukrainiens, qui sont très actifs, cela pourrait durer un moment », a déclaré à la presse le porte-parole du Pentagone, John Kirby.
« Cela pourrait ne pas être une question de jours ou de semaines, cela pourrait être bien plus long que ça, mais c’est encore difficile à savoir », a-t-il ajouté.
Un haut responsable du Pentagone a noté pour sa part que « les Ukrainiens connaissent très très bien le territoire » dans le Donbass, rappelant que cela fait huit ans qu’un conflit larvé oppose les séparatistes aux forces ukrainiennes dans cette zone.
« Ce n’est donc pas parce que (les Russes) lui donnent la priorité, qu’ils y renforcent leurs effectifs et qu’ils y mettent plus d’énergie, que ce sera facile pour eux », a-t-il prévenu. « Cela pourrait présager un conflit plus long, plus prolongé », a-t-il ajouté.
Le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, a décidé de maintenir « plus longtemps » les quelque 7000 soldats de la 82e division sur le flanc est de l’OTAN et le porte-avion Harry Truman et son groupe aéroporté en Méditerranée, a précisé M. Kirby.
Un aéroport « abandonné » par les Russes
Les États-Unis ont envoyé quelque 20 000 soldats supplémentaires en Europe à l’approche de l’invasion russe, pour une mission dont la durée n’avait pas été annoncée, et qui était destinée à rassurer les pays voisins de l’Ukraine qui craignaient de voir le conflit gagner leur territoire.
À plus long terme, a noté le porte-parole du ministère américain de la Défense, les États-Unis entreront en consultation avec les alliés « pour décider de ce que sera une posture militaire adéquate en Europe, parce que quelle que soit l’issue de cette guerre, quelle que soit la date à laquelle elle se terminera, la sécurité en Europe aura changé, et il va falloir y répondre ».
Outre leur retrait de Tchernobyl (nord), les Russes ont « abandonné » l’aéroport militaire de Gostomel, au nord-ouest de Kyiv, selon le haut responsable du Pentagone.
Mais « nous continuons à penser que c’est un repositionnement », a-t-il ajouté. « Nous n’avons absolument aucune indication que ces soldats rentrent chez eux, ou qu’ils sont écartés définitivement des combats ».
« Ce que nous continuons à penser, c’est que ces forces seront ré-équipées et renvoyées en Ukraine […] pour continuer le combat conformément à ce que nous pensons être leur objectif, c’est-à-dire globalement l’Est », notamment les régions séparatistes de Louhansk et Donetsk, dans le Donbass, a-t-il ajouté.
Les bombardements des forces russes se poursuivent, notamment sur Kyiv, Tcherniguiv, Izioum, Kharkiv, Marioupol et le Donbass, selon ce responsable américain.
Les forces russes tentent en effet de prendre en tenaille l’armée ukrainienne déployée depuis 2014 le long d’une ligne de front passant à proximité de Donetsk au sud, et Louhansk à l’est, jusqu’à Izioum au nord-ouest de Donetsk.
AFP