Vladimir Poutine a annoncé qu’à compter de ce vendredi, les acheteurs devront régler les livraisons de gaz naturel à partir de comptes bancaires en roubles, menaçant d’annuler les contrats en cours en cas de refus. Les Européens restent sur leur position et entendent payer en euros ou en dollars.
La partie de poker menteur continue entre la Russie et les Européens au sujet des hydrocarbures. Le président russe, Vladimir Poutine, a annoncé jeudi avoir mis à exécution sa menace annoncée la semaine dernière d’obliger les Occidentaux à payer en roubles les livraisons de gaz russe. Le maître du Kremlin a signé un décret en ce sens s’appliquant aux acheteurs de pays « inamicaux » (dont les Etats-Unis, toute l’Union européenne, le Royaume-Uni, le Japon ou encore l’Australie).
Les sociétés importatrices de gaz russe de ces pays « doivent ouvrir des comptes en roubles dans des banques russes. C’est à partir de ces comptes que seront effectués les paiements pour le gaz livré à partir de demain », a déclaré le président russe dans une allocution retransmise à la télévision. Le chef du Kremlin a présenté cette mesure comme un moyen de renforcer la « souveraineté » de la Russie face aux sanctions imposées par l’Occident en réponse à l’invasion de l’Ukraine.
En cas de refus, les contrats en cours seront suspendus, a ajouté Vladimir Poutine. « Si de tels paiements ne sont pas effectués, nous considérerons cela comme un défaut de la part des acheteurs, avec toutes les conséquences qui en découlent. Personne ne nous vend quoi que ce soit gratuitement, et nous n’allons pas non plus faire de charité – c’est-à-dire que les contrats existants seront annulés », a-t-il poursuivi.
Conversion en interne
Cependant, le décret précise que les sociétés étrangères pourront effectuer des versements en euros ou en dollars sur les comptes en roubles qu’elles auront ouverts chez Gazprombank, filiale du géant gazier Gazprom et l’une des banques russes contrôlées par l’Etat qui n’est pas sous le coup de sanctions internationales.
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Le chancelier allemand, Olaf Scholz, et le président du Conseil italien, Mario Draghi, deux des plus gros acheteurs de gaz russe au sein de l’Union européenne, avaient d’ailleurs assuré jeudi à l’issue d’un appel avec le président russe que les entreprises européennes pourraient toujours régler en euros ou en dollars et que la conversion vers la devise russe se ferait en interne.
Protéger Gazprombank
La manoeuvre du Kremlin n’a d’ailleurs pas fait beaucoup réagir les marchés du gaz : en Europe, les cours n’augmentaient que de 1 % jeudi après-midi, à 121 euros le mégawattheure. Moscou pourrait toutefois avoir ainsi réussi à protéger Gazprombank d’éventuelles futures sanctions occidentales.
En réaction à ces annonces, à Berlin, où se trouvait aussi Bruno Le Maire ce jeudi, les dirigeants français et allemands ont réagi au décret de Vladimir Poutine en indiquant ne pas discuter « de points techniques, notre réponse est politique : les contrats sont les contrats, ils doivent être payés en euros ». Pour eux, tout changement des termes du contrat entraîne sa nullité. Le ministre allemand des Finances, Christian Lindner, a précisé qu’il n’était « pas question de se plier à aucune forme de chantage ni de renflouer le trésor de guerre de Poutine ». Les gouvernements des deux pays ont aussi indiqué se « préparer » à un potentiel arrêt des importations de gaz russe.
Mais d’autres importations pourraient aussi être concernées par le nouveau système de paiement en roubles, avait laissé entendre les autorités russes mercredi. Le président de la Douma, la chambre basse du Parlement, a notamment cité les céréales et les engrais.
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