Qui fabrique notre monnaie et pourquoi ?

Il y a quelques mois, une délégation gambienne en visite à la Banque centrale du Nigeria, a demandé si le dalasi gambien pouvait être imprimé chez son voisin ouest-africain. Le gouverneur de la banque centrale de Gambie, Buah Saidy, a déclaré que le pays était en manque de monnaie.

Le petit pays d’Afrique de l’Ouest a dû en effet, revoir sa monnaie après la défaite de l’ancien président, Yahya Jammeh, aux élections de 2016. Yaya Jammeh qui a régné pendant 22 ans, avait sa propre image sur les billets de banque gambiens.

Après sa chute, la Banque centrale gambienne a donc entrepris de détruire ces billets.

Aujourd’hui, les billets de banque dalasi représentent un pêcheur poussant sa pirogue vers la mer, un agriculteur s’occupant de sa rizière et quelques oiseaux indigènes colorés.

Un problème subsiste cependant : la Gambie n’imprime pas sa propre monnaie. Elle passe des commandes à des entreprises britanniques, ce qui entraîne souvent une pénurie d’argent liquide.

Une opération très sécurisée
Et la Gambie n’est pas le seul pays africain à faire imprimer sa monnaie à l’étranger.

Plus des deux tiers des 54 pays d’Afrique impriment leur monnaie ailleurs, principalement en Europe et en Amérique du Nord.

Parmi les principales entreprises sollicitées figurent le géant britannique de l’impression de billets de banque, De La Rue, la société suédoise Crane et l’entreprise allemande Giesecke+Devrient.

Il est peut-être surprenant que presque tous les pays africains importent leurs devises. Cette pratique pourrait même soulever des questions de souveraineté et de sécurité nationale.

La plupart des pays ne parlent pas de leur processus d’impression de la monnaie, probablement pour des raisons de sécurité. Les imprimeries sont encore moins transparentes.

Aucune des entreprises contactées par la DW n’a voulu répondre à nos questions.

L’Ethiopie, la Libye et l’Angola – ainsi que 14 autres pays – passent des commandes à De La Rue, estime Ilyes Zouari, président du Centre d’étude et de réflexion sur le monde francophone.

Six ou sept autres pays, dont le Soudan du sud, la Tanzanie et la Mauritanie, imprimeraient leurs monnaies en Allemagne, tandis que la plupart des pays africains francophones sont connus pour imprimer leur monnaie auprès de la banque centrale française et de l’imprimerie française Oberthur Fiduciaire.

Coûts importants
On ne sait pas exactement combien coûte l’impression de monnaies africaines comme le dalasi. Par exemple, le dollar américain coûte entre 6 et 14 cents par billet pour être imprimé.

Il est donc probable que le coût d’impression pour plus de 40 monnaies africaines soit important.

En 2018, un responsable de la banque centrale du Ghana s’est plaint aux journalistes locaux que le pays dépense des sommes énormes pour ses commandes britanniques du cedi ghanéen.

Pourtant, les analystes affirment que le fait que les pays africains impriment une grande partie de leur monnaie à l’étranger n’est pas inhabituel.

De nombreux pays dans le monde le font. Par exemple, la Finlande et le Danemark, tout comme des centaines de banques centrales dans le monde, impriment leur monnaie à l’étranger car les entreprises ayant ce savoir-faire ne sont pas nombreuses.

Seule une poignée de pays, comme les Etats-Unis et l’Inde, produisent leur propre monnaie.

Mma Amara Ekeruche, de l’African Center for Economics Research, a expliqué à la DW que lorsque la monnaie d’un pays n’est pas très demandée – et n’est pas utilisée dans le monde entier comme le dollar américain ou la livre sterling – il est peu judicieux, d’un point de vue financier, de l’imprimer chez soi en raison du coût élevé que cela implique.

Les machines à imprimer la monnaie produisent généralement des millions de billets à la fois. Les pays à faible population, comme la Gambie ou le Somaliland, auraient plus d’argent que nécessaire s’ils imprimaient leurs propres billets.

« Si un pays imprime un billet de dix euros chez lui et voit qu’il peut l’imprimer pour environ huit euros à l’étranger, pourquoi engagerait-il des frais supplémentaires pour le faire ? Cela n’aurait aucun sens », explique l’économiste.

Certains pays, comme le Liberia, ne tentent pas d’imprimer leur propre monnaie parce qu’ils ne disposent même pas d’une presse à imprimer, dont l’installation est coûteuse et qui nécessite des capacités techniques particulières.

Seule une poignée de pays africains, comme le Nigeria, le Maroc et le Kenya, disposent de ressources suffisantes pour imprimer leur propre monnaie ou frapper leurs propres pièces, et même eux complètent parfois leur production par des importations.

Les risques d’une opération
Autre préoccupation, selon l’économiste Mma Amara Ekeruche, certains pays qui tentent de produire leurs propres monnaies pourraient être victimes de fonctionnaires corrompus ou de pirates informatiques qui pourraient tenter de les falsifier ou de les manipuler. Dans de nombreux cas, la production à l’étranger est plus sûre.

Mais avec l’importation, il peut y avoir aussi des défis sécuritaires. Des conteneurs de dollars libériens expédiés de Suède ont ainsi disparu en 2018 dans le port de Lagos.

Par ailleurs, l’entreprise britannique De La Rue, fondée en 1821, produit des billets pour les banques centrales du monde entier.

Elle dispose donc des outils et de l’expérience nécessaires pour se tenir au courant des innovations en matière de monnaie, comme l’usage de polymères qui est considéré comme plus propre, plus durable et plus sûr que le papier, le matériau plastique permettant d’inclure des caractéristiques plus sophistiquées pour se protéger des contrefaçons.

Mais l’impression à l’étranger n’est pas sans inconvénients. Certains pays pourraient se retrouver frappés par des sanctions économiques. En 2011, par exemple, le Royaume-Uni a retenu les commandes de dinars libyens de De La Rue, après que l’ONU a sanctionné le dirigeant défunt, Mouammar Kadhafi.

Manque de confiance
L’impression de billets de banque en Afrique augmenterait les bénéfices sur le continent et, du moins en théorie, les pays africains pourraient choisir ceux qui ont des capacités d’impression car il y a probablement des capacités inutilisées.

Mais ce n’est pas le cas dans la pratique. « Cela est dû à des problèmes de confiance entre les pays », estime Emmanuel Asie du-Mante, ancien directeur adjoint de la banque centrale du Ghana.

Et il y a le cas compliqué de l’Afrique francophone – les pays utilisant le franc CFA d’Afrique centrale et le franc CFA d’Afrique de l’Ouest. Ces monnaies sont étroitement liées à l’euro et sont produites en France.

Pourtant, il y a un espoir de changement à l’horizon. Avec la banque centrale de Gambie, les responsables proposent un éventuel partenariat avec le Nigeria, les pays pourraient commencer à se tourner vers l’intérieur pour leurs commandes de devises. Si cela se produit à grande échelle, cela pourrait réduire considérablement les coûts d’expédition.

DW

7 Commentaires
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