Notre-Dame de Paris à travers les siècles dans une exposition interactive

Le Collège des Bernardins à Paris accueille « Notre-Dame de Paris, l’exposition augmentée », une découverte de la cathédrale, tablette tactile en main. La visite consiste en une vingtaine de scènes modélisées en 3D et à 360°, allant du 13e siècle à 2021.

Histovery Notre Dame de Paris

Un visiteur avec l’HistoPad pour visiter les modélisation 3D de Notre-Dame de Paris et ses abords, dans la nef du Collège des Bernardins.

HISTOVERY

Sur l’Ile de la Cité, Notre-Dame de Paris brûle. Le sinistre du 15 avril 2019 est là, sur l’écran d’une tablette tactile. D’un glissement du doigt, on tourne autour à 360°. En appuyant sur quelques repères disposés sur la video, d’autres contenus s’affichent, l’intervention des pompiers est détaillée par le menu, le positionnement des lances à incendie apparaissent. Cette séquence interactive est la première d’une série de vingt composant Notre-Dame de Paris, l’exposition augmentée, au Collège des Bernardins à Paris jusqu’au 17 juillet.

Superposer des scènes du passé sur les lieux dans leur état actuel

Il s’agit de reconstitutions en 3D numériques de scènes couvrant toute l’histoire de l’édifice, de la conception du projet par l’évêque de Paris Maurice de Sully en 1160 à la restauration en cours suite à l’incendie de 2019.

Le développement, mêlant modélisation, infographie et précisions historiques et scientifiques, a été confié à l’entreprise française Histovery, spécialisée dans ce genre de projet. Elle a déjà réalisé des visites « augmentées » par sa tablette HistoPad aux châteaux de Chambord et d’Amboise, à la saline royale d’Arc-et-Senans, au donjon de Loches ou même au Pic du Midi. Le principe est à chaque fois le même : superposer des scènes du passé sur les lieux dans leur état actuel, à 360° autour du visiteur.

Problème pour Notre-Dame de Paris : la cathédrale en chantier est par définition inaccessible au public. D’où une installation dans la nef et la sacristie du Collège des Bernardins, simulant la nef et le chœur de la cathédrale (une moquette en reproduit le motif du carrelage). Le visiteur doit pointer un motif sur une borne avec la cellule optique de l’HistoPad pour ouvrir une scène. L’exposition permet ainsi d’explorer une modélisation des premières étapes du chantier en 1165, de la procession de 1241 par laquelle Saint Louis et ses frères apportent les reliques de la Sainte Couronne et de la croix de Jésus Christ, du mariage du futur Henri IV et de Marguerite de Valois en 1572 ou encore du sacre impérial de Napoléon en 1804, à partir du tableau de David. Avec, à chaque fois, la possibilité de passer des lieux de la scène en question aux mêmes lieux en septembre 2021, selon exactement le même point de vue, qu’il s’agisse de l’intérieur ou de l’extérieur de la cathédrale, au niveau du parvis ou dans les hauteurs.

 

La nef de Notre-Dame de Paris en 1645. Crédit : Histovery

Il reste que le visiteur déclenche les animations ou les bulles de textes explicatives quand il veut et s’il le veut. « C’est une visite personnalisée même si tout le monde dispose du même outil » résume Bruno de Sa Moreira, PDG et cofondateur d’Histovery.

« L’accent a été mis sur la recréation de la beauté de la cathédrale »

Le projet, fruit d’un mécénat de L’Oréal, a été initié il y a un an et demi, dans la foulée de l’incendie. Un travail compliqué, mobilisant la trentaine de personnes de Histovery, dont 4 formant un « pôle éditorial » chargé de faire les recherches historiques. Sans compter les aller-retour avec un comité scientifique garant de l’exactitude de ce qui est représenté : bâtiments, matériaux, configuration du quartier, vêtements, couleurs (la polychromie du portail de la cathédral a été restitué.

« Reconstituer le parvis de Notre-Dame de Paris en 1241 n’a pas été simple » reconnaît Edouard Lussan, cofondateur d’Histovery et membre de l’équipe éditoriale. « C’est la première fois que nous recréons autant d’époques en un seul lieu » ajoute Bruno de Sa Moreira. Mais les deux dirigeants insistent : cette exposition « augmentée » n’est ni un film documentaire si une histoire de France. La visite est guidée par l’interactivité et la sollicitation permanente du visiteur, invité à zoomer, cliquer, parcourir en panoramique les scènes, lire des petits textes. « L’accent a été mis sur la recréation de la beauté de la cathédrale » continue Bruno de Sa Moreira, comme en atteste une séquence à l’effet impressionnant plaçant le visiteur dans la rue Neuve Notre-Dame (aujourd’hui disparue), avec le portail et les tours de l’édifice qui se dévoilent au fur et à mesure que l’on avance.

Le chantier en 1180 et le choeur gothique  en 2021. Crédit: Histovery

Le projet est cependant mû par un autre enjeu que la reconstitution d’un passé disparu : la mise en valeur des artisans et des métiers liés à l’édification de la cathédrale, comme à sa restauration actuelle. Des séquences sont ainsi consacrées aux forgerons, aux tailleurs de pierre, à l’assemblage de la « forêt » (la charpente) réduite en cendres en 2019. Et à la rosace occidentale, dans laquelle il est possible de zoomer jusqu’aux plus infimes détails. « Un tiers des contenus porte sur le chantier et les métiers impliqués, continue Bruno de Sa Moreira, jusqu’aux opérations de sécurisation ». En rendant l’HistoPad à l’accueil de l’exposition et en sortant du Collège des Bernardins, on jurerait entendre le martèlement des outils et le brouhaha du chantier.

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