Présidentielle française – Macron accuse Le Pen d’offrir un programme « mensonger » et « raciste »

Le président sortant Emmanuel Macron, sous la pression croissante de Marine Le Pen dans les sondages pour le 2e tour de la présidentielle, a attaqué sa rivale d’extrême droite vendredi, à deux jours du premier tour en France, marqué de nombreuses incertitudes.

Marine Le Pen propose un programme « mensonger », « raciste » a accusé le président candidat, qui a vu son avance dans les sondages fondre, à la fois pour le 1er et le 2e tour le 24 avril.

« Elle a un programme totalement démagogique », a souligné M. Macron, interrogé vendredi soir sur le média en ligne Brut, en réponse au projet de Mme Le Pen d’interdire le port du voile dans l’espace public.
« Fébrilité », estime pour sa part la cheffe de l’extrême droite.

« Je le mets au défi de trouver une proposition dans mon programme qui discrimine les Français en raison de leur origine, de leur religion ou de la couleur de leur peau parce que c’est ça le racisme ».

D’après les sondages, les deux finalistes de l’élection de 2017 sont les mieux placés pour se qualifier dimanche, même si le chef de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon surfe lui aussi, comme Mme Le Pen, sur une dynamique positive.

Dans l’hypothèse d’une réédition de ce duel, cinq sondages vendredi donnaient une très courte victoire au second tour au président sortant le 24 avril, avec des scores de 51 à 54 %.

Les dix autres prétendants semblent relégués, mais l’incertitude demeure, notamment car, prévient le politologue Pascal Perrineau, « c’est la première élection qui atteint un tel taux de personnes qui sont indécises, qui ont changé d’opinion, à peu près un Français sur deux ».

« Ça se dessine vaguement, mais franchement je pense que dans l’isoloir, ça sera au dernier moment », expliquait vendredi sur un marché parisien Jeanne Di Mascio, une professeure de musique de 38 ans.

Anesthésiée par le confit en Ukraine, la campagne, qui avait démarré sans relief, a regagné en intérêt dans les derniers jours à mesure qu’a pris corps l’hypothèse d’une victoire de Marine Le Pen, qui serait à la fois la première femme et le premier représentant d’extrême droite à accéder à la présidence.

« Tout le monde râle »

La fille de Jean-Marie Le Pen, figure de l’extrême droite française durant des décennies, a réussi à lisser l’image autrefois abrasive de son parti, tout en menant une campagne convaincante sur le pouvoir d’achat, priorité numéro un de la population à l’heure où l’inflation augmente, dopée par la guerre en Ukraine.

Certains candidats ont déjà annoncé la position qu’ils adopteront dimanche soir : le communiste Fabien Roussel et l’écologiste Yannick Jadot feront barrage à Mme Le Pen et Valérie Pécresse (droite traditionnelle), ne donnera pas de consigne, mais dira pour qui elle votera au second tour.

Malgré tout, l’abstention qui tend à progresser régulièrement en France, devrait rester très élevée.

Beaucoup de politologues craignent que le record du 21 avril 2002 (28,4 %), le plus haut niveau jamais enregistré pour un premier tour d’une élection présidentielle, puisse être battu, soit bien plus qu’en 2017 (22,2 %) qui n’était déjà pas un bon cru.

« Autour de moi, personne ne vote et tout le monde râle », se désolait sur un marché parisien Christine Mazaud, une retraitée de 75 ans.

Artichaut

A partir de minuit, heure de Paris (22 h GMT), le silence tombera sur la campagne. Réunions publiques, distributions de tracts et propagande numérique des candidats seront interdits. Aucune interview ni aucun sondage ou estimation de résultat ne pourra être publié avant les résultats dimanche à 20 h (18 h GMT).

Certains prétendants pourraient toutefois s’afficher publiquement samedi lors de manifestations. Des « marches pour le futur » sont annoncées partout en France à l’initiative d’organisations de gauche.

En attendant, les candidats se consacraient à des interventions médiatiques ou de petits déplacements pour essayer de convaincre les quelque 48,7 millions de Français appelés aux urnes.

Avant son intervention sur Brut, Emmanuel Macron a ainsi effectué vendredi matin une courte visite impromptue sur un marché à Neuilly-sur-Seine, aux portes de Paris.

Pendant 45 minutes, le président-candidat a échangé avec des commerçants, des clients et des employés municipaux.

Marine Le Pen était elle à Narbonne dans le Sud de la France, également sur un marché, où elle s’est présentée comme la candidate de « la France tranquille ».

Un verre de rosé à la main, elle a dit ne pas ressentir « le vertige » d’une éventuelle victoire, et ajouté : « l’artichaut se mange feuille à feuille, d’abord le premier tour, après le second ».

AFP

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