Pour conclure la messe des Rameaux, le pontife a formulé le v?u d’une trêve de Pâques dans le conflit sanglant entre la Russie et l’Ukraine.
« L’Ukraine est prête pour les grandes batailles. L’Ukraine doit les gagner, y compris dans le Donbass », région de l’est du pays, a affirmé le conseiller présidentiel ukrainien Mykhaïlo Podoliak, cité samedi par l’agence de presse Interfax-Ukraine. « Et, quand ça arrivera, l’Ukraine aura une position plus forte dans les négociations, ce qui lui permettra de dicter certaines conditions », a-t-il ajouté.
Plus tôt dans la journée, le président Volodymyr Zelensky avait souligné lors d’une conférence de presse avec le chancelier autrichien Karl Nehammer, qui s’est rendu à Kiev : « Nous sommes prêts à nous battre, et à chercher parallèlement des voies diplomatiques pour arrêter cette guerre. » Après avoir retiré ses troupes de la région de Kiev et du nord de l’Ukraine, la Russie a fait sa priorité de la conquête totale du Donbass, dont une partie est contrôlée depuis 2014 par des séparatistes prorusses.
Dans ce climat de tensions extrêmes, le pape François a appelé dimanche à une « trêve de Pâques » en Ukraine. « Que débute une trêve de Pâques, mais pas pour recharger les armes et reprendre le combat. Non. Une trêve pour arriver à la paix à travers de véritables négociations », a-t-il déclaré après avoir célébré en public la messe des Rameaux place Saint-Pierre.
Des armes pour Kiev
Le Premier ministre britannique Boris Johnson a effectué une visite surprise à Kiev samedi et a promis des blindés à l’Ukraine. Il a rendu hommage à l’armée ukrainienne pour « le plus grand fait d’armes du XXIe siècle » qui a permis de défendre Kiev et de mettre en échec « les desseins monstrueux de Poutine », selon un communiqué de Downing Street. Le président russe Vladimir Poutine « a subi un revers. (?) Il va intensifier la pression maintenant dans le Donbass et l’Est », a mis en garde Boris Johnson.
« C’est pourquoi il est si vital (?) que nous, vos amis, continuions à offrir le soutien que nous pouvons », a-t-il ajouté, s’engageant à fournir à Kiev des véhicules blindés et des missiles antinavires. Johnson et Zelensky se sont aussi rendus sur la rue Khrechtchatyk, l’artère principale de Kiev, saluant les quelques badauds présents, puis sur l’emblématique place de l’Indépendance. Boris Johnson est le premier dirigeant du G7 à se rendre dans la capitale ukrainienne, menacée d’un assaut et bombardée il y a encore une semaine, et où Volodymyr Zelensky s’est retranché depuis le début de l’invasion russe, le 24 février, forçant le respect du monde entier.
« D’autres États démocratiques occidentaux doivent suivre l’exemple du Royaume-Uni », a commenté le président ukrainien. « Il est temps d’imposer un embargo total sur les hydrocarbures russes, d’augmenter les livraisons d’armes » à l’Ukraine. Londres, en pointe dans les condamnations de la politique du Kremlin, a notamment fourni dès les débuts de précieuses armes antichars à l’armée ukrainienne et n’a pas hésité à sanctionner les oligarques russes, dont la présence massive a donné à un quartier chic de la capitale britannique le sobriquet de « Londongrad ».
De son côté, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, a dit que l’Alliance préparait des plans pour une force militaire permanente à ses frontières pour prévenir toute nouvelle agression de la Russie. « Ce que nous voyons maintenant est une nouvelle réalité, une nouvelle normalité pour la sécurité européenne. Pour cette raison, nous avons demandé à nos commandants militaires de fournir des options pour ce que nous appelons une réinitialisation, une adaptation à long terme de l’Otan », a-t-il affirmé dans une interview publiée samedi par le quotidien britannique Daily Telegraph. Cette nouvelle force sera, a-t-il ajouté, une « conséquence à long terme » de l’invasion de l’Ukraine ordonnée par Vladimir Poutine.
Poursuite des évacuations? et des bombardements
Deux jours après le massacre de la gare de Kramatorsk (est), où 52 civils, dont 5 enfants, qui se préparaient à fuir, ont été tués dans une frappe attribuée à un missile russe, l’évacuation de la population se poursuivait. Moscou a nié être responsable de la frappe, allant jusqu’à dénoncer une « provocation » ukrainienne. Dimanche, la vice-Première ministre ukrainienne, Iryna Verechtchouk, a indiqué que 4 532 civils avaient été évacués la veille. La majorité a quitté la région de Zaporijia, a-t-elle ajouté, précisant que près de 200 personnes ont pu quitter la ville portuaire assiégée de Marioupol (sud) et que plus d’un millier ont fui Melitopol, Lysychansk, Severodonetsk, Roubijne, Kreminna et Popasna, dans la région de Lougansk.
« L’ennemi russe continue de se préparer pour intensifier ses opérations offensives dans l’est de l’Ukraine et prendre le contrôle total des régions de Donetsk et de Lougansk », dans le Donbass, a déclaré l’état-major de l’armée ukrainienne samedi dans un point quotidien sur Facebook. Outre la poursuite des combats pour prendre le contrôle des villes clés de Marioupol, au sud, et d’Izioum plus au nord, « l’ennemi continue de frapper avec des missiles des cibles civiles dans toute l’Ukraine », a averti l’état-major. Des bombardements ont ainsi encore fait 5 morts et 5 blessés dans la région de Donetsk, a indiqué dans la soirée le gouverneur régional Pavlo Kyrylenko sur Telegram.
À Lyssytchansk, une petite ville de la région de Lougansk, le maire Olexandre Zaïka a appelé les habitants à partir le plus vite possible. « La situation dans la ville est très tendue, je vous demande d’évacuer. Cela devient très difficile, les obus de l’ennemi tombent un peu partout », a-t-il dit dans un message sur Telegram.
Et, dans l’attente d’une grande offensive russe, soldats ukrainiens et membres de la défense territoriale étaient occupés à fortifier leurs positions et à creuser de nouvelles tranchées dans la zone rurale de Barvinkove, dans l’est du pays. Les bords des routes ont été minés et des obstacles antichars, installés à tous les carrefours.
Crimes de guerre
Sept missiles se sont abattus dans la nuit de samedi à dimanche sur la région de Mykolayiv, à une centaine de kilomètres au nord-est d’Odessa, troisième ville du pays et grand port stratégique sur la mer Noire, selon le commandement militaire local. Menacée à son tour de frappes, Odessa a décrété un couvre-feu de samedi soir à lundi matin.
Vendredi, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’était rendue à Kiev et à Boutcha, petite ville proche de la capitale devenue un symbole des atrocités de l’invasion russe. « Si ceci n’est pas un crime de guerre, qu’est-ce qu’un crime de guerre ? » avait-elle lancé. « Ce que Poutine a fait à Boutcha et Irpin (autre localité proche de Kiev, NDLR), ce sont des crimes de guerre qui ont entaché définitivement sa réputation », a abondé samedi Boris Johnson. Des dizaines de cadavres portant des vêtements cvils, et certains les mains liées dans le dos, ont été retrouvés à Boutcha, près de Kiev, après le retrait des forces russes.
Ursula von der Leyen a annoncé samedi qu’une collecte internationale avait permis de réunir 10,1 milliards d’euros destinés à soutenir l’Ukraine. Nonobstant ces échanges d’accusations, l’Ukraine a annoncé samedi avoir procédé à un nouvel échange de prisonniers avec la Russie, permettant la libération de 12 soldats et 14 civils ukrainiens.
Le président Vladimir Poutine, dont la décision d’envahir l’Ukraine s’est brisée sur la résistance acharnée des Ukrainiens, a revu ses plans à la baisse mais veut obtenir une victoire au Donbass avant le défilé militaire du 9 mai marquant sur la place Rouge la victoire soviétique sur les nazis, point culminant du narratif militariste qu’il a imposé en Russie, notent les observateurs.
lepoint