La candidate socialiste Anne Hidalgo a essuyé dimanche, avec un score estimé à moins de 2%, le pire échec de l’histoire du Parti socialiste, désormais menacé de disparition dans une gauche qui doit se réinventer.
La maire de Paris a sombré, divisant encore par trois le score de Benoît Hamon, associé en 2017 à une première déflagration historique (6,34%). Selon les estimations, elle est dépassée par le communiste Fabien Roussel, Jean Lassalle et Nicolas Dupont-Aignan.
A l’annonce des résultats, la salle du sud parisien où se tenait la soirée électorale s’est figée dans le silence.
Sur son fauteuil en cuir, Michel, 60 ans, retire sa casquette et se frotte le front. Le militant PS depuis trente ans, n’en revient pas : « Franchement je suis KO (…) Je pensais qu’on ferait au minimum 5% », confie-t-il.
Très applaudie, Anne Hidalgo s’est exprimée rapidement, appelant à « voter le 24 avril contre l’extrême droite de Marine Le Pen en vous servant du bulletin de vote Emmanuel Macron ».
– Un PS exsangue –
Elle a aussi assuré que le combat continuerait pour « faire obstacle aux projets injustes de la retraite à 65 ans, de la privatisation rampante de l’école, de l’université et de la santé, de la stigmatisation des plus pauvres et des chômeurs, et de l’inaction climatique ».
Le PS, qui était en 2012 à la tête de toutes les institutions (présidence, Assemblée, Sénat), est désormais exsangue, mais dirige encore 25 départements, cinq régions et parmi les plus grandes villes.
Mais pour Sébastien Vincini, maire PS de Cintegabelle, « le PS n’est pas mort, c’est la gauche qui est défaite dans son ensemble ».
Le score de la maire de Paris est un « résultat très compliqué mais nous avons encore des bases, nous avons des élus locaux », a assuré le sénateur Patrick Kanner.
Anne Hidalgo est très en-deçà du seuil des 5% des voix pour se faire rembourser ses frais de campagne, même si le PS a presque entièrement autofinancé sa présidentielle.
La campagne d’Anne Hidalgo, 62 ans, aura été une longue déroute depuis sa déclaration de candidature en septembre.
La candidate n’a jamais été audible, au sein d’une gauche éparpillée, et s’est enfoncée dans les sondages derrière l’Insoumis Jean-Luc Mélenchon, l’écologiste Yannick Jadot et le communiste Fabien Roussel.
« Partie trop tard », pour certains, victime d’un « furieux bashing » pour d’autres, la candidate s’est perdue en début de campagne dans un duel fratricide avec Yannick Jadot, et s’est fait ensuite rogner une partie de son électorat par l’éphémère candidature de Christiane Taubira.
Son souhait d’une primaire de la gauche, puis son refus d’y participer sans Yannick Jadot, a aussi laissé les électeurs perplexes. Enfin, la candidate n’a pas réussi à faire revenir les déçus du PS qui avaient voté Emmanuel Macron en 2017.
Les regards sont désormais tournés vers les législatives.
Le Premier secrétaire du PS Olivier Faure a lancé « un appel solennel aux forces de gauche et écologiques, aux forces sociales, aux citoyennes et citoyens prêts à s’engager afin de construire ensemble pour les élections législatives un pacte pour la justice sociale et écologique ».
Anne Hidalgo a aussi appelé « toutes celles et ceux qui se reconnaissent dans cette gauche qui agit déjà ensemble dans les territoires, à s’unir » pour ce scrutin.
Dans un communiqué distinct, plusieurs cadres du parti, dont Johanna Rolland, maire de Nantes, ont aussi appelé à « l’union des forces de gauche et des écologistes. »
Au delà de cette échéance, plusieurs personnalités socialistes, dont l’ex-président François Hollande, qui veut revenir dans le jeu après 5 ans en retrait, se préparent à une refondation à laquelle Anne Hidalgo veut aussi prendre sa part.
– « Alternative pour demain » –
« Nous travaillerons au rassemblement de la gauche dispersée qui n’a pas su s’unir quand il le fallait, dès l’automne avec les forces sociales et associatives », a-t-elle assuré.
Une tâche qui s’annonce difficile, en raison des divisions au sein du parti, comme l’a montré mercredi soir la bronca qui a suivi une réunion autour de la candidate, avec notamment François Hollande, mais sans le Premier secrétaire du PS Olivier Faure. L’animosité entre les deux hommes est notoire.
L’héritage Hollande divise toujours, entre ceux qui estiment que « le passif de haine » contre le PS n’est pas « purgé », et ceux qui jugent que le parti « a passé trop de temps à faire l’inventaire » de l’ex-président.
Certains ne se privent pas non plus de critiquer la direction actuelle, accusée de n’avoir pas travaillé depuis cinq ans à la reconstruction du parti.
AFP