Tout en se disant favorable au droit de posséder une arme, le président américain, Joe Biden, a annoncé lundi, au nom du « bon sens », un nouveau décret selon lequel les pièces détachées pouvant être facilement assemblées en arme à feu seront soumises aux mêmes exigences que les armes déjà montées.
Joe Biden a durci, lundi 11 avril, la réglementation des armes dites « fantômes », difficiles à repérer en l’absence de numéro de série et pouvant être assemblées en kit à domicile en quelques minutes seulement.
Le président américain a souligné, lors d’un événement à la Maison Blanche rassemblant des familles et proches de victimes d’armes à feu, que le nombre de ces « ghost guns » signalés par les forces de l’ordre avait été multiplié par dix en cinq ans, entre 2016 et 2021.
Tout en se disant favorable au deuxième amendement de la Constitution des États-Unis, qui fonde le droit de posséder une arme, il a critiqué le puissant lobby des armes, la NRA, pour avoir qualifié sa régulation d' »extrême ».
« C’est extrême de protéger les policiers ? De protéger nos enfants ? […] Ce n’est pas extrême, c’est du bon sens », a dit le président américain, qui a manipulé l’une de ces armes en kit devant les caméras pour montrer combien l’assemblage en est facile.
Selon un nouveau décret, les pièces détachées pouvant être facilement assemblées en une arme à feu seront soumises aux mêmes exigences que les armes déjà montées. Les revendeurs de tels kits devront procéder à une vérification des antécédents des acheteurs potentiels ou encore inclure un numéro de série sur les pièces constitutives.
Moins de 1 %
De janvier 2016 à décembre 2021, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) n’a réussi à remonter au propriétaire d’une arme « fantôme » que dans 0,98 % des cas, notamment dans les enquêtes pour homicides et tentatives d’homicide.
Selon l’organisation Gun Violence Archive, plus de 11 700 personnes sont mortes par arme à feu depuis le début de l’année aux États-Unis, incluant les suicides. Sur toute l’année 2021, le nombre a été de 45 000 morts.
Mais les pouvoirs de l’exécutif, au-delà de certaines réglementations prises par décret, sont limités. Joe Biden a répété lundi ses appels au Congrès pour interdire la vente de fusils d’assaut ou pour imposer un système universel de vérification des antécédents judiciaires et psychiatriques pour les acheteurs d’armes à feu.
Faible marge de manœuvre
Ces appels s’apparentent à des vœux pieux au vu de la faible marge de manœuvre parlementaire de Joe Biden, face notamment à certains élus républicains farouchement opposés à toute régulation.
Tom Cotton, sénateur de l’Arkansas, a ainsi estimé dans un communiqué que « les régulations ne font que compliquer l’accès aux armes de citoyens respectueux des lois. » La NRA a pour sa part reproché à Joe Biden de dévoiler « encore un autre plan creux » destiné à « réjouir ses riches partisans favorables à la lutte contre les armes. »
À l’inverse, Gabrielle Giffords, ancienne élue démocrate de la Chambre des représentants et survivante d’une fusillade, a salué le décret. « La bataille pour mettre fin à la violence par armes à feu est encore longue, mais nous avons remporté une victoire importante », a-t-elle écrit sur Twitter.
AFP