Depuis quelques jours, le président français, pourtant aux avant-postes sur la guerre en Ukraine, voit son image se dégrader auprès des Ukrainiens et de leur président.
Entre le contexte international et un second mandat, Emmanuel Macron a dû faire des choix prioritaires ces derniers jours. Alors qu’il ne se disait pas “sûr que l’escalade des mots serve la cause” après que Joe Biden ait accusé le chef du Kremlin de “dictateur” menant un “génocide”, Emmanuel Macron s’est attiré les critiques de son homologue ukrainien.
Volodymyr Zelensky a qualifié de “très blessant” le refus d’Emmanuel Macron d’évoquer et de dénoncer un “génocide” en Ukraine ce mercredi 13 avril sur France 2. Rapidement, le porte-parole de la diplomatie ukrainienne avait réagi, jugeant “décevante” la position française. “S’ils sont vrais, de tels propos sont très blessants pour nous”, a même ajouté le président de l’Ukraine.
Zelensky pique Macron
Ce dernier n’a d’ailleurs pas manqué d’égratigner le président-candidat. Connaissant l’échéance électorale à venir en France, Volodymyr Zelensky a envoyé une pique au chef de l’État, plus occupé par sa campagne pour le second tour que par la guerre en Ukraine, à son goût: “Je ferai de mon mieux pour discuter de cette question avec monsieur Macron aujourd’hui. Si ce n’est pas le cas, alors demain, quand il trouvera le temps”.
Un début d’imbroglio diplomatique entre la France et l’Ukraine survenu après la position ferme de Joe Biden sur les crimes perpétrés sur le sol ukrainien. Mardi 12 avril, le président des États-Unis avait accusé frontalement Vladimir Poutine de causer un “génocide”. Un terme utilisé jusqu’alors uniquement par Volodymyr Zelensky.
Il faut dire que depuis son entrée en campagne pour l’élection présidentielle, Emmanuel Macron est la cible de critiques de la part de l’Ukraine et de ses habitants. Aux avant-postes depuis le 24 février, Emmanuel Macron ne s’est pourtant jamais rendu en Ukraine depuis le début de la guerre, alors que ses homologues britannique et américain se sont déjà rendus sur le terrain (directement à Kiev pour Boris Johnson et en Pologne pour Joe Biden). Interrogé à plusieurs reprises, le chef de l’État a dit envisager un déplacement à Kiev “seulement si cela peut être utile”.
Le verbe “macroner” est né en Ukraine
Le rôle d’Emmanuel Macron dans la guerre en Ukraine a d’ailleurs provoqué la création d’un nouveau mot. En effet, l’expression “macronete” (traduite en “macroner” en français) est en train de trouver sa place dans le langage courant ukrainien.
Les Ukrainiens ont imaginé ce terme “macroner” en apportant une définition peu élogieuse pour Emmanuel Macron: “se montrer très inquiet d’une situation, mais ne rien faire, en fait”, peut-on lire dans un lexique de mots dans le contexte de la guerre en Ukraine sur Telegram, comme le rapporte Le Parisien.
Le lexique en question précise même que ce terme doit son origine au président français “dont on ne se souvient pas pour une aide réelle, mais pour ses photos préoccupées de l’Élysée”. Une référence directe aux photos publiées par Soazig de la Moissonnière, photographe officielle de l’Élysée, montrant le chef de l’État français inquiet, mal rasé et l’air fatigué, mais en plein travail sur la guerre en Ukraine depuis son bureau.
Au-delà de cette expression, certains Ukrainiens cités par Le Parisien qualifient même Emmanuel Macron de pion ”à la solde de Vladimir Poutine”. Dmitri Peskov, porte-parole de Vladimir Poutine, avait d’ailleurs lui-même félicité à la télévision française Emmanuel Macron, pour le rôle de la France: “Les efforts du président Macron sont très appréciés. Nous apprécions le dialogue permanent qui a lieu avec le président Vladimir Poutine”, disait-il sur LCI le 6 avril.
Le même jour, Emmanuel Macron faisait déjà l’objet de vives critiques pour son rôle envers Moscou de la part du Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki au sujet de ses coups de fils avec le chef du Kremlin. “Monsieur le Président Macron, combien de fois avez-vous négocié avec Monsieur Poutine? Qu’avez-vous obtenu? Avez-vous arrêté une de ces actions qui ont eu lieu? Il ne faut ni négocier ni discuter avec les criminels”. Des mots qui avait d’ailleurs provoqué une réaction immédiate et ferme du locataire de l’Élysée.
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