Alors que le dernier rapport du Giec a été révélé voici moins de 15 jours, l’urgence climatique est peu présente dans les débats de l’entre-deux-tours. Voici les éléments relevés dans les programmes ou les déclarations de Marine Le Pen et Emmanuel Macron qui font référence aux questions énergétique ou de biodiversité.
Eoliennes offshore
Au Havre, la construction des turbines pour les futures éoliennes offshore.
« Trois ans pour agir ». La formule était omniprésente début mars 2022, lors de la publication du dernier rapport du Giec, dont nous avions publié l’analyse sur le site de Sciences et Avenir. Quinze jours plus tard, entre les deux tours de la présidentielle, l’urgence paraît oubliée, tant le sujet revient peu dans les prises de parole du président sortant Emmanuel Macron et de sa compétitrice Marine Le Pen. Sciences et Avenir a néanmoins relevé ce qui, dans leurs programmes ou leurs déclarations, est lié à des décisions liées à l’énergie ou à la biodiversité.
BIODIVERSITÉ
En mars 2022, la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) a adressé aux 12 candidats à l’élection présidentielle une adresse intitulée « modifions le cours de notre histoire commune avec la biodiversité ». Les auteurs y rappelaient la disparition accélérée d’espèces et le déclin des populations animales et végétales. Ils en détaillaient les causes principalement humaines : transformation des écosystèmes, exploitation des ressources naturelles, changement climatique, pollutions. Qu’en pensaient les candidats du 1er tour ? Un seul a répondu, Yannick Jadot, qui s’est contenté de transmettre une version actualisée de son programme.
Quant aux finalistes du second tour, Marine Le Pen veut sortir du « green deal » de la Commission européenne, visant à réduire engrais et pesticides, concilier agriculture et biodiversité et améliorer la qualité alimentaire pour confier ces sujets aux seuls agriculteurs français, lesquels devront suivre des indicateurs de suivi des insectes pollinisateurs par exemple. Les primes au maintien de la biodiversité (plantations de haies par exemple) sont maintenues. La candidate annonce un contrôle des élevages industriels. Emmanuel Macron s’inscrit, lui, dans le strict cadre de la politique déjà menée par son gouvernement : engagement de protection de 33% des espaces terrestres et maritimes de la France avec une poursuite des efforts pour une protection plus forte, restauration de 30% des écosystèmes dégradés. L’objectif de l’arrêt total de l’artificialisation des sols est poursuivi. La réduction des engrais chimiques et pesticides en agriculture et la décarbonation des filières agro-alimentaires sont prolongées sans efforts supplémentaires. La pêche fait l’objet d’un plan «pêche durable ».
ENERGIE
En 2017, Marine Le Pen pariait déjà sur le nucléaire pour garantir l’indépendance énergétique française. Cinq ans plus tard, elle souhaite même l’étendre et démanteler les éoliennes.
Développer l’énergie nucléaire en lançant la construction de « 5 paires d’EPR (réacteurs pressurisés européens) pour une mise en service en 2031 et 5 paires d’EPR 2 pour 2036 » (Conférence de presse du 14 mars 2022), ainsi que de microcentrales. Rouvrir la centrale de Fessenheim (Alsace), prolonger la durée de vie de l’ensemble des centrales du parc nucléaire français jusqu’à 60 ans.
Prononcer un moratoire sur la construction d’éoliennes et démanteler progressivement celles existantes, en commençant par celles qui arrivent en fin de vie. Supprimer les subventions à la filière ainsi que les 5 milliards d’euros prévus pour le secteur éolien en mer.
Maintenir et développer la filière hydroélectrique (énergie électrique renouvelable obtenue par la force des fleuves, des rivières et des chutes d’eau) Investir dans la filière hydrogène (Énergie renouvelable issue du gaz présent dans l’eau).
Sortir du marché européen de l’électricité
Baisser les taxes sur les produits énergétiques, de 20 % à 5,5 % pour le gaz, l’électricité, l’essence et le fioul) en les considérant comme des biens de première nécessité
Il y a 5 ans, le candidat Emmanuel Macron voulait réduire le nucléaire à 50% de la production électrique. Cinq ans plus tard, il parie davantage sur la filière de l’atome, très peu émettrice de gaz à effet de serre, pour atténuer le changement climatique.
Construire 6 premières centrales nucléaires nouvelle génération EPR2, et peut-être huit supplémentaires (Discours de Belfort, 10 février 2022) ainsi qu’un prototype de réacteur SMR (petit réacteur modulaire) d’ici 2030.
Créer une cinquantaine de parcs éoliens en mer d’ici à 2050 (40 GW).
Multiplier par deux la capacité actuelle des éoliennes terrestres « en 30 ans, plutôt qu’en 10 ans comme il était prévu précédemment » (Discours de Belfort, 10 février 2022).
Multiplier par dix la puissance solaire, via le développement du photovoltaïque pour dépasser les 100 GW d’ici à 2050.
Soutenir le développement du biogaz.
Pour la production d’énergies renouvelables, laisser chaque région, département, commune, avoir son mot à dire sur l’installation d’infrastructures sur son territoire.
Conserver la maitrise des barrages hydroélectriques
Développer une filière hydrogène (énergie renouvelable issue du gaz présent dans l’eau) leader en Europe produire des millions de véhicules électriques et hybrides, et le premier avion bas carbone.
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