Encadré : quand les îles Salomon lâchaient Taïwan pour se rapprocher de la Chine

FILE - Chinese Premier Li Keqiang, left, and Solomon Islands Prime Minister Manasseh Sogavare review an honor guard during a welcome ceremony at the Great Hall of the People in Beijing, Wednesday, Oct. 9, 2019. Solomon Islands Prime Minister Sogavare has blamed foreign interference over his government's decision to switch alliances from Taiwan to Beijing for anti-government protests, arson and looting that have ravaged the capital in recent days. (AP Photo/Mark Schiefelbein, File)

La Chine a annoncé mardi avoir signé un vaste accord de sécurité avec les îles Salomon, au moment où plusieurs pays occidentaux, États-Unis et Australie en tête, s’inquiètent des ambitions militaires de Pékin dans le Pacifique. L’archipel, qui avait reconnu Taïwan comme un pays indépendant en 1983, avait choisi de renverser le jeu des alliances en 2019 en faveur de Pékin.

Jusque récemment, les îles Salomon occupaient une place particulière sur la carte diplomatique : l’archipel était l’un des 16 États à reconnaître Taïwan comme un pays indépendant. Une décision prise en 1983 qui faisait des îles Salomon l’une des principales épines diplomatiques dans le pied chinois en Océanie – Pékin considérant l’île démocratique autonome de Taïwan comme une partie de son territoire.

L’irritation chinoise n’a fait que s’accentuer au fur et à mesure que Pékin a « assumé son statut de grande puissance sur la scène internationale », note The Diplomat. La volonté toujours plus affirmée de Xi Jinping, arrivé au pouvoir en Chine en 2012, d’étendre la sphère d’influence chinoise dans le monde à travers les fameuses Nouvelles routes de la soie (programme d’investissements chinois) rendait le défi diplomatique posé par les îles Salomon dans l’arrière-cour naturelle de Pékin – le Pacifique – d’autant plus intolérable.

En 2019, tout change avec le quatrième mandat de Manasseh Sogavare. Le Premier ministre sortant avait fait campagne en promettant de renverser le jeu des alliances en faveur de Pékin. En septembre, le nouveau gouvernement passe à l’acte et ne reconnaît plus Taïwan comme un pays indépendant. Les îles Salomon adhèrent, dans la foulée, aux Nouvelles routes de la Soie et au principe de la « One China Policy » (« politique d’une seule Chine », qui considère Taïwan comme faisant partie du territoire chinois).

Manasseh Sogavare a justifié cette volte-face diplomatique par la poursuite des intérêts économiques de l’archipel. « En 36 ans, Taïwan n’a fourni que 460 millions de dollars d’aide aux îles Salomon alors qu’en 2017 seulement, l’archipel a exporté pour 554,8 millions de dollars de produits vers la Chine », soulignait Denghua Zhang, spécialiste de la politique chinoise dans le Pacifique à l’Université nationale australienne de Canberra, dans un article d’opinion paru en octobre 2019 sur le site The Diplomat.

Une justification économique qui n’a pas suffi à Washington et ses alliés. « Des sénateurs américains ont protesté contre ce réalignement diplomatique. Taïwan a déploré cette décision et d’autres pays dans la région ont suivi l’exemple des îles Salomon, comme l’archipel de Kiribati qui, deux semaines plus tard, a aussi arrêté de reconnaître Taïwan », note The Guardian.

france24

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