Le leader de La France insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon, arrivé troisième au premier tour de la présidentielle, appelle les électeurs à imposer une cohabitation au futur vainqueur de la présidentielle, avec lequel il exclut toute « négociation ». De son côté, le conseil national du Parti socialiste a adopté mardi soir une résolution proposant de discuter avec l’ensemble des forces de gauche, dont LFI.
Défait de peu au premier, il veut un « troisième tour » : le troisième homme de la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, a demandé mardi 19 avril aux Français de l’élire « Premier ministre » aux législatives de juin, qu’ils choisissent Emmanuel Macron ou Marine Le Pen dimanche.
Le chef de file des Insoumis s’était montré combatif le soir du premier tour, quand il avait rassemblé 21,95 % des voix, se plaçant largement en tête à gauche mais échouant à quelque 400 000 voix du second tour, derrière la candidate du Rassemblement national.
Mais il avait semblé passer la main à ses troupes, lâchant en fin de discours : « Faites mieux » à la présidentielle de 2027, pour laquelle il a promis de ne pas être candidat.
« Pas une voix à Mme Le Pen »
Mardi soir, après avoir passé une partie de la journée à discuter avec ses lieutenants en réunion d’inter-groupe parlementaire, il s’est plutôt projeté vers un combat très immédiat, les législatives des 12 et 19 juin.
« Je demande aux Français de m’élire Premier ministre » en votant pour une « majorité d’Insoumis » et de « membres de l’Union populaire » à ces élections, a-t-il déclaré sur BFMTV, dans sa première déclaration publique depuis le 10 avril.
Jean-Luc Mélenchon vise donc à imposer une cohabitation au futur vainqueur de la présidentielle, avec lequel il exclut toute « négociation ». Et ce, que ce soit Emmanuel Macron ou Marine Le Pen.
Il a d’ailleurs redit qu’il ne donnerait pas d’autre consigne au second tour que « pas une voix à Mme Le Pen », qui incarne « la contradiction totale » avec son programme « d’harmonie ». Mais « la question de savoir qui est président à ce moment-là » de cohabitation ne compte pas à ses yeux, car « c’est le Premier ministre qui signe les décrets », a-t-il affirmé, ajoutant vouloir appliquer son programme.
Les cadres de La France insoumise ont exulté sur les réseaux sociaux. « Mélenchon à Matignon », s’est exclamé son ami député Alexis Corbière. « Un autre monde est toujours possible », a espéré la députée Caroline Fiat.
L’opération s’annonce difficile, mais les stratèges insoumis estimaient ces derniers jours, à l’image du directeur de campagne Manuel Bompard, que les « législatives seraient plus importantes que d’habitude parce que le président sera le plus mal élu de la Ve République ». La faute à une abstention potentiellement élevée.
Pour réussir à mobiliser à des élections législatives traditionnellement moins courues par les électeurs, les Insoumis espèrent donner l’image d’une « Union populaire » élargie.
Tournant majeur au PS
Dans ce but, ils ont appelé Europe Écologie-Les Verts (EELV), le Parti communiste (PCF) et le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) à se rassembler derrière eux et leur programme, en proposant que l’attribution des circonscriptions soient appliquée à la proportionnelle des résultats du premier tour.
Julien Bayou, le chef des Verts, a répondu qu’il espérait davantage. Mais il a aussi dit, mardi, prévoir un aboutissement des négociations d’ici la fin de semaine prochaine. Devant des journalistes, un autre cadre d’EELV a même jugé « atteignable » un accord « d’ici la fin de semaine pour donner un espoir » aux électeurs de gauche, qui vont voter à contre-cœur dimanche au second tour.
Mardi soir, le Conseil national du Parti socialiste (PS), sorte de parlement du parti, a adopté une résolution proposant de discuter avec l’ensemble des forces de gauche, dont LFI. Il s’agit pour le PS d’un tournant majeur dans sa stratégie que d’envisager un accord avec le parti de Jean-Luc Mélenchon, a précisé un participant, même si pour l’instant, LFI a indiqué ne pas vouloir discuter avec le PS.
AFP