La Russie a lancé une offensive majeure dans l’est de l’Ukraine lundi, a indiqué le président Volodymir Zelensky, Moscou ouvrant une nouvelle phase de son invasion après avoir échoué à prendre la capitale Kyiv.
Ces dernières semaines, la campagne militaire russe s’est réorientée sur la région orientale de Donbass, partiellement contrôlée par des forces séparatistes prorusses depuis 2014.
« Nous pouvons maintenant affirmer que les troupes russes ont commencé la bataille pour le Donbass, à laquelle elles se préparent depuis longtemps. Une très grande partie de l’ensemble de l’armée russe est désormais consacrée à cette offensive », a déclaré le président Volodymyr Zelensky dans un discours retransmis sur Telegram.
« Peu importe combien de soldats russes sont amenés jusqu’ici, nous combattrons. Nous nous défendrons », a-t-il clamé, après avoir averti la veille qu’« ils veulent littéralement achever et détruire le Donbass ».
Pour Andriï Yermak, le chef de cabinet du président Zelensky, « la deuxième phase de la guerre a commencé ». « Faites confiance aux forces armées de l’Ukraine », a-t-il lancé sur Telegram.
« C’est l’enfer »
« C’est l’enfer. L’offensive a commencé, celle dont on parle depuis des semaines », a de son côté annoncé sur Facebook le gouverneur ukrainien de la région de Louhansk, Serguiï Gaïdaï.
« Il y a des combats à Roubijné et Popasna, des combats incessants dans d’autres villes pacifiques », a-t-il dit, reconnaissant que Kreminna était « malheureusement sous le contrôle des orques », le surnom péjoratif donné aux militaires russes.
Cette ville, qui comptait environ 18 000 habitants avant la guerre, se trouve à une cinquantaine de kilomètres au nord-est de Kramatorsk, la capitale ukrainienne du bassin houiller du Donbass.
Au moins quatre civils ont été tués dans les bombardements russes pendant qu’ils tentaient de fuir Kreminna, a poursuivi M. Gaïdaï.
Le conseiller de la présidence ukrainienne Oleksiy Arestovytch a toutefois assuré que « les occupants russes n’avaient pas encore conquis Kreminna » et que d’« intenses combats de rue » s’y déroulaient.
Serguiï Gaïdaï avait peu avant exhorté la population à évacuer la région de Louhansk.
Quatre autres personnes ont péri le même jour dans des frappes sur la région voisine de Donetsk, selon son gouverneur Pavlo Kyrylenko.
La vice-première ministre ukrainienne, Iryna Verechtchouk a demandé lundi à Moscou d’ouvrir des couloirs humanitaires à Berdyansk et Marioupol, en particulier au complexe métallurgique d’Azovstal, où se trouvent des combattants mais où sont retranchés également « beaucoup de civils » ukrainiens.
« Votre refus d’ouvrir ces couloirs humanitaires servira, à l’avenir, d’éléments pour des poursuites en justice contre tous ceux impliqués dans des crimes de guerre », a-t-elle dit sur Telegram.
La Russie est déterminée à s’emparer de Marioupol, dont les derniers défenseurs ont ignoré dimanche un ultimatum de l’armée russe qui les enjoignait de déposer les armes.
La conquête de cette cité portuaire constituerait une victoire importante pour les Russes car elle leur permettrait de consolider leurs gains territoriaux côtiers le long de la mer d’Azov en reliant le Donbass, en partie contrôlé par leurs partisans, à la Crimée que Moscou a annexée en 2014.
Combats dans le sud
Un haut responsable américain du département de la Défense a indiqué lundi que Washington a constaté que la Russie a augmenté de « onze bataillons » en une semaine sa présence militaire dans l’est et le sud de l’Ukraine, portant à 76 le total de bataillons dans le pays.
L’armée ukrainienne a mis en garde lundi soir contre une menace élevée de bombardements dans la région de Mykolayiv (sud).
« L’ennemi » a tenté sans succès de déloger les forces ukrainiennes autour d’Oleksandrivka, à 40 km à l’ouest de Kherson (sud), selon la même source. Cinq véhicules de l’armée russe, dont des blindés, ont été détruits et 28 soldats ont été tués dans ces combats, a-t-on ajouté.
Dans le nord-est, trois civils ont été tués lundi dans de nouveaux bombardements contre Kharkiv, deuxième ville d’Ukraine.
Non loin de la ville de Lviv, la Russie assure avoir détruit un important dépôt d’« armements étrangers, livrés à l’Ukraine pendant les six derniers jours par les États-Unis et des pays européens, qui y étaient stockés ».
Le gouverneur de la région, Maksym Kozitsky, a évoqué quatre tirs de missiles de croisière, à partir de la mer Caspienne : trois sur des installations militaires et un sur un garage, qui ont causé des incendies.
À environ quatre kilomètres du centre de Lviv, des journalistes de l’AFP ont vu le garage en feu, avec des carcasses de voitures dans un cratère près d’une voie ferrée.
Située loin du front, près de la frontière polonaise, cette ville s’est convertie en cité-refuge pour les personnes déplacées et avait été peu visée jusqu’alors par les frappes russes.
Au total, l’armée russe assure avoir mis hors d’état dans la seule journée de lundi 16 sites militaires ukrainiens, abritant en particulier des munitions et des missiles tactiques Totchka-U. Ces armements constituent un enjeu majeur, tant pour Moscou que pour Kyiv.
Soutien de l’Ukraine, les États-Unis ont annoncé à ce sujet lundi que les premières cargaisons de leur nouvelle tranche d’aide militaire (800 millions de dollars) venaient d’arriver la veille aux frontières de ce pays pour être remises à l’armée ukrainienne.
L’Union européenne a quant à elle « condamné la poursuite des bombardements aveugles et illégaux de civils et d’infrastructures civiles » par Moscou. « Il ne peut y avoir d’impunité pour les crimes de guerre », a affirmé le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell.
AFP