Comme le souhaitait le président Alassane Ouattara, le Premier ministre Patrick Achi, aussitôt reconduit, a dévoilé un nouveau gouvernement, plus « resserré » de 32 membres, dont 7 femmes, contre 41 précédemment, mais dans lequel les principaux ministres sont maintenus. Cette annonce est intervenue quelques heures après la prestation de serment de Tiémoko Meyliet Koné, le nouveau vice-président ivoirien, nommé par le chef de l’État, mardi, devant le Congrès réuni à Yamoussoukro.
Pas de grand changement
Les principaux ministres ont, dans leur grande majorité, conservé leur poste. Ainsi de Kandia Camara, une proche du président et pilier du parti au pouvoir, qui conserve son poste de ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, selon le décret lu par le secrétaire général de la présidence Abdourahmane Cissé.
Téné Birahima Ouattara, l’influent frère du président, garde aussi le portefeuille stratégique de la Défense, toujours avec le titre de ministre d’État. Troisième ministre d’État dans l’ordre protocolaire, Kobenan Kouassi Adjoumani reste à l’Agriculture. Le général Vagondo Diomandé, autre fidèle du chef de l’État, est reconduit à l’Intérieur. Le ministre de la Réconciliation nationale, Kouadio Konan Bertin, visé par une enquête après des accusations de viol en septembre dernier, est maintenu à son poste.
Deux nouvelles personnalités font leur entrée dans la nouvelle équipe de Patrick Achi, dont Françoise Remarck, l’ancienne patronne de Canal+ Côte d’Ivoire, nommée à la Culture. Les postes de secrétaires d’État du précédent gouvernement ont été supprimés et certains ministères fusionnés.
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— Presidenceci (@Presidenceci) April 20, 2022
Un technocrate à la vice-présidence
Plus tôt dans la journée, le vice-président Tiémoko Meyliet Koné avait prêté serment après avoir été nommé la veille par le président Ouattara. « Je jure solennellement et sur l’honneur de respecter la Constitution, de remplir consciencieusement les devoirs de ma charge, dans le strict respect de ses obligations et avec loyauté à l’égard du président de la République », a déclaré cet économiste qui était depuis 2011 le gouverneur de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) qui couvre les pays de l’Uemoa, à savoir le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo. « Que le président de la République me retire sa confiance si je trahis ce serment », a-t-il ajouté devant les membres du Conseil constitutionnel venus pour l’occasion au palais présidentiel d’Abidjan.
Tiémoko Meyliet Koné a également été directeur de cabinet du Premier ministre Guillaume Soro entre 2007 et 2010, ministre de la Construction, puis conseiller spécial du président de la République Alassane Ouattara, chargé des questions économiques et monétaires. Le poste de vice-président, sanctuarisé dans la dernière réforme constitutionnelle de 2016, était vacant depuis juillet 2020 et la démission de Daniel Kablan Duncan pour « convenance personnelle ».
Selon l’article 62 de la Constitution, le vice-président devient président « de plein droit » en cas de vacance « par décès, démission ou empêchement absolu » de ce dernier. « L’article 62 fait du vice-président, en cas de vacance du pouvoir, non pas un intérimaire, mais de droit un président de la République chargé de poursuivre et de terminer le mandat en cours », a rappelé, mercredi, le président du Conseil constitutionnel, Mamadou Koné.
Si ces nominations au sein de l’exécutif relancent la question de la succession d’Alassane Ouattara, elles donnent surtout le coup d’envoi d’un nouveau cap pour le nouveau gouvernement qui va devoir vite se retrousser les manches tant les attentes des Ivoiriens sont immenses, notamment sur la question de la cherté de la vie. En dépit d’un contexte sécuritaire complexe et d’une situation liée à la pandémie de Covid-19, le pays a réalisé « une très bonne performance économique avec une croissance de 7,4 % en 2021 », a affiché le président ivoirien, il y a quelques jours. Mais comme de nombreux pays du continent, la Côte d’Ivoire fait face à une inflation des prix des produits de première nécessité qui frappe les ménages les plus pauvres, une situation aggravée récemment par la guerre en Ukraine. D’autant plus que le pays est aussi confronté à la menace djihadiste dans sa partie nord.