L’élimination du paludisme passe inéluctablement par l’arrivée d’un vaccin antipaludique. Il est en bonne voie et va permettre de sauver des millions d’enfants sur le continent.
Il sera célébré, ce lundi, la Journée mondiale de lutte contre le paludisme, qui continue à faire des ravages. Mais, l’espoir de sauver des millions de vies va passer par l’avancée de la science avec, par exemple, le vaccin antipaludique.
Plus d’un million d’enfants au Ghana, au Kenya et au Malawi, ont reçu une ou plusieurs doses du premier vaccin antipaludique au monde, grâce à un programme pilote coordonné par l’Oms. «Les projets pilotes de vaccin antipaludique, lancés pour la première fois par le gouvernement malawien en avril 2019, ont démontré que le vaccin antipaludique est sans danger, qu’il pouvait être administré et réduisait considérablement les cas graves et mortels de paludisme», note-t-elle. L’Oms estime que le vaccin, s’il était déployé à grande échelle, pourrait sauver la vie de 40 à 80 mille enfants africains supplémentaires chaque année.
Dans ce cadre, l’Alliance Gavi a recueilli plus de 155 millions de dollars des Etats-Unis, selon l’Organisation mondiale de la santé, pour appuyer l’introduction du vaccin antipaludique dans les pays remplissant les conditions requises pour bénéficier de son appui en Afrique subsaharienne, ainsi que pour appuyer l’approvisionnement en vaccins antipaludiques et leur distribution dans ces pays.
«Au début de ma carrière, lorsque j’étais chercheur sur le paludisme, je rêvais du jour où nous aurions un vaccin efficace contre cette maladie aux conséquences effroyables», a déclaré Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’Oms. «Ce vaccin ne constitue pas seulement une percée scientifique, il change la vie des familles de part et d’autre du continent africain et témoigne de la puissance de la science et de l’innovation pour la santé. Malgré cela, il est urgent de mettre au point des outils plus nombreux et plus performants pour sauver des vies et atteindre l’objectif d’un monde sans paludisme», enchaîne-t-il.
Il faut noter que Rts-S est un vaccin de première génération, qui pourrait être complété à l’avenir par d’autres vaccins d’efficacité égale ou supérieure. Selon l’Oms, «des progrès sont réalisés dans la mise au point du R21/Matrix-M et d’autres vaccins candidats contre le paludisme, qui en sont aux premiers stades de leur développement clinique».
«La réussite des essais cliniques relatifs à ces vaccins sera importante pour déterminer les profils d’innocuité et d’efficacité de ceux-ci. L’Oms accueille, par ailleurs avec satisfaction, l’annonce de BioNTech, fabricant du vaccin Pfizer-BioNTech contre la Covid-19, qui entend mettre au point un vaccin antipaludique en utilisant la technologie de l’ARNm», révèle-t-elle.
Par ailleurs, il y a de nouveaux médicaments en préparation pour intensifier la lutte contre le paludisme. Il y a déjà une approbation de l’Australian therapeutic goods administration, de comprimés dispersibles de tafénoquine à dose unique, destinés à prévenir le paludisme à P. vivax chez les enfants. La Federal drug administration des Etats-Unis et des organismes de réglementation des médicaments d’autres pays -notamment le Brésil, le Pérou et la Thaïlande- ont en outre approuvé l’utilisation de la tafénoquine chez l’adulte.
La tafénoquine, en dose unique, devrait favoriser l’observance du traitement par le patient. La norme actuelle en matière de soins consiste en un traitement médicamenteux d’une durée de 7 ou 14 jours, note l’Oms. «Plusieurs autres médicaments antipaludiques dotés de nouveaux modes d’action pour le traitement des cas de paludisme sans complication et de paludisme grave, sont en phase de conception. L’Association ganaplacide/ luméfantrine, actuellement en essai clinique de phase II, est la première combinaison thérapeutique sans artémisinine ; elle pourrait contribuer à faire avancer la lutte contre le paludisme pharmacorésistant, d’apparition récente en Afrique», précise l’Organisation mondiale de la santé.
Au-delà de la résistance aux médicaments, la résistance des moustiques aux insecticides, un vecteur invasif du paludisme qui prospère dans les zones urbaines et rurales, et l’émergence et la propagation de parasites P. falciparum mutés (en anglais), qui entravent l’efficacité des tests de diagnostic rapide, constituent aussi des menaces dans la lutte contre le paludisme. «Pour les juguler, il sera essentiel de mettre au point des stratégies et outils novateurs et de faire un usage plus stratégique des outils déjà disponibles», poursuit l’Oms.
Il faut savoir que les fonds alloués aux travaux de recherche-développement liés au paludisme, ont atteint un peu plus de 619 millions de dollars en 2020, alors qu’un investissement annuel moyen en recherche-développement de 851 millions de dollars sera nécessaire pour la période 2021-2030.