Une étude de l’University College de Londres affirme que 49 % de la population des insectes a disparu dans les zones qui sont dégradées par l’agriculture intensive et touchées par le réchauffement climatique.
L’étude publiée, dans la revue Nature, est la première à identifier le lien entre la hausse des températures, l’utilisation intensive des terres, et la disparition massive des insectes à travers la Planète entière. Les chercheurs ont étudié 20.000 espèces différentes d’insectes sur 6.000 localités réparties dans toutes les régions du globe.
Ils ont comparé le nombre et la diversité des insectes sur chaque zone par rapport au niveau de dégradation des terres lié à l’agriculture et à la progression du réchauffement climatique sur le lieu. Dans les zones où les terres sont transformées par l’agriculture intensive et où la hausse des températures est la plus forte, le nombre d’insectes est 49 % plus bas que dans les zones restées naturelles et avec un réchauffement limité.
Dans ces zones davantage préservées, avec une agriculture présente mais plus limitée et une hausse moins importante des températures, la diminution du nombre d’insectes reste malgré tout importante : leur population a également diminué de 29 %. Dans les habitats qui sont restés naturels à 75 %, la population d’insectes a diminué de 7 %. Les zones dont les terres sont dégradées à 75 %, et dont il ne reste que 25 % d’habitats naturels, ont vu leur population d’insectes diminuer de 63 %.
Les insectes disparaissent à un rythme alarmant dans les régions tropicales
Les régions tropicales, connues pour leur biodiversité particulièrement riche, sont celles qui sont le plus touchées par la disparition des insectes. L’agriculture intensive et le réchauffement climatique font office de double peine pour les insectes : la plupart d’entre eux, surtout dans les zones tropicales, ont besoin de l’ombre apportée par les arbres et plantes sauvages pour survivre à la chaleur et au soleil brûlant de la journée. Or, dans un contexte plus chaud lié au réchauffement climatique, l’agriculture intensive a fait disparaître une grande partie de cette ombre.
Une partie des insectes avait déjà commencé à disparaître avant l’étude et probablement même avant la découverte de nombreuses espèces.
Dans les zones dégradées par l’agriculture intensive, les populations de pollinisateurs sont 70 % moins importantes que dans les terres naturelles. Les auteurs de l’étude précisent que la perte estimée dans leur étude n’est que le sommet de l’iceberg et pourrait être en fait bien plus importante.
Une partie des insectes avait déjà commencé à disparaître avant l’étude et probablement même avant la découverte de nombreuses espèces, le monde des insectes restant encore largement méconnu. De plus, les chercheurs se sont limités aux paramètres du réchauffement et de l’utilisation des terres, sans prendre en compte les effets de la pollution.
Quelles sont les solutions proposées ? Il n’est pas question de remettre en cause le besoin vital de champs agricoles, mais il est nécessaire de préserver les habitats naturels autour des zones agricoles (haies, zones boisées…), stopper l’expansion de l’agriculture intensive, et réduire les émissions de gaz à effet de serre pour limiter le réchauffement climatique.
Les chercheurs de Londres rappellent l’importance primordiale des insectes dans l’écosystème : il s’agit d’espèces clés indispensables à la chaîne alimentaire, mais également pour la survie de l’espèce humaine. Continuer à perdre les populations d’insectes, et en particulier celles des pollinisateurs, pourrait menacer notre sécurité alimentaire dans les prochaines années.
huffington