UNE SAISON DES PLUIES « GLOBALEMENT HUMIDE » ANNONCÉE AU SAHEL

Le Forum 2022 sur les prévisions saisonnières des caractéristiques agro-hydro-climatiques de la saison des pluies pour les zones soudanienne et sahélienne (PRSEASS) dit tabler cette année sur une saison des pluies « globalement humide » au Sahel.

Cette prévision découle de la synthèse de ses travaux tenus lundi à Abuja (Nigeria), sous l’égide du Centre AGRHYMET du CILSS, le Comité inter-États de lutte contre la sécheresse au Sahel.

Cette rencontre a été également marquée par la participation de l’ACMAD, le Centre africain pour les applications de la météorologie au développement, ainsi que des services nationaux de météorologie et de l’hydrologie (SNMH), en collaboration avec l’Organisation mondiale de la météorologie (OMM) et des organismes des grands bassins fluviaux.

« Une saison des pluies 2022 globalement humide est attendue au Sahel, avec des dates de démarrage précoces à moyennes, des dates de fin tardives à moyennes, des séquences sèches courtes à moyennes dans la partie Ouest et moyennes à longues dans la partie Est et des écoulements globalement excédentaires à moyens dans les principaux bassins fluviaux », lit-on dans un communiqué.

Selon ce texte, ces prévisions « sont basées sur l’analyse de la situation actuelle, des évolutions probables des températures de surfaces des océans (TSO), des modèles statistiques issues des données des SNMH, des connaissances des experts sur les caractéristiques du climat dans la région et des prévisions des centres mondiaux ».

Il précise que le consensus issu de cette analyse a permis d’établir des prévisions se rapportant à la valeur moyenne de chaque paramètre sur la référence climatologique 1991-2020.

Le communiqué fait ainsi état de « quantités de pluies moyennes à excédentaires sur la période mai-juin-juillet, dans la majeure partie de la bande sahélienne allant du Tchad à la côte sénégalo-mauritanienne et aux îles du Cabo Verde, moyennes à déficitaires dans les zones littorales du sud Sierra Leone, du Liberia et du sud-ouest de la Côte d’Ivoire et déficitaires à moyennes sur le sud-est du Nigéria élargi au sud-ouest Cameroun ».

« En juillet-août-septembre, il est attendu des précipitations excédentaires à moyennes sur la même bande sahélienne et moyennes à déficitaires sur le sud-est Nigeria », ajoute la même source.

Les prévisionnistes tablent de même sur des dates de début de saison « précoces à moyennes sur la zone sahélo-soudanienne couvrant le Sénégal, la Gambie, la Guinée Bissau, la Guinée, la Sierra Leone, le Burkina Faso, quelques îles du Cabo Verde, les parties sud de la Mauritanie, du Mali, le sud-ouest du Niger, les parties nord de la Côte d’Ivoire, du Ghana, du Togo, du Bénin, du Nigeria et le centre du Tchad ».

Ils prévoient par ailleurs des dates de fin de saison « tardives à moyennes sur la bande sahélienne allant des Iles du Cabo Verde au Tchad en passant par le Sénégal, la Gambie, la Guinée Bissau, la Guinée, le Burkina Faso, les parties sud de la Mauritanie, du Mali, du Niger, du Tchad et les parties Nord des pays du Golfe de Guinée (Sierra Leone, Côte d’Ivoire, Ghana, Togo, Benin et Nigeria) ».

Il est de même à prévoir des durées de séquences sèches « plus courtes à moyennes en début de saison sur les bandes soudanienne et sahélienne de l’Afrique de l’Ouest et du Tchad, sauf sur le sud-ouest du Niger, le nord-est du Benin et le nord-ouest du Nigeria où des séquences sèches moyennes à longues sont prévues ».

« Vers la fin de la saison, indique le communiqué, les séquences sèches seraient également plus courtes à normales sur la moitié ouest de la bande soudano-sahélienne et normales à longues sur la moitié est ».

Compte tenu de la situation de crise alimentaire et nutritionnelle « assez critique qui prévaut actuellement dans la sous-région », le Forum PRSEASS préconise « la mise en œuvre scrupuleuse » de dispositions pouvant « contribuer à alléger les difficultés auxquelles font face les populations vulnérables, à l’issue de la saison ».

Selon le communiqué, « de fortes recommandations sont sorties du forum pour faire face au risque d’inondations devant le caractère globalement pluvieux, attendu pour la saison des pluies 2022 dans les zones soudanienne et sahélienne de l’Afrique de l’Ouest et du Tchad qui présage des risques élevés d’inondations pouvant entrainer des pertes de récoltes, de biens matériels et en vies animales et humaines dans les localités exposées ».

Le Forum « suggère de renforcer la communication des prévisions saisonnières et de leurs mises à jours afin d’informer, sensibiliser les communautés sur les risques et créer les conditions de leur mise à l’abris, à travers notamment l’appui de la presse, des plateformes de réduction des risques de catastrophes, des ONG et des SAP des pays, renforcer la veille et les capacités d’intervention des agences en charge du suivi des inondations, de la réduction des risques de catastrophes et des aides humanitaires ».

Les prévisionnistes recommandent aussi « une sensibilisation et une diffusion des informations d’alerte sur les maladies à germes climato-sensibles, en collaboration avec les services de météorologie et de santé ».

« Face au risque de maladies, les zones humides et celles inondées peuvent être favorables au développement des germes de maladies (choléra, malaria, dengue, bilharziose, etc.). Aussi, les séquences sèches moyennes à longues attendues notamment dans certaines parties du Sahel-Est, pourraient occasionner une persistance de hautes températures et des vents de poussières favorables à la prolifération d’autres germes de maladies épidémiques’’, notent-ils.

« En ce sens, poursuivent-ils, il est conseillé de renforcer les capacités des systèmes nationaux de santé et des plateformes nationales de réduction de risques de catastrophes’’.

« Face au risque de sécheresse, en dépit de caractère globalement humide attendu de la saison des pluies 2022, il n’est pas exclu d’observer des séquences sèches relativement longues pouvant entrainer des déficits hydriques notamment dans certaines localités de la bande sahélienne », préviennent-ils.

« Pour atténuer les risques sur la croissance des cultures et des plantes fourragères, il est recommandé de choisir les espèces et variétés de cultures tolérantes au déficit hydrique dans les zones exposées, d’adopter des techniques culturales de conservation des sols et de l’eau, de diversifier les pratiques agricoles, à travers la promotion de l’irrigation et du maraîchage pour réduire le risque de baisse de production et prévenir la prolifération de la chenille mineuse de l’épi du mil », peut-on encore lire.

« Ainsi, pour mieux tirer profit de la saison des pluies, au regard du caractère globalement humide attendu de la saison des pluies 2022 dans les zones soudanienne et sahélienne de l’Afrique de l’Ouest et du Tchad, agriculteurs, éleveurs, gestionnaires des ressources en eau, sont invités à investir davantage dans les cultures à hauts rendements tolérantes vis-à-vis des conditions humides (riz, canne à sucre, tubercules, etc.) », souligne le communiqué.

lateranga

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