Un accord entre La France insoumise et ses partenaires PS et EELV en vue des législatives semblait se dessiner vendredi à l’approche de la date butoir, mais la course d’obstacles n’est pas terminée, notamment avec les socialistes qui ont suspendu leurs échanges.
Forte des 22% des voix de son candidat Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle, La France insoumise a lancé des discussions bilatérales notamment avec EELV, le PCF et le Parti socialiste, afin de trouver un accord aux législatives et se donner une chance d’envoyer le tribun Insoumis à Matignon.
La direction du PS a fait un pas en avant vendredi matin, en souscrivant dans les grandes lignes aux « marqueurs » du programme de LFI: augmentation du Smic à 1.400 euros nets par mois, retraite à 60 ans, planification écologique, abrogation de la loi El Khomri (réformant le code du travail), VIe République, par exemple.
Ils avancent également, mais avec des « divergences », sur la question de la « désobéissance aux traités européens » que souhaite LFI alors qu’eux, soulignent-ils, refusent de « mettre en danger la construction européenne ».
Mais les socialistes assument que « la mise en œuvre du programme que nous construisons conduira nécessairement à (…) ne pas respecter certaines règles », évoquant notamment leur refus d’un « retour du pacte de stabilité ».
Parmi les points qui restent sensibles, le PS liste « la défense de la République laïque et universaliste » et « la nécessité d’un soutien plein et entier à la nation ukrainienne, à sa liberté et à sa souveraineté », face à la position « non-alignée » sur les Etats-Unis de LFI.
Les discussions ont repris dans la matinée au siège de LFI. A sa sortie à la mi-journée, le négociateur du PS Pierre Jouvet a indiqué: « A ce stade, nous avons encore un certain nombre de désaccords. Nous allons encore en parler dans la journée, mais pour l’instant, nous avançons ».
Mais peu après annonce surprise: la délégation a suspendu les négociations, intimant à LFI de « rompre avec toute logique hégémonique et accepter la pluralité ».
Une partie des socialistes refuse ce rapprochement historique avec le mouvement de Jean-Luc Mélenchon, décidé la semaine dernière lors d’un Conseil national du PS.
Citant Pierre Mendès-France, la présidente de la région Occitanie Carole Delga, notoirement en conflit avec LFI, a tweeté: « La morale en politique interdit que stratégie et convictions divergent, fût-ce pour des motifs d’opportunité transitoire ».
L’ex-président François Hollande avait déjà mis en garde jeudi contre une « disparition » du PS en cas d’accord, et le courant minoritaire du PS, mené par la maire de Vaulx-en-Velin, Hélène Geoffroy, a dénoncé « une reddition » à LFI.
Cette avancée est aussi critiquée par les macronistes: le ministre des Relations avec le Parlement Marc Fesneau estime dans un tweet que le PS a « abjuré (…) contre son idéal, ses figures historiques » et « contre l’honneur », la députée européenne Nathalie Loiseau qu’il « a vendu son âme pour un plat de lentilles ».
« Accord en vue » avec EELV
Du côté des écologistes, où les négociations avec LFI s’étaient tendues depuis deux jours, les discussions reprennent vendredi après-midi au siège des insoumis.
« On pourrait avancer aujourd’hui », a indiqué à l’AFP le secrétaire national d’EELV Julien Bayou, estimant qu’il n’y avait « rien d’absolument insurmontable, mais rien de certain ». Sur France 2, il s’est montré optimiste: « J’estime que l’accord est en vue », et « pourquoi pas un 1er-Mai commun en soutien aux syndicats », dimanche.
Il avait formulé mercredi de sévères critiques concernant notamment la question du « label commun », qui ne peut pas être selon lui uniquement celui de LFI, « l’Union populaire », et le nombre de circonscriptions réservées aux écologistes, trop faible à ses yeux.
Mais des « échanges officieux » ont eu lieu depuis avec LFI, précise M. Bayou pour expliquer l’évolution.
EELV a pu aussi être bousculé par l’accord trouvé jeudi entre LFI et Générations, membre de leur pôle écologiste, ainsi que par les avancées avec le PS.
Un élu EELV résume à l’AFP: « 99,9% des militants d’EELV souhaitent un accord. On fait confiance à Julien Bayou pour y arriver. Et je pense qu’il le souhaite aussi ».
Les communistes et le NPA, pour qui subsistent des points de contentieux, doivent aussi venir au siège de LFI vendredi après-midi, a indiqué le député LFI Eric Coquerel.
AFP