Aujourd’hui c’est la journée mondiale de l’asthme, une maladie chronique très fréquente. À l’âge adulte, les femmes sont davantage atteintes que les hommes et plus nombreuses à être hospitalisées des suites d’une crise ; environ 2,5 fois plus selon le rapport d’une association anglaise. Pourquoi cette maladie est-elle si sévère chez les femmes ?
[EN VIDÉO] Les crises d’asthme augmentent en cas d’orage chez les personnes âgées Cette vidéo retrace le lien, pas forcément évident, qui existe entre crises d’asthme et une météo orageuse. En effet, des scientifiques américains montrent que quelques jours avant un orage, plus de personnes se rendent aux urgences pour un problème respiratoire.
Pollen, allergie respiratoire, activité physique ou encore pollution atmosphérique sont des déclencheurs bien connus des crises d’asthme, mais il y en aurait un autre bien moins étudié par les scientifiques : les hormones sexuelles féminines. Un rapport de l’association anglaise Asthma + Lung UK indique que les femmes âgées de 29 à 40 ans ont 2,5 fois de risques d’être admises à l’hôpital à la suite d’une crise d’asthme que les hommes.
L’asthme concerne plus les femmes à l’âge adulte
Durant l’enfance, les garçons sont plus nombreux à faire de l’asthme, mais la puberté inverse la balance. À l’adolescence et à l’âge adulte, les femmes asthmatiques sont plus nombreuses que les hommes. Le phénomène est très net en observant l’incidence de l’asthme adulte selon le sexe : 5,9 cas pour 1.000 personnes-années chez les femmes contre 4,4 cas pour 1.000 personnes-années chez les hommes selon la dernière étude sur le sujet qui date de 2005. Certains experts de l’asthme pensent que les hormones sexuelles féminines sont impliquées dans les crises d’asthme et dans leur gravité chez les femmes. Bien que de nombreuses études aient été menées sur le sujet, les résultats restent partiels et les mécanismes sous-jacents mal compris. Des facteurs socio-économiques, environnementaux ou biologiques autres que les hormones pourraient être aussi impliqués.
Les patientes atteintes d’asthme constatent des différences dans la gravité de leurs symptômes en fonction de la période du cycle menstruel. Poppy Hadkinson, une Anglaise de 30 ans, témoigne pour l’association Asthma + Lung UK : « Il semblait y avoir un schéma dans mes symptômes, lié à mon cycle menstruel. Presque tous les mois avant mes règles, je souffrais d’asthme. Mes symptômes rendaient ma respiration difficile, ce qui était terrifiant, et je me retrouvais souvent à l’hôpital. Les crises d’asthme que j’ai subies étaient si graves que j’avais été ventilée quatre fois quand j’avais 22 ans et je me demandais si j’irais jusqu’à mon prochain anniversaire ».
L’asthme lié aux hormones
Les témoignages n’ont pas de valeur scientifique, mais suggèrent l’existence d’un phénomène que la science ne comprend pas encore. Selon une étude parue en 2022 dans Journal of Asthma and Allergy, les symptômes de l’asthme peuvent varier tout au long de la vie de la femme, de la puberté à la ménopause, pendant le cycle menstruel et la grossesse. Les traitements hormonaux les affectent aussi. La pilule semble limiter l’apparition de nouvelles crises, alors que les hormones de substitution prescrites après la ménopause les favorisent. Beaucoup d’associations, mais pas le lien de causalité clairement établi.
« En comprenant le rôle des hormones sexuelles dans l’asthme, nous pourrions transformer la vie de trois millions de femmes avec la maladie au Royaume-Uni et plusieurs millions de femmes en plus à travers le monde. Nous avons un besoin urgent d’investir davantage dans la recherche dans ce domaine afin que nous puissions trouver de nouveaux traitements et mieux utiliser les traitements existants pour aider des millions de femmes et sauver des vies », explique Sarah Woolnough, présidente d’Asthma + Lung UK.
La question est d’autant plus importante que l’asthme adulte diffère beaucoup de l’asthme infantile. Plus sévère et chronique, le pronostic de la maladie est moins bon et les chances de rémissions plus faibles chez les adultes. La plupart des femmes présentent les symptômes de l’asthme adulte, mais chez certains hommes, l’asthme reste infantile et donc moins sévère. Avec une étiologie plus complexe et une maladie plus sévère, les femmes sont plus susceptibles de mourir de l’asthme que les hommes.
Les chiffres d’Asthma + Lung UK indiquent que plus des deux tiers des décès dus à l’asthme concernaient des femmes — 5.100 femmes contre environ 2.300 hommes. L’association conseille aux asthmatiques, hommes comme femmes, de suivre leur traitement selon les recommandations des médecins et de faire un bilan tous les ans pour prévenir au mieux les crises.
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