Émeute dans une prison en Équateur : 200 détenus évadés ont été « recapturés »

Security forces stand guard inside the Bellavista prison as Ecuador's National Police chief of operations, general Geovanny Ponce (out of frame) visits the premises, in Santo Domingo de los Colorados, some 80 km (50 miles) from Quito, on May 10, 2022, a day after a deadly riot. - Ecuadoran police on Tuesday said 200 convicts who escaped following a deadly prison riot have been recaptured in 24 hours, with 20 still at large. At least 44 inmates died after a fight broke out Monday between the rival Los Lobos and R7 gangs at Bellavista prison. (Photo by Rodrigo BUENDIA / AFP)

Des détenus de la prison Bellavista, en Équateur, s’étaient évadés lundi après des affrontements entre bandes armées. Le lendemain, deux cents prisonniers ont été « recapturés » par les forces de sécurité.

Au lendemain d’une évasion massive de la prison surpeuplée de Bellavista en Équateur à la faveur d’une émeute meurtrière qui a fait au moins 44 morts, deux cents détenus évadés ont été « recapturés » par les forces de sécurité, mardi 10 mai.

Ils ont été retrouvés grâce aux patrouilles et aux points de contrôle de la police et de l’armée, a précisé le chef des opérations de la police, le général Geovany Ponce.

Au total, 220 prisonniers se sont évadés à la faveur de ces affrontements entre deux bandes rivales dans la prison de Bellavista, dans la province de Santo Domingo de los Tsachilas. La police avait fait état, lundi soir, de 112 détenus « recapturés » et de 108 autres toujours dans la nature.

Les autorités offrent jusqu’à 3 000 dollars de récompense à ceux qui aideraient à capturer la vingtaine de prisonniers toujours manquants.

Une « boucherie », selon les proches éplorés des victimes
Mardi, désespérés et en pleurs, des dizaines de parents et proches des prisonniers patientaient toujours devant la prison de Bellavista dans l’attente de nouvelles des leurs, a constaté l’AFP.

« Ils ne nous donnent aucune information. Ils disent que des jeunes hommes se sont échappés pour sauver leur vie, que d’autres vont être transférés », a déclaré Leisi Zambrano, sans nouvelle de son frère.

« Il y a beaucoup de mères qui, à ce jour, n’ont pas reçu de nouvelles de leurs proches, qui ne savent même pas s’ils sont vivants », a ajouté cette femme au foyer de 48 ans.

Dès qu’elle a entendu parler des affrontements, Leisi explique avoir accouru aux premières heures du matin à la prison, avec d’autres membres de sa famille. « Nous avons entendu les prisonniers appeler à l’aide, qu’on ne les laisse pas mourir », raconte-t-elle, en commentant : « C’est une boucherie à l’intérieur. »

Des vidéos circulent sur les réseaux sociaux, montrant un amas de corps ensanglantés, dénudés et mutilés, sur le sol couvert d’hémoglobine d’une salle commune. Ou encore des cadavres jonchant les couloirs de la prison, à côté de matelas que les assaillants ont vraisemblablement tenté d’incendier.

Une enquête et une réforme réclamées
Selon le ministre de l’Intérieur, Patricio Carrillo, des membres du gang « Los Lobos » (« Les Loups ») ont « attaqué » à l’arme blanche les membres de la faction rivale des « R7 ».

Pour tenter d’endiguer la violence, six leaders de ces gangs ont depuis été transférés par hélicoptère de Bellavista vers deux prisons de haute sécurité ailleurs dans le pays.

« Ces incidents inquiétants soulignent une fois de plus la nécessité urgente d’une réforme complète du système de justice pénale », a commenté la porte-parole du Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme. La Commission interaméricaine des droits de l’Homme (CIDH) a, quant à elle, condamné les violences et demandé une enquête « rapide, sérieuse et impartiale ».

Ce qui s’est passé dans la prison de Bellavista « va se refléter dans les quartiers (des villes) où opèrent les gangs qui se sont affrontés », a déclaré à l’AFP Luis Saavedra, militant des droits de l’Homme. « Plus il y a de violence dans les prisons, plus il y aura des meurtres dans ces quartiers. »

Les affrontements, souvent d’une extrême violence, sont récurrents dans les prisons équatoriennes, où près de 400 détenus ont trouvé la mort depuis février 2021, en incluant ces derniers affrontements.

 AFP

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