Après 50 ans de silence, des responsables d’une division spéciale du cœur de la Défense américaine vont faire un effort de transparence en présentant leurs conclusions sur un vaste rapport sur les OVNIs paru en juin dernier.
Pendant des décennies, le public et les chercheurs n’ont eu de cesse de se demander s’il y avait ou non des aliens parmi nous. La plupart de ces raisonnements se basent sur les observations des fameux Objets Volants Non Identifiés, véritables stars de la science-fiction kitsch du début du siècle dernier. Au fil du temps, l’idée que ces visiteurs interstellaires puissent nous avoir rendu visite s’est heurtée à un scepticisme de plus en plus important, faute de pouvoir produire une preuve indiscutable. Mais le Congrès américain veut apparemment changer cet état d‘esprit.
D’après le New York Times, les sénateurs américains tiendront bientôt une audience ouverte officielle sur les véhicules aériens non identifiés – une première depuis plus d’un demi-siècle. Et il ne s’agit pas d’un attroupement d’hurluberlus névrosés et coiffés de chapeaux en papier aluminium.
L’administration souhaite en effet aborder la question sous un angle on ne peut plus sérieux. Parmi les intervenants, nous trouverons notamment deux très hauts responsables de la défense américaine. Ils livreront notamment leur analyse d’un document publié en juin dernier.
Le Pentagone va présenter ses conclusions
Le document en question est un vaste rapport commandé par le Congrès. Il tentait de faire la lumière sur pas moins de 144 incidents curieux survenus depuis 2004; tous demeurent inexpliqués à ce jour, à une exception près.
Ce rapport a eu le mérite de confirmer deux points importants. En premier lieu, ils ont déterminé que la majorité de ces phénomènes représentaient bien “des objets physiques”. Dans un second temps, ils ont aussi affirmé qu’aucun d’entre eux n’était lié de près ou de loin à une technologie secrète testée par l’armée américaine.
Congress hasn't held a public hearing on unidentified aerial phenomena (UFO's) in over 50 years. That will change next week when I lead a hearing in @HouseIntel on this topic & the national security risk it poses. Americans need to know more about these unexplained occurrences.
— André Carson (@RepAndreCarson) May 10, 2022
En revanche, les auteurs du rapport se sont tout de même refusés à toute conclusion tranchée. Ils expliquaient notamment que la documentation rattachée à ces observations était très peu concluante. “Nous manquons de données pour déterminer si ces objets appartiennent à un programme étranger ou s’ils sont indicatifs d’une avancée technologique majeure d’un adversaire potentiel”, expliquait le rapport.
C’est pour tenter de faire la lumière sur ces questions que le Congrès a organisé cette audience complémentaire. Certains des principaux intervenants seront issus d’un groupe de travail spécialisé du Pentagone; il suit de près toutes les questions à l’intersection de la sécurité aéronautique et de la sécurité nationale. Leurs conclusions promettent donc d’être assez intéressantes.
En finir avec un vieux tabou
Avec cette audience ouverte, le gouvernement américain espère lever ce qu’elle considère comme un tabou contre-productif. En substance, le raisonnement est simple; si l’on se contente de rire au nez de ceux qui présentent ce genre d’observations, on prend aussi le risque de passer à côté de découvertes importantes.
En effet, en plus du scepticisme de rigueur, la plupart des témoignages d’OVNIs sont aujourd’hui accueillis avec un certain dédain. De nombreux indices potentiellement intéressants pourraient ainsi passer à la trappe sans recevoir l’attention qu’ils méritent; une situation qui pourrait avoir des conséquences non seulement sur le plan scientifique, mais aussi en termes de défense et même de sécurité de l’espace aérien.
“Puisqu’il s’agit d’un domaine qui intéresse fortement le public, tout secret malvenu serait un obstacle à la résolution du mystère. Cela pourrait aussi nous empêcher de trouver des solutions à des vulnérabilités potentielles”, explique André Carson, le sénateur de l’Indiana qui est également responsable d’un comité dédié au contre-terrorisme et au contre-espionnage.
“L’objectif de cette audience, c’est d’examiner les étapes que le Pentagone peut suivre pour réduire la stigmatisation dont sont victimes les pilotes militaires, ou même les aviateurs civils, lorsqu’ils rapportent ce genre d’événements”, précise-t-il.
Un effort de transparence après un long silence
Et pour y parvenir, le gouvernement ne voit qu’une solution. Il considère désormais qu’il doit embrasser son rôle dans “la contextualisation et l’analyse de ces rapports”, d’après Adam B. Schiff, responsable du House Intelligence Committee.
Après la publication du rapport en juin dernier, cette audience confirme un changement de cap majeur de la part de l’Oncle Sam. Car traditionnellement, le gouvernement américain s’est toujours montré très frileux au moment de communiquer la moindre information sur ce sujet.
En effet, le dernier congrès national sur ce sujet s’est tenu en 1969. Soit il y a plus de 50 ans. A l’époque, les participants avaient conclu qu’aucun de ces OVNIs ne présentait de technologie inconnue. Ils ont aussi déterminé qu’il n’y avait pas l’ombre d’une preuve pour affirmer qu’il s’agissait d’extraterrestres. Mais depuis, l’administration s’est quasiment murée dans le silence et n’aborde quasiment jamais le sujet en détail.
Un silence qui a nourri l’imagination des passionnés, mais aussi entretenu un “cercle vicieux de secret excessif et de spéculation”. Dans certains cas, cela a même consolidé de véritables psychoses. On peut par exemple citer le mystère qui entoure la fameuse Zone 51; cette base secret-défense dont certains considère qu’il s’agit d’un centre d’étude sur des extraterrestres est désormais bien intégrée au folklore de la science-fiction.
Il sera intéressant de voir si cette audience parviendra à rétablir une communication saine entre le gouvernement et le public sur la question des OVNIs. Nous vous donnons donc rendez-vous mardi 17 mai prochain pour connaître les conclusions des spécialistes du Pentagone.
New York Times