Allons-nous tous mourir de chaud d’ici 2100 ?

Alors que l’Inde subit des températures extrêmes depuis deux mois, l’université d’Hawaï estime que 74 % de la population humaine pourrait être confrontée à des vagues de chaleur mortelles d’ici 2100 si les émissions de gaz à effet de serre continuent à augmenter au même rythme.

L’Inde et le Pakistan ont récemment été confrontés à des températures avoisinant les 50 °C pendant plusieurs jours. Si l’impact réel sur la mortalité n’a pas encore été communiqué, les services de santé indiens ont déjà estimé que le nombre de personnes tuées par la chaleur en Inde depuis 1967 s’élève à au moins 40.000. Ce chiffre est probablement largement sous-estimé compte-tenu de la difficulté de l’Inde à obtenir des données sur la santé de sa population la plus pauvre et isolée. Plus près de chez nous, la canicule de référence en Europe, celle de l’été 2003, avait été responsable du décès d’au moins 70.000 personnes (dont 15.000 en France) en l’espace d’un mois et demi. En 2010, la vague de chaleur en Russie avait causé la mort d’au moins 10.000 personnes à Moscou.

48 à 74 % de la population sous un risque de chaleur mortelle d’ici 2100
Le corps humain ne peut pas fonctionner normalement avec une température interne supérieure à environ 37 °C, or les vagues de chaleur, surtout lorsqu’elles sont associées à de l’humidité, peuvent faire grimper la température corporelle largement au-dessus. Les conclusions de l’université d’Hawaï, publiées dans la revue Nature Climate Change, tendent vers un scénario particulièrement noir pour l’Humanité. Les trois quarts de la population mondiale pourraient mourir de chaud d’ici 80 ans si le climat continue de se réchauffer à la même vitesse. Si l’humanité décidait entre temps de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de manière drastique, ce chiffre alarmant descendrait alors à 48 % selon les estimations des chercheurs. Actuellement, l’université estime à 30 % la part de la population exposée à au moins 20 jours de chaleur potentiellement mortelle par an. « En ce qui concerne les vagues de chaleur, nous avons le choix entre un scénario futur mauvais, ou terrible » selon l’auteur principal de l’étude, Camilo Mora.

New York et Londres verront également leurs jours de fortes chaleurs exploser
Les zones au climat tropical seront les plus à risques, car la chaleur humide y est présente toute l’année, contrairement aux zones situées plus au nord où ces conditions météo ne sont présentes que l’été. De plus, la température est déjà naturellement élevée sur les tropiques, donc il suffit simplement d’une simple légère hausse pour que la chaleur atteigne un seuil mortel.

Si les vagues de chaleur sont évidemment bien plus mortelles dans les pays qui ne bénéficient pas assez de l’accès à l’air conditionné, elles tuent également dans les grandes agglomérations modernes. Parmi les grandes villes ayant connu un taux de mortalité important lors des dernières canicules, on trouve par exemple New York, Washington, Los Angeles, Chicago, Toronto, Londres, Pékin, Tokyo, Sydney et São Paulo. Bien que située au nord des États-Unis, la ville de New York pourrait connaître 50 jours de chaleur potentiellement mortelle par an d’ici 2100. Ce nombre de jours à risque élevé pour la santé humaine s’élèvera à 30 par an pour Los Angeles et 20 par an pour Sydney en Australie. Pour des villes américaines qui bénéficient déjà d’un climat chaud et humide, comme Orlando en Floride et Houston au Texas, le nombre de jours de chaleur mortelle d’ici 2100 pourrait dépasser les 90, soit tout l’été !

En ville, comme à la campagne, la chaleur fait des ravages
Les populations les plus isolées sont celles qui disposent le moins de climatisation (qui contribue de plus aux émissions de gaz à effet de serre), et d’un accès aux soins. Mais dans le grandes villes, comme Paris ou New York, le phénomène d’îlot de chaleur urbain fait des ravages. Lors de la canicule de 2003 en Europe, les femmes âgées, sédentaires et seules, ont été les premières victimes. Juste derrière, les hommes âgés de 25 à 64 ans, en raison du fait qu’ils sont majoritaires à travailler dehors. En plus des effets directs de la chaleur sur le risque de mortalité, des conséquences indirectes augmentent les risques sur la santé : le développement de virus et de maladies vectorielles (liées aux moustiques notamment) dans les zones chaudes et humides, mais aussi les risques liés au dangereux mélange de la chaleur et de la pollution à l’ozone. Face à ces menaces, une seule solution, réduire de manière historique nos émissions de gaz à effet de serre. Un changement qui n’a pas encore été amorcé puisque les émissions de CO2 et de méthane ont encore atteint un niveau record en 2021.

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