Boeing et la NASA sont prêts pour tester à nouveau la capsule spatiale Starliner

Depuis son test en orbite raté de décembre 2019, le véhicule de Boeing est à l’arrêt. En cause, une longue enquête, des déboires techniques persistants et de nombreux retards.

Pour enfin tirer un trait sur ce passage à vide, la mission OFT-2 devrait décoller dans la nuit du 19 au 20 mai. Un moment clé. Il faut dire que Boeing a dépensé sans compter…

Starliner : 3, 2, 1, décollage ?
Cette fois, il faut que ça marche. La capsule Starliner et son lanceur Atlas V sont prêts et vont rejoindre sous peu le site de lancement 41 à Cape Canaveral.

À bord, lors du décollage prévu dans la nuit de jeudi à vendredi (le 20 mai à 00 h 54 Paris), il n’y aura aucun astronaute pour cette mission OFT-2, ou Orbital Flight Test . Ou du moins, aucun humain… Car le mannequin « Rosie » reprend du service à bord et devrait, si tout se passe bien, rejoindre la Station spatiale internationale la nuit suivante, pour un amarrage automatisé.

La capsule Starliner restera alors attachée à l’ISS durant 5 à 10 jours, selon les opérations et les tests à bord. Sans oublier la météo, en particulier les vents, sur le site de récupération… Avant de se désamarrer et de traverser l’atmosphère pour se poser avec ses parachutes dans le désert du Nouveau-Mexique. C’est le dernier test, la dernière validation pour Starliner avant d’obtenir l’autorisation de transporter des astronautes de la NASA.

Mission pour Boeing, ne pas s’attarder sur le passé
Malgré tout, la tension sera au rendez-vous. Le profil de la mission paraît simple, lorsque l’on connait le ballet organisé régulièrement par Soyouz, ou les aventures de la capsule Crew Dragon de SpaceX ces deux dernières années (déjà sept missions habitées)… Il n’y a pourtant aucune place pour l’erreur, et les équipes de Boeing le savent bien.

En décembre 2019 pour le vol OFT-1, l’horloge de bord de Starliner, mal réglée, avait commandé une suite de manœuvres d’orientation au mauvais moment, vidant les réservoirs le temps d’être corrigée. Puis, deux jours plus tard, alors que la capsule revenait faute d’avoir pu approcher l’ISS, elle avait manqué de peu d’être percutée par son propre module de service.

La NASA avait ordonné une longue enquête, dont les résultats étaient peu glorieux, pour Boeing comme pour l’agence. Car cette dernière reste chargée, dans ce partenariat public-privé, des vérifications pour la certification du vol. Les déboires de Starliner ne se sont pourtant pas arrêtés là : après une longue période de corrections et de retards, la capsule enfin prête sur son site de lancement en août 2021 n’avait pu décoller, la faute à une série de vannes défectueuses sur ses propulseurs. Un défaut qui n’est toujours pas identifié à 100% aujourd’hui, les responsables de Boeing expliquant qu’ils allaient peut-être demander un changement de conception… sur un prochain vol.

Le temps presse
Ce troisième essai doit donc bien se passer. Un impératif pour la NASA d’une part, qui souhaite absolument garantir l’accès de ses astronautes vers l’orbite basse (et donc avoir deux fournisseurs indépendants). Mais pour Boeing aussi, car l’agence américaine paie un prix fixe : tout dépassement est à la charge de l’industriel. Et le géant de Seattle, en plus d’un problème d’image évident, a déjà dépensé plus de 595 millions de dollars sur le dossier Starliner depuis 2019.

Un gouffre pour une capsule qui compte trois ans de retard sur celle de SpaceX, qui n’a pas encore de commande de missions privées et qui ne pourra au mieux emmener des astronautes pour des rotations régulières vers l’ISS que dans un an (un essai de vol habité devrait avoir lieu hors équipage de longue durée).

Starliner pourrait-elle survivre à de nouveaux problèmes ? Rien n’est moins sûr, il y aura donc beaucoup de monde pour croiser les doigts dans la nuit du 19 au 20 mai…

clubic

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