L’Organisation météorologique mondiale (OMM) publie ce mercredi 18 mai son rapport sur l’état du climat en 2021. Si 2016 a été plus chaude, celle-ci bat tout de même d’autres tristes records.
« C’est une litanie lamentable de l’échec de l’humanité à lutter contre le réchauffement climatique ». Le propos liminaire d’Antonio Guterres en ouverture du rapport donne le ton. Le secrétaire général des Nations unies en livre pourtant un résumé fidèle : le rapport de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) sur l’état du climat en 2021 est glaçant, sans mauvais jeu de mot.
+1,1 degré par rapport à l’ère pré-industrielle. Les sept dernières années sont les plus chaudes jamais enregistrées, et 2021 ne déroge pas à la règle. Si l’année dernière ne bat pas le triste record de 2016, c’est en partie à cause du phénomène de La Nina, explique Omar Baddour, responsable du bureau du suivi du climat à l’OMM : « Il y a eu un refroidissement provisoire des eaux du Pacifique équatorial et d’une grande partie de l’hémisphère sud. Cela a conduit à des températures plus fraîches qu’en 2020. »
Des niveaux inédits
Cela dit, 2021 est bien l’année la plus chaude en présence d’un phénomène de La Nina. Quatre indicateurs ont ainsi atteint des niveaux jamais relevés auparavant. Le niveau de la mer monte à un rythme de plus en plus soutenu, de 4,5 mm par an. Cela s’explique par deux facteurs : plus l’eau des océans est chaude, plus elle se dilate, augmente son volume et monte. Le phénomène est exacerbé par la fonte des glaces continentales, notamment en Antarctique et au Groenland. Ce dernier a d’ailleurs pour la première fois connu des pluies au sommet de la station de Summit, pourtant installée au sommet d’un glacier à 3 216 m.
Autre triste record concernant les océans : ils n’ont jamais été aussi acides. Cela est à mettre en lien avec la concentration de CO2 dans l’atmosphère qui atteint, elle aussi, des niveaux jamais enregistrés auparavant. En effet, les océans ont un rôle de puits de carbone. Au contact entre l’eau et l’atmosphère, le CO2 compris dans celle-ci se dissout dans l’océan. Cela permet de capturer une partie des émissions dues à l’activité humaine, mais en contrepartie acidifie l’eau.
« Pour l’instant, l’océan joue encore son rôle d’absorption des gaz à effet de serre émis par l’homme, observe Omar Baddour, de l’OMM. Il absorbe entre 25 et 30 % des excès de ces gaz, notamment du CO2, mais au détriment de la qualité des eaux. Cela endommage la biomasse et la biodiversité marine ». Les océans ne sont décidément pas épargnés par le réchauffement climatique, puisque leur température grimpe de plus en plus et de plus en plus profondément, une fois encore de manière inédite dans les relevés. En 2021, tous ont connu au moins un épisode majeur de vague de chaleur.
Une litanie de catastrophes
De manière générale, qui dit année plus chaude, dit également événements extrêmes plus fréquents. Le dernier rapport de l’OMM aligne ainsi une litanie de catastrophes tout autour de la planète. Des canicules comme ces 54,4 degrés enregistrés en Californie le 9 juillet 2021, du jamais vu depuis les années 1930 ; des inondations terribles – en Europe centrale et en Allemagne, notamment – qui ont causé plus de 20 milliards de dollars de dégâts ; des ouragans, comme Ida, qui a frappé la Louisiane en août dernier. Ce sont cette fois 75 milliards de dollars de dégâts.
Il y a enfin les sécheresses qui ont touché de très nombreuses régions du monde : le Canada, les États-Unis, l’Iran, l’Afghanistan, la Turquie… La corne de l’Afrique et Madagascar en particulier sont ainsi frappés par un événement de sécheresse intense depuis près de deux ans, avec des effets dévastateurs sur la sécurité alimentaire. L’OMM et une autre agence onusienne, la FAO, estiment ainsi que plus d’un million de personnes y ont besoin d’une assistance urgente.
Les événements climatiques extrêmes poussent également de nombreuses personnes à prendre la route. Les déplacés climatiques se comptent désormais par millions, écrit l’OMM, principalement en Asie, à la suite de tempêtes tropicales et d’inondations, mais également en Afrique, au Soudan, en Éthiopie, et au Niger.
RFI