Le président américain a annoncé, mercredi, la mise en place d’un pont aérien et le recours à une loi datant de la guerre froide pour venir à bout de la pénurie de lait pour bébé qui sévit aux États-Unis.
Nom de l’opération : « Fly Formula », littéralement en français « Envol du lait en poudre ». Le président Joe Biden a annoncé, mercredi 18 mai, la mise en place d’un pont aérien et le recours à une loi datant de la guerre froide pour tenter de résoudre la pénurie de lait pour bébé aux États-Unis, devenue un casse-tête politique pour son administration.
Le ministère de la Défense « utilisera ses contrats avec des compagnies aériennes commerciales de fret, comme il l’a fait pendant les premiers mois de la pandémie de Covid-19, pour transporter des produits provenant d’usines à l’étranger » satisfaisant les normes de sécurité américaines, a précisé la Maison Blanche dans un communiqué. Ce projet permettra d' »accélérer l’importation et la distribution de lait pour bébé », apportant un soutien aux « fabricants qui continuent à augmenter leur production », a ajouté l’exécutif.
Priorité des chaînes de production
Joe Biden a aussi fait appel au « Defense Production Act », texte hérité de la guerre froide, afin d’exiger des producteurs des ingrédients nécessaires à la production de lait infantile qu’ils livrent en priorité les fabricants de cette denrée indispensable aux parents de jeunes enfants.
« Demander aux entreprises de prioriser et d’affecter (leurs ressources) à la production des ingrédients clés du lait pour bébé facilitera l’accroissement de la production et accélérera les chaînes d’approvisionnement », souligne la Maison Blanche.
I’m taking two new steps to increase baby formula supply:
– Invoking the Defense Production Act to increase domestic production
– Launching Operation Fly Formula to use federal planes to fly formula in from abroadWe're making sure safe formula gets to all who need it. pic.twitter.com/lnkxsaCY6T
— President Biden (@POTUS) May 18, 2022
Initialement causée par des problèmes sur ces mêmes chaînes d’approvisionnement et un manque de main d’œuvre en raison de la pandémie, la pénurie de lait pour bébé a été aggravée par la fermeture, en février, d’une usine du fabricant Abbott dans le Michigan, après un rappel de produits soupçonnés d’avoir provoqué la mort de deux nourrissons.
L’agence américaine du médicament (FDA) a fini par dédouaner le lait, mais il a fallu attendre lundi pour qu’Abbott passe un accord avec la justice américaine afin de pouvoir redémarrer la production dans cette usine.
« Aussi vite que possible »
Cette pénurie très rare de ce produit essentiel pour de nombreux parents a tourné à la crise politique pour le président démocrate, très critiqué par l’opposition républicaine.
Joe Biden, soucieux de souligner son action face à ce problème qui plombe encore sa cote de popularité à moins de six mois des élections parlementaires de mi-mandat, a aussi adressé une lettre, mercredi, à ses ministres de la Santé et de l’Agriculture.
« Je vous demande de prendre toutes les mesures possibles et appropriées pour importer davantage de lait pour bébé », leur écrit-il a propos de l’opération « Fly Formula », notant au passage que les efforts de son administration pour relancer la production après l’arrêt de l’usine du Michigan ont permis de produire « plus de lait pour bébé en avril qu’avant le rappel » des lots mis en cause.
Le ministre de l’Agriculture, Tom Vilsack, a immédiatement répondu, assurant dans un communiqué que ses services commenceraient « immédiatement » à mettre en œuvre les directives présidentielles afin de pourvoir les magasins en lait pour bébé « aussi vite que possible ».
Désarroi
Le groupe alimentaire Nestlé, qui dispose de deux usines aux États-Unis pour la production de lait infantile, avait déjà annoncé, mardi, son intention d’acheminer des quantités additionnelles de ce produit par avion aux États-Unis, depuis la Suisse et les Pays-Bas.
Selon le fournisseur de données Datasembly, le taux de rupture de stock de préparations de lait pour nourrissons avait atteint 43 % à la fin de la semaine dernière aux États-Unis.
Pour beaucoup de familles, le lait maternisé est une nécessité, en particulier dans les foyers modestes où les mamans, contraintes de reprendre le travail immédiatement après l’accouchement, ne peuvent pas allaiter. À leur inquiétude s’est ajoutée la hausse des prix.
Leur désarroi est visible sur les réseaux sociaux, où des publications partagées des centaines de milliers de fois appellent les parents à fabriquer leur propre lait pour bébé – ce qui, préviennent les pédiatres, risque de rendre les nourrissons malades.
AFP