Des organisations humanitaires parlent d’une « guerre de l’eau » et évoquent des faits très graves. Des individus, non encore identifiés, saboteraient les installations hydrauliques, pollueraient les points d’eau de manière ciblée et attaqueraient les transports, menaçant la sécurité de plus de 250.000 personnes au Burkina-Faso.
Présence terroriste sur place
C’est le cas notamment à Djibo, ville du nord du Burkina Faso, où des pompes et les forages ont été détruits. Rien que cette année, 32 installations hydrauliques auraient été attaquées.
Dans la région, des centaines de milliers de personnes ont déjà fui, en raison du terrorisme et de la violence. « Ils sont venus dans notre quartier pour nous dire que nous avions 24 heures pour partir », raconte Aminata, qui a trouvé refuge à Ouagadougou, la capitale burkinabè, laissant derrière elle toute sa famille dont elle n’a pas de nouvelles. « Je sais seulement qu’ils sont partis et qu’ils sont vivants. Je ne peux pas rester ici à Ouagadougou. Toute ma famille est à Djibo : mon mari, mes enfants, ma mère ».
Marine Olivesi, la porte-parole du Conseil norvégien pour les réfugiés au Burkina Faso, ne cache pas son inquiétude. Elle assure que les attaques ont commencé en février. « Avant cela, la population disposait d’environ 3 à 6 litres d’eau par jour et par personne », explique-t-elle. « C’est déjà un chiffre inquiétant, car selon l’Organisation mondiale de la santé, 7 litres d’eau constituent le minimum pour la survie d’une personne. Depuis ces attaques, les gens ont consommé la moitié de l’eau disponible. Cela signifie qu’une personne à Djibo a actuellement moins de 3 litres d’eau par jour ».
Aggraver sciemment la situation sécuritaire
Les groupes terroristes et des bandes armées sont accusés. Ils utiliseraient l’eau comme une arme. Leur objectif supposé : aggraver encore la situation sécuritaire déjà difficile dans le pays. Depuis 2015, des attentats extrémistes y sont régulièrement perpétrés. Il s’agit de faire régner la terreur au nom d’un islam radical, mais aussi de contrôler le trafic de drogue.
Le problème s’étend désormais au-delà de la ville de Djibo. Près de 300.000 personnes sont directement touchées par ces attaques contre l’eau, dans des endroits où les médicaments et la nourriture se faisaient déjà rares. Les habitants de Djibo doivent désormais être approvisionnés grâce à des convois de citernes.
Malgré ces efforts, les experts alertent contre le risque d’une crise humanitaire catastrophique. « Les besoins actuels à Djibo pour la population sont de plus de 500 mètres cubes d’eau par jour », exlique Médecins sans frontières. « Malheureusement nous ne pouvons fournir qu’une centaine de mètres cubes. Le risque qui se profile ici : un manque d’eau potable pour la population, c’est-à-dire d’eau pour cuisiner, pour se nettoyer, pour boire ». Médecins sans frontières craint aussi un manque d’eau pour ses activités et ses centres se santé.
dw