Un essai clinique va tester un nouveau virus tueur de cancer sur l’humain

Les virus oncolytiques sont une piste très intéressante dans le cadre de la lutte contre le cancer, et un nouvel essai clinique.

Un traitement expérimental basé sur un virus génétiquement modifié qui s’attaque aux cellules cancéreuses vient d’être administré à un patient humain dans le cadre d’un essai clinique. Les chercheurs espèrent que ces travaux participeront à l’émergence d’une méthode de lutte contre le cancer très prometteuse.

Le traitement en question est construit à partir d’un virus de la famille des Poxviridiae. Comme bon nombre de ses semblables, il commence par s’arrimer à une cellule grâce à un récepteur à la surface de la cellule ciblée; il se débarrasse ensuite de ses couches externes pour pénétrer dans la cellule. Il peut alors commencer à utiliser son arsenal biologique dans le cytoplasme, le compartiment qui occupe le plus gros du volume.

Une fois bien installé, il démarre un cycle de reproduction qui conduit à l’éclatement, et par extension à la mort de la cellule. Et c’est ce mécanisme que de nombreux chercheurs tentent de militariser en développant ces virus dits “oncolytiques”. Ces souches sont modifiées pour cibler spécifiquement les cellules qui présentent des marqueurs cellulaires associés au cancer tout en épargnant les cellules saines.

Cette approche présente un autre avantage. Lorsque la cellule visée éclate, elle libère des tas de nouvelles particules virales. Elles sont alors identifiées comme des antigènes par l’organisme. En pratique, cela déclenche une sorte d’alerte immunologique; cela permet à l’organisme de recruter de nouveaux acteurs du système immunitaire. Ces derniers participeront à leur tour au combat contre les cellules cancéreuses.

Des résultats préliminaires encourageants et un essai clinique lancé

Dans l’ensemble, ce concept fonctionne plutôt bien. Il a déjà été testé avec succès sur plusieurs populations d’animaux. Mais c’est aussi une approche qui peut avoir des conséquences dévastatrices sur l’organisme. Il faut donc redoubler de précautions au moment d’envisager un test sur des humains. C’est l’un des facteurs qui expliquent le faible nombre d’essai clinique à grande échelle jusqu’à présent. Aujourd’hui, il n’existe qu’un seul traitement de ce genre approuvé aux États-Unis, et il est réservé à un type précis de cancer de la peau, le mélanome. A l’échelle du monde, il n’y a que quatre traitements à base de virus oncolytiques qui sont autorisés.

L’essai de l’institut de recherche californien City of Hope et de l’entreprise de biotechnologies australienne Imugene est donc un nouvel exemple qui ambitionne de faire avancer cette technologie très intéressante, mais encore balbutiante. Ces travaux seront menés sur un panel de 100 volontaires. Tous sont atteints d’une forme très grave de cancer; il présentent des tumeurs mortelles, extrêmement tenaces et potentiellement métastasées qui ont résisté à au moins deux traitements standard comme la chimiothérapie, l’immunothérapie traditionnelle ou la radiothérapie.

Dans un premier temps, il permettra de vérifier que cette approche est tolérable pour le patient. Evidemment, il faudra aussi s’assurer qu’elle ne représente aucun danger supplémentaire pour sa santé. C’est évidemment un critère fondamental. Car avec un tableau clinique aussi grave, la moindre contrainte supplémentaire peut avoir des conséquences graves.

Une fois que les effets secondaires auront été documentés minutieusement, il s’agira ensuite de vérifier que le bilan du traitement est effectivement positif. Généralement, cela passe par de longues analyses statistiques; elles permettent d’évaluer objectivement et précisément à quel point le traitement fait régresser la tumeur.

Une nouvelle phase de la lutte contre le cancer ?

Et si cette étape est également un succès, les chercheurs pourront ensuite étudier l’efficacité du traitement lorsqu’il est combiné à des méthodes déjà utilisées. C’est à ce stade qu’il sera possible de juger de la pertinence de ce traitement dans un contexte clinique normal.

Pour toutes ces raisons, il ne faut donc pas s’attendre à des résultats concluants avant plusieurs années. Mais il y a tout de même de quoi être enthousiaste. Car ces travaux déjà prometteurs ne sont pas le seuls à avancer. C’est aussi le cas de nombreux autres essais à base de virus oncolytiques qui sont explorés en ce moment. Et ensemble, ils pourraient bien contribuer à redéfinir les termes de la lutte contre le cancer.

“Cela pourrait changer la donne à cause de leur efficacité, mais aussi grâce à leur capacité à recruter et activer d’autres cellules immunitaires“, explique la chirurgienne et oncologue Susanne Warner citée par Interesting Engineering. Il conviendra donc de suivre l’évolution de cette technologie avec une attention toute particulière;  elle fait partie des candidats les plus prometteurs pour pouvoir enfin lutter efficacement contre ce fléau de santé publique.

imugene

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