Chez les patients atteints d’une forme grave ou longue de la maladie à la Covid-19, des troubles de la coagulation ont souvent été observés. Le système immunitaire du patient pourrait être impliqué dans les mécanismes menant à ce type de symptômes.
C’est maintenant une chose bien connue de tous : la Covid-19 est une maladie systémique et touche de nombreux organes. Le virus SARS-CoV-2 ne se limite pas aux poumons et peut durer longtemps. La liste des organes pouvant être affectés ne fait que s’allonger : cœur, reins, yeux, nez, cerveau… et coagulation sanguine. Pourquoi le virus touche autant d’organes ? Une équipe a peut-être trouvé quelques éléments de réponse. Leurs travaux ont été publiés dans la revue Journal of American Chemical Society.
La protéine Spike peut former de l’amyloïde
La thématique de recherche de cette équipe porte sur les protéines anormalement repliées, responsable de différentes maladies dont la maladie d’Alzheimer. Ils ont observé des similitudes entre les symptômes des maladies des protéines mal repliées et la maladie à Covid-19. En effet, le repliement des protéines et leur structure 3D dans l’espace sont essentiels à leur fonction. Un type de repliement particulier, nommé amyloïde, favorise l’agrégation de protéines en plaques. Les symptômes dépendent de la localisation de celles-ci.
La protéine Spike est la protéine clé du coronavirus : c’est celle qui lui permet de se fixer et de pénétrer les cellules humaines. À l’aide d’une simulation informatique, les auteurs ont constaté que celle-ci a la capacité de se replier et de former de l’amyloïde.
Comment se forme l’amyloïde ?
Dans la maladie d’Alzheimer, la formation d’amyloïde est précédée d’une étape au cours de laquelle notre organisme découpe de grosses protéines en plus petites. Dans cette étude, les auteurs montrent qu’une enzyme de notre système immunitaire a la capacité de découper la protéine Spike du coronavirus en plusieurs morceaux. L’un des fragments obtenus correspond exactement à la partie de la protéine la plus susceptible de former de l’amyloïde.
Au début d’une infection à Covid-19, les polynucléaires neutrophiles sont produits en grande quantité. C’est justement ce type de cellules qui libère l’enzyme capable de découper la protéine Spike. Les auteurs ont mis en contact des protéines Spike entières pures et l’enzyme d’intérêt : des fibrilles d’amyloïde se sont formées.
Quel lien avec les troubles de la coagulation ?
La fibrine est une protéine qui circule dans le sang. Son rôle est de permettre la coagulation. En cas de lésions d’un vaisseau, elle facilite le rebouchage du trou. Lorsque la cicatrisation est faite, c’est la plasmine qui vient rompre le bouchon. Les auteurs ont constaté qu’en présence d’amyloïde provenant de la protéine Spike, la plasmine ne pouvait jouer son rôle. Cela pourrait expliquer pourquoi le SARS-CoV-2 entraîne la formation de caillots sanguins. Par ailleurs, ce type de troubles est couramment observé dans les maladies liées à la formation d’amyloïde.
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