Pékin et Moscou ont mis jeudi leur veto à une résolution américaine imposant de nouvelles sanctions à Pyongyang à la suite de ses tirs de missiles balistiques. Une division du Conseil de sécurité de l’ONU qui pourrait profiter à la Corée du Nord. Les pourparlers avec Pyongyang sont au point mort depuis l’échec d’un sommet en 2019 entre le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un, et le président américain de l’époque Donald Trump.
La Chine et la Russie ont mis jeudi 26 mai leur veto au Conseil de sécurité de l’ONU à une résolution des États-Unis imposant de nouvelles sanctions à la Corée du Nord afin de sanctionner ses tirs de missiles balistiques, affichant avec éclat la division de l’instance au risque d’en faire profiter Pyongyang.
Les treize autres membres du Conseil ont de leur côté voté en faveur du texte, qui prévoyait notamment une réduction des importations de pétrole brut et raffiné par Pyongyang.
En coulisses, plusieurs alliés de Washington ont déploré son insistance à organiser un vote en sachant que la Chine et la Russie utiliseraient leur veto. Pour les Américains, « c’était pire de ne rien faire », « pire que le scénario de deux pays bloquant la résolution », explique un ambassadeur sous couvert d’anonymat.
Division au Conseil de sécurité de l’ONU
Les tirs de missiles balistiques, y compris intercontinentaux, sont « une menace pour la paix et la sécurité pour l’ensemble de la communauté internationale », avait souligné avant le vote de l’ambassadrice américaine à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield.
Son homologue chinois, Zhang Jun, a estimé que la démarche américaine « éloignait le Conseil du dialogue et de la conciliation ». Avant le vote, il avait affirmé le désaccord « total » de Pékin « à toute tentative de faire […] de l’Asie un champ de bataille ou d’y créer des affrontements ou des tensions ».
Zhang Jun a appelé les États-Unis à « travailler à promouvoir une solution politique », en soulignant que de nouvelles sanctions auraient des conséquences humanitaires en Corée du Nord, qui a récemment admis des cas de Covid-19 dans le pays.
L’ambassadeur russe à l’ONU, Vassily Nebenzia, a accusé les États-Unis d’ignorer les appels de Pyongyang à mettre fin à leurs « activités hostiles » et à engager le dialogue. « Il semble que nos collègues américains et occidentaux souffrent de l’équivalent du blocage de l’écrivain. Ils semblent n’avoir aucune réponse aux situations de crise autre que l’introduction de nouvelles sanctions », a-t-il déclaré.
Nouvel essai nucléaire, nouvelle provocation
Le projet de résolution américain prévoyait aussi d’interdire les exportations nord-coréennes de combustibles minéraux, de montres et d’horloges, et toute vente ou transfert à Pyongyang de tabac. Le texte visait en outre à accroître la lutte contre les cyber-activités de Pyongyang.
Après le rejet de ce projet et un affichage clair de la division du Conseil de sécurité de l’ONU sur le dossier nord-coréen, cette instance risque d’avoir du mal à maintenir la pression pour faire appliquer les sanctions décidées pour la dernière fois en 2017, craignent des diplomates.
À l’époque, répondant à des essais nucléaires et de missiles balistiques, le Conseil avait montré son unité en adoptant à trois reprises des sanctions économiques contre la Corée du Nord dans les domaines du pétrole, du charbon, du fer, de la pêche ou du textile.
Si la Corée du Nord a développé son armement balistique et dispose de plusieurs bombes atomiques, elle n’est pas encore parvenue, selon des diplomates, à associer les deux technologies afin d’avoir un missile à tête nucléaire. Elle a procédé cette semaine à de nouveaux tirs de missiles, dont probablement son plus gros missile balistique intercontinental, peu après une visite en Asie du président américain Joe Biden. Washington et Séoul ont aussi averti que Pyongyang pourrait mener sous peu un septième essai nucléaire, qui serait son premier en cinq ans.
Les pourparlers avec Pyongyang sont au point mort depuis l’échec d’un sommet en 2019 entre le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un et le président américain de l’époque Donald Trump. Le régime nord-coréen a ignoré toutes les offres de dialogue formulées par Washington, qui se dit depuis l’an dernier ouvert au dialogue.
AFP