A trois mois de l’élection, « les mercenaires » des réseaux sociaux sont au cœur de la campagne.
A l’approche de l’élection présidentielle du 9 août prochain, un grand nombre d’influenceurs kényans offrent leurs services aux candidats. Si certains le font par conviction politique, bien d’autres y voient une occasion de faire de l’argent, quitte à publier tout et n’importe quoi.
Prêt à diffuser
Au Kenya, comme ailleurs, les réseaux sociaux sont devenus un champ de bataille incontournable lors des campagnes électorales. Et pour la présidentielle de 2022, les influenceurs locaux sont en première ligne. Avec leurs dizaines de milliers d’abonnés, leurs pages Facebook et comptes Twitter sont devenus des mines d’or à exploiter. Bon nombre d’entre eux proposent en effet aux hommes politiques de diffuser leurs idées, répondre aux critiques ou même lancer des rumeurs sur leurs adversaires. Il suffit juste de payer. Créer et faire monter un mot-dièse (hashtag) peut, par exemple, être facturé 400 euros par jour.
« A partir du moment où (les influenceurs) ont cultivé leur audience en ligne, ils la monétisent, cela signifie qu’ils poussent des contenus pour quiconque peut payer. »
Alphonse Shiundu de l’organisation Africa Check
à l’AFP
De la manipulation à haut risque
Fausses nouvelles, faux sondages, images truquées, discours de haine… Le tout est diffusé en toute impunité. Or, cette manipulation risque d’avoir des conséquences graves au Kenya qui a connu à plusieurs reprises des violences meurtrières en période électorale. Dans un communiqué commun publié en avril dernier, six organisations de la société civile ont alerté sur la menace que fait peser la désinformation en ligne.
« Nous sommes inquiets que les influenceurs sur les réseaux sociaux soient devenus des mercenaires qui fabriquent de la désinformation et du discours haineux. »
Six organisations de la société civile au Kenya
dans un communiqué
Le détournement des réseaux sociaux, notamment en période électorale, n’est pas un phénomène nouveau au Kenya. Cette pratique était évidente lors des élections précédentes, comme le souligne un article de The Conversation (lien en anglais) qui cite notamment comme exemple le scandale Cambridge Analytica.
La société britannique, qui utilisait les données personnelles des utilisateurs de Facebook pour faire de la communication ciblée, a joué un rôle important dans la publication délibérée de fausses nouvelles lors des campagnes de 2013 et 2017 remportées par l’actuel président Uhuru Kenyatta.
Cette année, la bataille électorale oppose deux principaux candidats : l’actuel vice-président William Ruto et le vétéran Raila Odinga.
franceinfo