Un accord sur un projet d’embargo progressif de l’Union européenne sur le pétrole russe, actuellement bloqué par la Hongrie, pourrait intervenir prochainement. Une première étape cruciale. Mais à terme, l’UE souhaite se passer de tous les hydrocarbures russes, y compris le gaz, dont elle est très dépendante.
Pour cela, l’Europe cherche la parade et donc, un nouveau fournisseur. L’un des meilleurs espoirs est le Qatar, gros producteur de gaz naturel, parmi les cinq premiers mondiaux. Surtout, c’est aussi un pays qui investit énormément dans cette énergie. Le Qatar prévoit une augmentation de 64% de sa production de gaz naturel d’ici cinq ans.
Mais le pays a des revendications qui créent des points de blocage dans les négociations de contrats. Tout d’abord, le Qatar souhaite un accord sur le long terme, d’au moins dix ans, pour s’assurer de rentabiliser ses investissements. De son côté, l’Union européenne préfère s’engager pour cinq ans seulement car au-delà, ses objectifs de réductions d’émissions de CO2 sur lesquels les Etats membres se sont engagés seraient mis à mal.
Le tarif réglementé de vente (TRV) du gaz naturel vendu par Engie va augmenter de 8,7%© MYCHELE DANIAU © 2019 AFP Le tarif réglementé de vente (TRV) du gaz naturel vendu par Engie va augmenter de 8,7%
Autre point de crispation, la question du prix. Le Qatar souhaite que le gaz soit indexé sur le cours du pétrole, alors que le GNL venu du Qatar est déjà plus cher que d’autres car il vient de plus loin.
Enfin, les deux parties doivent se mettre d’accord sur les conditions de cet accord. L’Allemagne a par exemple l’habitude de réacheminer et de revendre les flux de gaz à ses voisins. Le Qatar souhaite imposer une clause de destination pour l’en empêcher, ce que l’UE trouve inaccepable. Deux compagnies gazières allemandes, RWE et Uniper, poursuivent toujours leurs discussion avec le pays du Golfe.
L’Afrique du Nord, une alternative moins fiable
Mais le gaz du Qatar ne suffira pas à répondre aux besoins des Etats membres. D’autres pays pourraient aussi appprovisionner l’UE, notamment ceux d’Afrique du Nord qui disposent de grandes réserves, à l’image de l’Algérie ou de la Libye. Ils sont déjà reliés aux pays du sud de l’Europe comme l’Italie et l’Espagne. Les gazoducs existent déjà.
Mais l’Algérie fait actuellement du chantage à l’Espagne, qui a apporté publiquement son soutien au projet d’autonomie marocain, suscitant la colère d’Alger. En conséquence, les exportations de gaz vers Madrid ont déjà chuté de 35% en avril.
En revanche, l’Algérie a noué de nouveaux contrats avec l’Italie. Une bonne nouvelle pour le pays qui s’est aussi rapproché de la Libye pour se fournir en gaz. Mais la situation politique dans le pays n’est pas stabilisée, ce qui crée des perturbations dans la production.
L’Afrique du Nord aussi des alternatives pour se passer du gaz russe, mais elles ne sont pas très fiables. Ces dernières semaines, le Sénégal s’est dit prêt à débuter l’exploitation de champs gaziers dans l’Atlantique et à alimenter l’Europe, mais ce ne serait pas avant fin 2023.
bfm