Cette catégorie de la population a longtemps dénoncé la stigmatisation dont elle est victime. Les réactions à cette nouvelle réglementation sont donc largement positives.
« Moi, c’est madame Mwadakoukou Bèkèlè, je suis une personne handicapée, handicap moteur plus particulièrement. Je suis entrée dans la fonction publique à la suite d’une instruction spéciale du président de la République. Je pense que c’était une instruction de 2008 qui a été mise en œuvre en 2009. »
Un emploi, une carrière…
Mwadakoukou Ipité Bikèlè, chef de service à la direction de la protection sociale au ministère des Affaires sociales, à Yaoundé, rappelle que les personnes vivant avec un handicap peuvent avoir un travail, poursuivre une carrière et obtenir des responsabilités.
Il y a 13 ans que cette jeune femme, juriste de 38 ans, est entrée dans la fonction publique. Elle a gravi les échelons d’agent temporaire à chef de service. Il lui reste encore plus de vingt ans de carrière avant de prendre sa retraite. Mais le parcours de cette handicapée moteur n’a jamais été facile.
« Mes difficultés, c’était beaucoup plus le regard de l’autre. C’était aussi l’accessibilité, parce que nous savons que nos établissements ne sont pas toujours construits de façon à accueillir facilement un étudiant en chaise roulante. Il y a les portes qui sont parfois étroites. D’autres fois, nous avons des escaliers et ce n’est pas facile d’accéder. »
Comme Mwadakoukou Bikèlè, 452 personnes handicapées figuraient parmi les 25.000 jeunes diplômés contractualisés dans le cadre d’un vaste recrutement spécial dans la fonction publique, lancé en mars 2011, au lendemain de l’adoption de loi d’avril 2010, portant protection des personnes handicapées au Cameroun.
Décision salutaire
Le décret du Premier ministre du 23 mai dernier vient améliorer l’application de cette loi jugée salutaire par Idriss Ngomtsop, titulaire d’un Master 2 en sociologie et jeune fonctionnaire malvoyant sorti de la plus prestigieuse école du Cameroun : l’Ecole nationale d’administration et de la magistrature.
« J’ai fait mes premiers pas à l’école comme tout autre enfant à l’école primaire, puis au secondaire. Mais lorsque j’ai amorcé le secondaire, j’ai perdu la vue. Et il m’a fallu ensuite passer trois à quatre ans à la maison, d’abord désorienté, parce que je faisais l’enseignement technique, la F4. »
Une scolarité brusquement interrompue durant quatre ans crée forcément un fossé entre les élèves. De nombreux jeunes ayant un handicap enregistrent donc des retards scolaires. Cela justifie donc ce décret du 23 mai qui retire la limite d’âge pour l’admissibilité aux concours administratifs en ce qui concerne les personnes handicapées. Idriss Ngomtsop conseille donc :
« A l’endroit des communautés, des familles, de la société, je leur demande d’investir davantage dans l’éducation de ces personnes qui peuvent être rentables, qui peuvent faire prévaloir leurs compétences acquises à l’école pour être autonomes, se prendre en charge, participer à la vie sociale. »
La limité d’âge aux concours administratifs au Cameroun est généralement de 35 ans. Les personnes vivant avec un handicap ne connaîtront plus cette limite d’âge.
Selon la loi camerounaise, une personne handicapée est toute personne dans l’incapacité d’assurer par elle-même tout ou partie des nécessités d’une vie individuelle ou sociale normale, du fait d’une déficience physique ou mentale, congénitale ou non.
dw