Le jury de la 75e édition du Festival de Cannes, présidé par l’acteur Vincent Lindon, a remis ses prix en consacrant une nouvelle fois le réalisateur suédois, Ruben Östlund, pour son film «Triangle of Sadness». Très bon choix du jury tant ce film a surclassé la compétition.
Et de deux pour le cinéaste suédois, Ruben Östlund qui remporte pour la deuxième fois la Palme d’or du Festival du Cannes avec «Triangle of Sadness» (Triangle de la tristesse) après «The Square» en 2017.
Le prix est largement mérité tant cette satire sur la lutte des classes, structurée en trois chapitres, déroule une critique acerbe de l’Occident et du capitalisme dont le réalisateur annonce la chute en dénonçant les inégalités sociales et l’égoïsme des ultra riches.
Sarcasmes et humour grinçant ponctuent cet opus hilarant très applaudi et apprécié par le public cannois et la critique.
Le prix de l’interprétation féminine est allé récompenser l’actrice iranienne Zar Emir Ebrahimi pour son rôle dans «Les nuits du Mashad» d’Ali Abbasi où elle campe une journaliste de Téhéran qui enquête sur une série de féminicides et qui s’aperçoit rapidement que les autorités locales ne sont pas pressées de voir l’affaire résolue. Dans ce polar situé dans les années 2000, s’inspirant de faits divers et où un serial killer assassine des prostituées pour purifier la ville sainte, il s’agit de dénonciation du machisme et de l’intolérance. Il est vrai que l’actrice a sorti un jeu magistral tout en nuance.
Le prix du scénario a été attribué à «Boy from Heaven» du réalisateur suédois d’origine égyptienne Tarik Salem, un thriller politico-religieux au scénario franchement compliqué.
L’acteur sud-coréen, Song Kang Ho a remporté le prix de l’interprétation masculine pour son rôle dans «Broker» de Kore-Eda Hirokazu, Ce grand acteur a déjà illuminé «Parasite» (Palme d’or 2019) et pour ce dernier rôle, il a été tout aussi performant dans le rôle d’un trafiquant d’enfants.
Le prix du jury a échu en ex æquo à «Les huit montagnes» de Felix Van Groeningen et Charlotte Vandermeech (Belgique) et à l’attachant «Hi-Han» (EO) du Polonais Jerzy Skolimovski. Ces prix du cœur du jury représentent un hommage à la nature, tant les deux films explorent le rapport de l’homme à la nature et aux animaux.
Le prix du 75e anniversaire de Cannes a été attribué aux réalisateurs belges Jean-Pierre et Luc Dardenne, ces gâtés du festival qui ont remporté plusieurs prix sur la Croisette, dont notamment deux Palmes d’or pour «Rosetta» (1999) et «L’enfant» (2005).
Le grand prix est remporté en ex æquo par «Stars at Noon» de la Française Claire Denis et «Close» du Belge Lukas Dhont. Si ce dernier mérite son prix tant son film raconte de manière maîtrisée la rupture d’une amitié fusionnelle entre deux ados, filmée en non-dits, en finesse et en sensibilité, «Stars at Noon» lui, pèche par une histoire alambiquée, au rythme lent qui émousse l’intérêt.
Le prix de la mise en scène a été attribué au Sud-Coréen Park Chant Wook pour «Decision to leave» qui filme la rencontre entre une femme fatale et un policier tout en multipliant les renversements de situation.
Enfin, parmi les grands oubliés du palmarès, «Nostalgia», de l’Italien Mario Martone, une histoire de passé, de mémoire et de rédemption qui aurait mérité certainement amplement le prix de l’interprétation masculine pour le grand acteur Pierfrancisco Favino dans le rôle de Felice.
Enfin, la Caméra d’or a été remportée par «War Pong», coréalisé par les Britanniques Riley Haough et Gina Gammer. Nous y reviendrons.
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