La sénatrice et son chauffeur avaient été kidnappés le 30 avril par des rebelles, demandant l’indépendance des régions Nord-Ouest et Sud-Ouest.
Des soldats ont libéré dans l’ouest du Cameroun plusieurs otages, dont une sénatrice du parti présidentiel enlevée il y a un mois, et tué une dizaine de leurs ravisseurs présumés, des séparatistes armés anglophones, a affirmé mardi l’armée.
Elizabeth Regina Mundi, 79 ans, et son chauffeur avaient été kidnappés le 30 avril par des rebelles qui réclament l’indépendance des régions du Nord-ouest et du Sud-ouest peuplées principalement par la minorité anglophone d’un pays majoritairement francophone.
Dans une opération de l’armée contre « un refuge terroriste », lundi soir à Ashong, dans le Nord-ouest, « plusieurs otages ont été libérés, dont la sénatrice », assure l’armée dans un communiqué, ajoutant : « un détachement militaire tentait une approche du repaire quand « des terroristes lourdement armés ont ouvert un feu nourri (…) tandis que leurs camarades tentaient de s’échapper avec les otages ».
« Une dizaine de terroristes ont été neutralisés », selon la terminologie des autorités pour évoquer des militants indépendantistes qui ont été tués. Rien n’a filtré sur le nombre ou l’identité des autres otages « libérés ».
Une zone en guerre depuis cinq ans
Le conflit séparatiste a éclaté en 2017 dans les deux régions après que le gouvernement a fait sévèrement réprimer des manifestations réclamant une égalité de traitement et plus d’autonomie pour les anglophones, dont une partie s’estime ostracisée par le pouvoir du président Paul Biya, qui, à 89 ans, dirige le Cameroun d’une main de fer depuis près de 40 ans.
Cette guerre a fait plus de 6 000 morts et a déplacé environ un million de personnes en cinq ans, selon le groupe de réflexion International Crisis Group (ICG).
M. Biya se montre intraitable, même à l’égard des revendications des plus modérés pour une solution fédéraliste, et dépêche massivement des forces de sécurité pour tenter de mater la rébellion. Les séparatistes armés, comme les militaires et policiers, sont régulièrement accusés par l’ONU et les ONG internationales de commettre crimes et atrocités contre les civils, principales victimes du conflit.
Les « Ambazoniens » se livrent fréquemment à des kidnappings, le plus souvent contre rançon, notamment de fonctionnaires et plus particulièrement d’enseignants, mais en tuent certains qu’ils accusent de « collaborer » avec Yaoundé. Quelques personnalités connues – ecclésiastiques et politiques notamment – ont également été enlevées depuis cinq ans, mais relâchées.
En janvier dernier, le corps d’un sénateur de l’opposition, l’avocat Henry Kemende, avait été retrouvé criblé de balles à Bamenda après l’attaque de sa voiture, qui avait disparu. Les autorités avaient accusé les séparatistes, mais le meurtre n’a jamais été revendiqué.
Aussitôt après son enlèvement, Mme Mundi était apparue sur une vidéo postée sur les réseaux sociaux lisant, manifestement sous la contrainte, un texte en anglais réclamant l’indépendance, devant les drapeaux des Ambazonian Defence Forces (ADF) et de la « République d’Ambazonie » autoproclamée le 1er octobre 2017 par des séparatistes dans les régions du Sud-ouest et du Nord-ouest.
Son kidnapping avait été revendiqué par deux groupes rebelles, dont les ADF, l’un exigeant une rançon, l’autre la libération de prisonniers, avait alors assuré à l’AFP un haut responsable des services de sécurité sous couvert d’anonymat.
La sénatrice Mundi, originaire du Nord-ouest, est membre du bureau politique du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) de M. Biya.
euronews