La guerre en Ukraine occupe une place prépondérante dans les médias internationaux. Au détriment d’autres conflits, pourtant parfois plus longs, sur le continent africain.
Le 3 juin 2022, cela fera 100 jours que la Russie a commencé à envahir l’Ukraine. Ce conflit a des répercussions économiques dans le monde entier et il accapare l’attention de la plupart des médias. Pourtant, la guerre en Ukraine est loin d’être la seule qui fait rage actuellement… en Afrique, par exemple, une dizaine de conflits, plus discrets sur le plan médiatique, font des victimes chaque jour depuis parfois des décennies.
Sandrine Blanchard a donc demandé à Tom Peyre-Costa, référent pour l’Afrique centrale et de l’ouest au Conseil norvégien pour les réfugiés pourquoi la guerre en Ukraine avait tendance à éclipser les conflits du continent africain.
Des blessés, des morts, des populations déplacées, des familles déchirées, des viols et autres crimes… c’est la réalité de la guerre où qu’elle ait lieu.
Ramesh Rajasingham, directeur de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA, l’a rappelé il y a peu : « Les conflits ont continué à faire de nombreux morts et blessés parmi les civils l’année dernière. Lorsque les hostilités ont lieu dans des zones densément peuplées, les risques de décès et de blessures pour les civils augmentent fortement. Lorsque des armes explosives sont utilisées dans des zones peuplées, environ 90 % des victimes sont des civils, contre 10 % dans les autres zones. »
A souffrances comparables, l’attention portée n’est pas la même
Et pourtant, alors que les humains souffrent partout de la même façon de ces violences, certains conflits attirent davantage l’attention médiatique et politique que d’autres.
La République démocratique du Congo figure en première place d’une liste dressée par le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) qui recense les conflits les plus « négligés » politiquement, financièrement et médiatiquement. La RDC est suivie dans ce classement du Burkina Faso, du Cameroun et du Soudan du Sud.
Cette disparition des radars internationaux de millions de personnes pourtant victimes de plein fouet des conflits est due en partie au désintérêt des dirigeants mêmes de ces pays, « ceux qui, à l’intérieur et à l’extérieur de l’Afrique, ont le pouvoir de créer le changement ferment les yeux sur les vagues d’attaques brutales et ciblées contre les civils qui brisent les communautés », pour reprendre les termes de Jan Egeland, le secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés.
Tom Peyre-Costa, référent pour l’Afrique centrale et de l’ouest au sein de cette même organisation du NRC, identifie en réalité deux grands facteurs qui expliquent cette « négligence » de certaines zones du globe : l’éloignement géographique des pays occidentaux et le fait que la grande majorité des déplacés et réfugiés africains restent sur leur continent d’origine et sont donc « invisibles » pour les occidentaux.
Ceci explique pourquoi la guerre en Ukraine éclipse en ce moment largement les autres crises.
Le Conseil des réfugiés met également en avant que la guerre en Ukraine montre bien qu’il est possible pour les gouvernements, les entreprises privées et les médias internationaux de réagir rapidement à une crise humanitaire quand la volonté politique est là.
dw