La justice américaine a fait saisir des œuvres égyptiennes de grande valeur détenues par le Metropolitan Museum, mais peut-être issues d’un pillage. Un nouvel épisode dans l’enquête qui vise l’ancien patron du Louvre.
La justice new-yorkaise a saisi, le 2 juin, cinq pièces égyptiennes en possession du prestigieux Metropolitan Museum de New York mais potentiellement issues d’un pillage. Les services du procureur de Manhattan confirment qu’il s’agit d’un nouveau développement de l’enquête menée à Paris sur un trafic d’antiquités impliquant l’ancien patron du Louvre, Jean-Luc Martinez.
Scène du Livre de l’Exode
D’après un document judiciaire obtenu par l’AFP, une juge de la Cour suprême de l’État de New York a ordonné le 19 mai la saisie de ces cinq antiquités, dont le portrait funéraire d’une femme daté des années 54 à 68 après J.-C., d’une valeur d’environ 1,2 million de dollars, et un groupe de cinq fragments de lin peints représentant une scène du Livre de l’Exode, daté entre 250 et 450 avant J.-C., évalué à 1,6 millions de dollars. Le site The Art Newspaper, qui a révélé l’information, ajoute que les cinq pièces ont été achetées entre 2013 et 2015 par le Met Museum de New York.
Les enquêteurs précisent également que le portrait, de même que les fragments, auraient été acquis lors d’une vente aux enchères à Paris et que l’un des experts ayant garanti l’origine de ces objets fait lui aussi l’objet d’une enquête.
Sarcophage subtilisé
À Paris, les autorités cherchent à établir si, parmi des centaines de pièces pillées pendant les Printemps arabes dans plusieurs pays du Proche et Moyen-Orient, certaines ont été acquises par le Louvre Abou Dhabi. Plusieurs des protagonistes inculpés, dont le propriétaire d’une galerie à Hambourg, le marchand d’art germano-libanais Roben Dib, placé en détention provisoire par la justice française, sont aussi impliqués dans la vente du sarcophage au Met Museum, selon un rapport de 2019 du bureau du procureur de Manhattan.
Pour l’heure, le musée new-yorkais se contente de renvoyer à une précédente déclaration où il se disait « victime d’une organisation criminelle internationale » et assure « coopérer » avec les autorités. En 2019, le Met avait déjà rendu à l’Égypte un sarcophage doré qu’il avait acheté en 2017 mais qui, à l’issue d’une enquête menée par le département en charge du trafic d’antiquités du bureau du procureur de New York, s’était avéré avoir été volé en 2011, en plein tumulte révolutionnaire dans ce pays.
Le musée avait alors dû brutalement interrompre une exposition consacrée à ce cercueil fabriqué pour Nedjemankh, prêtre du dieu à tête de bélier Heryshef. Sa direction avait présenté ses excuses et s’était engagée à améliorer le processus suivi lors des acquisitions d’objets anciens.
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