Yembilima* se demande qui contrôle désormais ses terres, dans l’est du Burkina Faso. Fin mai, sa commune Madjoari a fini par céder, après un an de siège des djihadistes. « Ils ont attaqué la base militaire, tout le monde a fui, Madjoari est tombée aux mains des terroristes », s’attriste l’élu de cette localité, qui comptait quelque 15 000 habitants, avant la crise. Sur la route, une cinquantaine de personnes auraient été exécutées en cherchant à s’échapper.
« Les groupes ont ligoté les jeunes hommes, les ont emmenés dans la brousse et ont tiré, seuls les femmes et les vieillards ont été épargnés », assure cet homme qui a pu s’entretenir avec des rescapés. Il rapporte que « cinquante autres » civils sont toujours portés disparus.
Le gouvernement n’a toujours pas confirmé le bilan de cette attaque, expliquant que les opérations de recherche se poursuivent pour tenter d’identifier les victimes. Mais si ce nombre est avéré, il s’agirait de l’un des plus importants massacres perpétrés en quelques mois au Burkina Faso, où les attaques sont quasi quotidiennes ces dernières semaines. Après l’espoir suscité par le putsch de l’armée fin janvier contre le président Kaboré, les critiques se multiplient contre le nouvel homme fort du pays, Paul-Henri Sandaogo Damiba.
Le Monde