Dans une quinzaine de jours, l’adhésion du Gabon au Commonwealth sera officialisée à Kigali au Rwanda où se tiendra à partir du 20 Juin 2022 la réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth en Anglais Commonwealth Heads of Government Meeting (CHOGM). Retour sur une ambition.
Ce sera à n’en point douter une grande première. Le Gabon, ancienne colonie française où la langue française constitue le trait d’union dans un pays où l’on parle plus d’une quarantaine de langues, va être admis officiellement au sein du Commonwealth l’organisation intergouvernementale regroupant 54 membres dont 52 appartenaient à l’empire britannique lors de La réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth (Commonwealth Heads of Government Meeting 2022) qui aura lieu du 20 au 25 Juin 2022 à Kigali au Rwanda.
L’inspiration rwandaise
Hasard de l’histoire, c’est au Rwanda d’où est partie l’idée de faire adhérer le Gabon au Commonwealth que se concrétisera cette adhésion. En effet, dès son arrivée à la tête du Gabon en 2009, Ali Bongo ne cache pas son admiration pour Paul Kagame, le président du Rwanda avec qui il se lie.
Le retour des socialistes au pouvoir en France en 2012 et les débuts assez froids entre le nouveau régime en France et lui, pousse Ali Bongo un peu plus dans les bras de son ami rwandais. Fin 2012, Ali Bongo décide de sauter le pas. Il annonce qu’il fera comme Paul Kagamé pour le Rwanda en faisant de l’anglais la deuxième langue officielle du Gabon avec à terme une adhésion au Commonwealth.
Plus facile à dire qu’à faire
Dès que l’annonce est faite, les autorités gabonaises se montrent enthousiastes : « Le Gabon souhaite regarder de près l’expérience rwandaise dans l’introduction du bilinguisme » déclare alors Alain Claude Bilie Bi Nzé porte-parole de la Présidence du Gabon avant d’ajouter « Pourquoi ne nous inspirerions-nous pas d’une telle expérience pour voir comment le Gabon, pays francophone, peut dans les prochaines années décider d’introduire l’anglais dans un premier temps comme langue de travail nécessaire (…) puis plus tard voir comment l’anglais peut devenir une seconde langue ».
Toutefois, le projet de faire de la langue anglaise la deuxième langue du Gabon ne dépassera jamais l’étape des discours.
Lobbying efficace
Mais l’essentiel est ailleurs. En se positionnant comme un champion de la préservation de l’environnement et grâce à un lobbying efficace de plusieurs « amis anglais » – notamment de Tony Blair – Ali Bongo est très apprécié à Londres où il est reçu souvent par le Prince Charles qu’il admire tant, lui qui partageait le rêve de son père de faire du Gabon une monarchie absolue dans le milieu des années 80.
Tout en ayant abandonné le projet complexe de faire de l’anglais la deuxième langue officielle du Gabon, Ali Bongo va relancer son projet de faire du Gabon le 55e pays membre du Commonwealth. Projet qui aboutira.
Soutien recherché de Londres.
Mais qu’on ne s’y trompe pas. Ce qu’Ali Bongo attend d’adhésion de son pays au Commonwealth est le soutien du monde anglophone – et du Royaume-Uni en tête – à son régime de son vivant, et même lorsqu’il aura disparu. Héritier d’un pouvoir sans partage, Ali Bongo entend bien le maintenir entre les mains de sa famille notamment de son fils Noureddine Bongo qui soit dit en passant a fait ses études en Angleterre.
Et tant pis si les Gabonais ne parlent pas tous couramment anglais…
mondafrique