Enquête sur l’assaut du Capitole : Donald Trump « au centre d’une tentative de coup d’État »

The image of the U.S Capitol is seen on video during the hearing of the U.S. House Select Committee to Investigate the January 6 Attack on the United States Capitol, on Capitol Hill in Washington, U.S., June 9, 2022. REUTERS/Jonathan Ernst

La commission parlementaire en charge de l’enquête sur l’assaut du Capitole par des partisans de Donald Trump, le 6 janvier 2021, a commencé à exposer ses conclusions jeudi soir. À l’aide de plusieurs témoignages et d’images inédites des violences de cette journée, les élus ont tenté de prouver l’existence d’une campagne délibérée pour renverser le résultat de la présidentielle de 2020.

L’assaut du Capitole a été la « point culminant d’une tentative de coup d’État »: un an et demi après cette journée qui a marqué l’Histoire, une commission d’enquête parlementaire a placé, jeudi 9 juin, Donald Trump au centre d’un « complot » visant à le maintenir au pouvoir.

Une foule déchaînée dans les couloirs du Congrès américain, des élus rampant au sol avec des masques à gaz… Les manifestants ont pris d’assaut le siège du Parlement après « les encouragements » de l’ancien président, a déclaré Bennie Thompson, le chef de la commission dite du « 6 janvier », en ouverture d’une série d’auditions censées prouver l’existence d’une campagne délibérée pour renverser le résultat de la présidentielle de 2020, remportée par Joe Biden.

« Le 6 janvier a été le point culminant d’une tentative de coup d’État », a affirmé Bennie Thompson. « Donald Trump était au centre de ce complot. »

Depuis près d’un an, ce groupe d’élus – sept démocrates et deux républicains – a entendu plus de 1 000 témoins, dont deux enfants de l’ancien président, et épluché 140 000 documents pour faire la lumière sur les faits et gestes précis de Donald Trump avant, pendant et après cet événement qui a fait trembler la démocratie américaine.

« Le président Trump a convoqué la foule, rassemblé la foule et allumé la mèche de cette attaque », a soutenu Liz Cheney, rare élue républicaine ayant accepté de siéger dans cette commission.

Vidéos inédites
Pour appuyer ses conclusions, la commission du « 6 janvier » a diffusé des images inédites des violences de cette froide journée d’hiver lors de laquelle des milliers de partisans de Donald Trump s’étaient réunis à Washington pour dénoncer le résultat de l’élection de 2020, qui avait vu perdre l’ex-magnat de l’immobilier.

Ces vidéos montrent des foules attaquant le siège du Congrès, appelant à « pendre » le vice-président Mike Pence, et un manifestant lisant des tweets de Donald Trump au mégaphone. « Ce n’était en rien une visite touristique au Capitole », a lancé Bennie Thompson, en allusion à ceux qui, chez les Républicains, ont brandi cet argument.

Superposées à certaines de ces images, un montage de Donald Trump qualifiant ces manifestants de « pacifiques » et assurant qu’il y a « de l’amour dans l’air ».

La commission a aussi reçu le témoignage d’une policière, Caroline Edwards, premier membre des forces de l’ordre à avoir été blessé par les émeutiers, comparant les abords du Capitole à « une zone de guerre ».

« Je glissais sur le sang des gens », « c’était un carnage, c’était le chaos », a témoigné la policière.

L’auteur de documentaire Nick Quested, dont l’équipe suivait la milice d’extrême droite des « Proud Boys » pendant l’assaut, a confié avoir été choqué par la « colère » qu’il a vue parmi les membres du groupe.

Les images ont été retransmises en direct par de nombreuses chaînes d’information en continu mais délaissées par les médias les plus conservateurs, nouvelle illustration de la profonde ligne de fracture politique divisant les États-Unis.

Une « chasse aux sorcières », selon Trump
Un an et demi après l’assaut du Capitole, des millions de partisans de Donald Trump restent convaincus que l’élection de 2020 fut entachée de fraudes, en dépit de nombreuses preuves attestant le contraire.

Le principal intéressé, Donald Trump, a une nouvelle fois fait l’éloge de cette journée jeudi, assurant que l’assaut du Capitole était le « plus grand mouvement de l’Histoire pour rendre à l’Amérique sa grandeur ».

À l’issue de l’audience de jeudi, celui qui qualifie cette enquête de « chasse aux sorcières » a accusé sur son réseau social Truth Social la commission parlementaire d’être biaisée et a réitéré ses allégations de fraude électorale.

Selon lui, la commission « refuse de présenter certains des très nombreux témoins et déclarations positifs ».

La commission parlementaire juge son travail essentiel afin de garantir que l’un des épisodes les plus sombres de l’Histoire américaine ne se répète jamais, malgré des menaces bien réelles. « Notre démocratie est toujours en danger. Le complot visant à contrer la volonté du peuple n’est pas terminé », a alerté Bennie Thompson.

L’enquête parlementaire fait donc face à un défi de taille, celui de présenter un récit et des preuves capables de capter l’attention du grand public et de le convaincre de l’importance de ses révélations.

Mais la majorité des Républicains rejettent ses travaux. Le chef des conservateurs à la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, désigne cette commission comme « la plus politique et la moins légitime de l’histoire des États-Unis ». Son parti a promis d’enterrer les travaux de cette commission s’il venait à prendre le contrôle de la Chambre lors des législatives de mi-mandat en novembre.

L’élue conservatrice Liz Cheney, devenue la bête noire de l’ancien président pour avoir été une des rares voix du Grand Old Party à oser ouvertement le critiquer, a lancé un message à ses collègues républicains : « Le jour viendra où Donald Trump partira, mais votre déshonneur restera. »

 AFP

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