Construire un monde de dialogue où règnent la paix, la concorde et le développement, c’est ce à quoi s’essaient les nombreuses personnalités et autres autorités étatiques de l’Afrique de la Méditerranée et de l’Europe du 9 au 11 juin à Tanger dans le nord du Maroc. Et ce ne sont pas les discours appelant à un monde sans haine qui ont manqué lors de ce conclave.
Les cultures et les civilisations se parlent. Et il faut assister à la Conférence internationale « Dialogue de Tanger’’ pour se rendre compte de cette situation. Cette rencontre, par le ministère des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des marocains résidant à l’étranger en partenariat avec le Projet Aladin et l’Alliance des civilisations des Nations-Unies (Unaoc), qui s’est tenue du 9 au 11 juin, est la preuve qu’un monde sans dialogue est une véritable impasse.
Les échanges, au cours de cet évènement dont le thème est ‘’Vers une nouvelle lumière’’, ont été centrés sur comment construire la paix à travers la culture, l’importance des facteurs économiques dans la dynamique des relations entre l’Occident et le monde islamique. Mais aussi des problématiques liées aux nouvelles technologies et au changement climatique en Afrique et au Moyen-Orient. De même que des perspectives au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, dans les courts et moyens termes.
Nasser Bourita, le chef de la diplomatie du Royaume chérifien, en présidant les travaux de cette conférence, n’a pas manqué de souligner la nécessité de l’Alliance des civilisations. Puisqu’à ses yeux, celle-ci demeure indispensable « à un moment si particulier de l’histoire où les certitudes bougent, où la géopolitique se réécrit, et où les causes à l’origine même de la création de l’Alliance connaissent une résurgence sans précédent». Cette dernière raison, d’après le mot du ministre des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des marocains résidant à l’étranger, fait que «le Maroc compte abriter cette année le 9ème Forum pour l’Alliance pour la première fois en Afrique». Ce qui pousse Nasser Bourita à se convaincre que «pour le Maroc, pays de la Commanderie des croyants, la religion doit être un rempart contre l’extrémisme et non son prétexte».
Nasser Bourita, pour qui «remettre les Lumières à l’ordre du contemporain» reste l’enjeu du conclave de Tanger, n’a pas manqué de justifier le choix porté sur la ’’Ville des étrangers’’ pour abriter la Conférence internationale «Dialogue de Tanger». «Entre deux continents, entre deux rives, entre deux mers, Tanger a toujours été le carrefour, le trait d’union. Elle a toujours gardé les yeux rivés sur l’horizon et l’âme ouverte à l’Autre», déclare encore Nasser Bourita.
Secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken s’est adressé à la Conférence internationale, dans un message vidéo projeté lors de la séance inaugurale, en saluant le gouvernement marocain et le projet Aladin pour leur rôle en faveur de «l’établissement de ponts entre les cultures et en matière de lutte contre toutes les formes de racisme et de fanatisme».
Le ministre américain des Affaires étrangères est d’avis que le «Dialogue de Tanger» revêt un caractère important en matière de renforcement de la compréhension entre l’Occident, les Etats-Unis et les pays du monde musulman y compris.
Pour parvenir à régler de nombreuses questions cruciales pour la région, créer des relations fortes entre l’Occident et le monde musulman peut constituer une “force agissante”. Ces questions ont pour noms : «le maintien de la paix dans les zones de conflits et le renforcement des opportunités économiques en vue de consolider les libertés pour les peuples de différentes confessions et faire face aux conséquences des changements climatiques y compris l’insécurité hydrique et alimentaire», au regard d’Antony Blinken. Ce dirigeant américain prône la mise en place de programmes et de politiques pouvant assurer le développement et aider à construire «un monde plus sûr, plus pacifique et plus prospère pour les nouvelles générations».
Présidente du Projet Aladin, Leah Pisar, a remercié le roi Mohammed 6 du Maroc pour son soutien à la Conférence internationale ‘’Dialogue de Tanger’’. Elle soutiendra devant l’assistance : «Nous sommes ici pour forger une nouvelle voie vers la lumière. Ce n’est pas une simple conférence, c’est un appel à l’action».
L’appel à la culture de la paix, la tolérance et l’acceptation des peuples dans leur diversité ont été les maître-mots du speech du président de la Commission de l’Union africaine (Ua), Moussa Fakhir Mahamat.
Réagissant au Prix Aladin du dialogue des civilisations, qui lui a été remis, le conseiller du roi Mohammed 6, André Azoulay, a indiqué : «Ce prix est remis à mon pays et à mon peuple».
Quant au Haut représentant de l’Alliance des civilisations des Nations-Unies (Unaoc), il considère Tanger comme « une capitale de la géopolitique (et) un carrefour de cultures et de civilisations». Miguel Angel Moratinos, faisant référence à l’Afrique, la Méditerranée et l’Europe (Ame) pour qualifier cette démarche du roi du Maroc, estime qu’«il faut trouver une nouvelle âme à notre action». «Notre défi, c’est la paix», conclut l’ancien chef de la diplomatie espagnole.
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