Zone de libre-échange continentale : la Tunisie étudie les opportunités

D’ici à 2035, la mise en ouvre de la Zlecaf (zone de libre-échange continentale africaine) pourrait quasiment doubler les exportations de la Tunisie vers le reste de l’Afrique. Mais encore faut-il que le pays trouve les voies et moyens d’atteindre ces objectifs. Ces derniers mois, les autorités tunisiennes, appuyées par l’Union européenne, ont entamé des discussions avec les parties prenantes, dont le secteur privé, pour développer une stratégie et relancer la croissance. L’objectif est d’identifier les avantages comparatifs qui permettraient au pays de mieux favoriser la diversification de son économie et le développement de chaînes de valeur locales. L’ambition est également d’améliorer la compétitivité mondiale de la Tunisie, tout en donnant un nouveau dynamisme à son intégration économique dans le commerce intra-africain. En effet, ces dernières années, le pays se tourne de plus en plus vers l’Afrique subsaharienne, grâce notamment à l’intense lobbying du secteur privé, et ce, d’autant plus que le savoir-faire tunisien est déjà reconnu dans un certain nombre de pays d’Afrique.

Un marché encore restreint
Cependant, encore aujourd’hui, l’Union européenne est la principale destination des exportations nationales tunisiennes, avec plus de 70 % contre environ 10,7 % à destination du continent africain en 2019. Parmi les exportations de la Tunisie à destination de l’Afrique, les trois quarts sont destinés à des pays de l’Union du Maghreb arabe (Libye, Algérie, Maroc et Mauritanie), suivis de l’Égypte (3,6 %), de la Côte d’Ivoire (3,48 %) et du Sénégal (2,88 %). « Une fois les aspects institutionnels parachevés, la Tunisie devra se focaliser sur le développement de l’infrastructure logistique via la simplification et la digitalisation des procédures à l’export et à l’import en plus de l’amélioration de l’état des routes terrestres et des connexions maritimes et aériennes et de l’efficacité des différentes chaînes logistiques », a estimé Slim Driss, consultant de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), lors d’un atelier à Tunis vendredi 10 juin.

De son côté, le directeur de la coopération avec l’Afrique au ministère tunisien du Commerce, Chaouki Jebali, a affirmé que la stratégie élaborée par le ministère du Commerce et du Développement des exportations, en collaboration avec la CEA, serait validée dans un délai de 15 jours, dans l’attente des recommandations des organismes publics et d’experts nationaux et internationaux concernant la douane, le transport, le commerce extérieur et le transit international, ainsi que des recommandations de la société civile et celles du secteur privé.

Des opportunités
Si le Maroc a pris plusieurs longueurs d’avance sur ses voisins maghrébins en partant à la conquête de l’Afrique via les visites d’État du roi Mohammed VI, la création de hubs aériens, bancaires, la Tunisie prend désormais acte du potentiel économique au sud de ses frontières. Selon les prévisions qui découlent de sa stratégie nationale autour de la Zlecaf, les exportations tunisiennes pourraient s’accroître de 70,5 % vers les pays du continent africain alors que la Tunisie a ratifié l’accord sur la Zlecaf ? plus grande zone de libre-échange au monde avec plus de 1,2 milliard de personnes et un PIB de plus de 2 500 milliards de dollars ? en juillet 2020. Les économistes estiment que la Zlecaf pourrait entraîner une augmentation de la valeur du commerce intra?africain de 15 à 25 %. Et, pour les experts réunis à Tunis, il existe un fort potentiel d’exportation de la Tunisie vers les marchés africains, notamment dans les secteurs agricole, agroalimentaire et industriel (industrie électrique, textile et habillement). Parmi les marchés potentiels prometteurs figurent l’Algérie, le Maroc et la Libye, l’Éthiopie, l’Égypte, le Sénégal et la Côte d’Ivoire. Pour rappel, la Tunisie, déjà membre du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (Comesa), a vu ses exportations bénéficier d’un accès en franchise de droits à 15 pays africains.

Actuellement, le pays fait face à plusieurs défis, notamment une faible croissance économique à 3,1 % en 2021, un endettement qui avoisine 85,6 % du PIB, une balance commerciale toujours déficitaire et un taux de chômage qui frôle la barre de 18,4 %.

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