C’était annoncé à grand bruit par le gouvernement britannique : le premier avion d’expulsion de migrants devait décoller ce mardi soir direction le Rwanda. Finalement, la Cour européenne des droits humains a obligé le charter à rester cloué au sol.
Le vol censé transporter des migrants du Royaume-Uni vers le Rwanda est annulé
C’est un revers humiliant pour le gouvernement britannique : malgré sa détermination à expulser des migrants vers le Rwanda pour dissuader les arrivées illégales au Royaume-Uni, le premier vol, prévu mardi soir, a été annulé à la suite de recours de dernière minute.
La Cour européenne des droits humains (CEDH) a accordé aux passagers de l’avion une suspension de leur obligation de quitter le territoire, explique notre correspondante à Londres, Emeline Vin. Une intervention quelques minutes avant le départ annoncé de l’avion, qui devait emmener des migrants arrivés illégalement en Grande-Bretagne, au Rwanda, pour qu’ils y demandent l’asile.
Les associations avaient déposé un recours lundi 13 juin, après l’échec de leurs possibilités au Royaume-Uni. Un par un, les passagers de l’avion sont donc sortis de l’avion – la CEDH recommande de n’expulser personne avant qu’elle n’examine la demande. Le pays reste dépendant de la Cour de Strasbourg, institution du conseil de l’Europe et non de l’Union européenne. « Dernier billet annulé. PERSONNE NE PART AU RWANDA », a tweeté l’association d’aide de soutien aux réfugiés Care4Calais qui avait annoncé de précédentes annulations d’expulsions.
Une déception pour le gouvernement britannique
Avec son projet d’envoyer des demandeurs d’asile arrivés clandestinement au Royaume-Uni dans ce pays d’Afrique de l’Est, à plus de 6 000 km de Londres, le gouvernement prétend freiner les traversées illégales de la Manche, qui ne cessent d’augmenter malgré ses promesses répétées de contrôler l’immigration depuis le Brexit.
Cette nouvelle politique migratoire du Royaume-Uni est critiquée depuis son annonce en avril. Les ONG accusent Londres de sous-traiter son système d’asile à un pays peu respectueux de ses minorités. Jusqu’à mardi soir, le gouvernement britannique promettait de faire décoller l’avion même avec un seul migrant à bord.
Priti Patel, la ministre de l’Intérieur, évoque sa « déception » et indique lancer dès ce mardi soir les préparatifs pour le prochain vol. « On ne nous découragera pas de faire ce qu’il faut et de mettre en œuvre nos plans pour contrôler les frontières de notre pays », a-t-elle ajouté. Ce projet, critiqué par l’ONU est très populaire au sein de l’électorat conservateur, alors que le Premier ministre Boris Johnson tente de restaurer son autorité après avoir échappé à un vote de défiance de son parti.
AFP