Rodrigue Cabral met le pied à l’étrier : Entrelacs ou la première d’un crack

Considéré comme un talent précoce avec un avenir radieux dans l’art, Rodrigue Cabral expose son travail à la galerie Kemboury jusqu’à la fin de la Biennale. La forme, le corps humain, le rythme sont parties intégrantes de son travail.

Il est logé dans la catégorie des cracks. Talent précoce, Rodrigue Cabral est attendu au tournant. A défaut d’opérer un renouvellement de la classe artistique, il doit, au minimum, avoir la carrière des Caroline Guèye et Babacar Mbaye Touré. Qui ont beaucoup fait avec l’étiquette de jeune talent. Les prédictions étant unanimes, l’ancien danseur met le pied à l’étrier. Pour sa première exposition, la galerie Kemboury lui a déroulé le tapis rouge. Tout le long de la Biennale, ses œuvres sont à découvrir dans cet espace qui a révélé tant de jeunes talents. «Une beauté pure !»

Répétée 3 fois de suite, cette phrase d’une galeriste soucieuse de vendre son artiste peut avoir des allures mercantiles, mais un bref tour du travail de Rodrigue Cabral ôte toute motivation commerciale à ces deux mots. Comme l’a si bien dit Massamba Mbaye, Rodrigue est un «jeune avec une maturité telle qu’on a l’impression qu’il est plus vieux que son âge». Lors de la cérémonie de vernissage d’Entrelacs à l’hôtel Terrou bi de Dakar, cette impression était la mieux partagée. Des formes humaines sur des couleurs assez parlantes, avec une volonté assumée de s’élever, les tableaux de Rodrigue Cabral ont tous cette situation en commun. «Il y a deux aspects fondamentaux dans mes recherches. C’est sortir la forme qui rappelle une fusion, une danse.

C’est plusieurs corps qui deviennent un. Il y a aussi le processus. C’est un ajout progressif d’une tache et d’une autre qui est différente mais similaire. A la fin, c’est un ensemble. C’est l’inconscient qui crée l’œuvre», résume Rodrigue Cabral devant des journalistes qui ont tous perçu cette fragilité dans le verbe qui caractérise les nouveaux talents. «Fasciné» par son sens du détail, la clarté de sa vision et son sens de la couleur et du trait, Massamba Mbaye, le commissaire de l’exposition, fait remarquer le choix de la peinture à huile pour un débutant. «Ce qui n’est pas évident. Il n’est pas dans l’abstraction colorée. Il a décidé de mettre des formes en musique. Ces formes renvoient aussi à son propre vécu. Il raconte sa vie pour que celle-ci soit une sorte de parabole qui mérite de l’attention», a affirmé le critique d’art.

Rodrigue Cabral, un talent précoce
Rodrigue Cabral est né à Dakar d’un père né au Sénégal et d’une mère qui a très tôt immigré dans le pays. D’origine cap-verdienne, il passe ses vingt-deux premières années à Dakar, entre les rues de la Sicap, de la Médina et du Plateau. Il a grandi dans le mouvement hip-hop et commence ses premières expériences artistiques à travers la danse en 2001 et au bout de quelques années, il ressent le besoin de s’exprimer de manière différente. A partir de 2006, il investit tout son temps hors de l’école, dans la musique, et commence à tenir des carnets de croquis. Le Baccalauréat en poche et après l’obtention d’un Dts en Génie civil, il décide d’entamer des études d’architecture à Paris.

Cette période correspond sans doute à celle où une toute autre vision de l’art et de la vie lui est apparue. Au bout de plus d’une année intense et troublante, il retourne en 2010 au Sénégal dans l’espoir de se retrouver. Il commence alors à jouer, pour un bref moment, dans un groupe musical comme bassiste/guitariste, avant de se consacrer entièrement à son travail d’assistant-architecte. Il y expérimente pour la première fois, en 2013, ce médium qu’est la peinture à l’huile.
lequotidien

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