Max Louarn n’a pas fini de susciter des migraines chez Nintendo et même au FBI.
Lorsqu’on pense “hacker”, on imagine souvent un troglodyte qui ne jure que par l’anonymat et fait son office le plus discrètement possible. Mais même cette discipline par définition assez obscure a ses stars, et Max “MAXiMiLiEN” Louarn en fait résolument partie. Cet Avignonnais, un hacker reconnu dans son domaine, est récemment revenu sur le devant de la scène quelques mois après l’arrestation de son collègue Gary Bowser (voir notre article).
Ce dernier officiait en tant que trésorier de Team Xecuter, un groupe de hackers qui s’est illustré en faisant sauter les protections de nombreuses consoles de jeux vidéo, et notamment certains appareils estampillés Nintendo.
Or, comme les amateurs de ROMs de vieux jeux ne le savent que trop bien, la firme nipponne mène une guerre sans merci à toutes les pratiques qui peuvent être assimilées à du piratage. Elle ne recule devant rien pour faire valoir ses droits d’auteur, quitte à aller chercher les contrevenants en République dominicaine pour les emprisonner et envoyer un “message fort”, comme ça a été le cas pour Bowser.
Un hacker au CV long comme le bras
Une situation qui pourrait inciter le reste de la bande à faire profil bas… mais ce n’est pas le cas de Louarn, qui a même raconté son histoire et expliqué sa philosophie dans un portrait très édifiant écrit par Luc Leroux pour Le Monde.
Il y relate ses débuts de petit prodige de l’informatique; avant de s’attaquer aux consoles modernes, il a fait ses armes sur le légendaire Commodore 64. Au fil de ses progrès, il a développé une philosophie qu’il qualifie volontiers de “rebelle”; il a fini par s’imposer comme l’un des moteurs du célèbre groupe PARADOX.
Il a donc fini par apparaître sur les radars de plusieurs acteurs mondiaux du numérique. D’après un article de 1995 du Nouvel Observateur, il a pris la poudre d’escampette en direction de Majorque, où il a passé quelques années avant d’être intercepté rattrapé par la patrouille lors d’une visite aux États-Unis; il a ainsi passé cinq ans incarcéré au pays de l’Oncle Sam.
Pas de mea culpa à l’horizon malgré la pression
Depuis, l’intéressé a connu quelques nouveaux déboires, notamment en Tanzanie en 2020. Il a fini par rentrer en France et vit désormais à Avignon… et à l’entendre, il est toujours dans le collimateur de Nintendo. “Ils me détestent”, affirme-t-il au Monde. “Je parie qu’à Tokyo, ils ont affiché ma photo dans leurs bureaux”, plaisante-t-il.
Le gouvernement américain ne l’a pas non plus oublié. D’après Eurogamer, lors du procès de Gary Bowser, le juge a spécifiquement mentionné Louarnen précisant que son rôle dans l’affaire justifierait pleinement une peine de prison “à deux chiffres”. Le Monde insiste également sur le fait que le FBI s’intéresse à lui depuis une trentaine d’années.
Malgré tout, pas question de faire acte de contrition. “Max” continue de défendre ses idéaux bec et ongle, avec notamment une saillie aux airs de manifeste politique. “Voler des sociétés qui font des milliards, qu’est-ce que j’en ai à faire ?”, explique-t-il dans les colonnes du Monde. Reste à voir comment finira ce jeu du chat et de la souris entre de puissantes institutions et un trublion haut en couleur qui n’est pas prêt de faire son mea culpa.
TorrentFreak